Commençons par le commencement : la voiture. Elle a beau être japonaise, elle n’en est pas moins automatique, comme la majorité des voitures en circulation ici. Cela ne veut absolument pas dire qu’elle fait les créneaux comme une grande, ni qu’elle grillerait le pain ou se prendrait pour une cafetière les matins de grands frimas. Non, Madame passe ses vitesses toute seule. Super. Jamais conduit une automatique moi. D’ailleurs, la première fois que j’en ai vu une, j’ai cru qu’ils avaient remplacé les chiffres par des lettres, c’est dire.
Alors je ne pense pas que vous vous rendiez bien compte de la situation mais c’est toute une éducation à refaire. Il faut que mon pied gauche, qui a toujours eu un côté tête brûlée je dois le reconnaître, comprenne qu’il n’a rien à faire, qu’il est tout à fait inutile de se précipiter sur une pédale qui n’existe même pas. A force de m’entraîner tous les samedis sur le parking de l’Elementary School d’à côté je pensais que ça finirait par rentrer mais non, rien à faire. Tant que j’y suis, j’ai aussi un petit compte à régler avec ma main droite. Si elle voulait bien cesser de chercher à ramener le boîtier de vitesses au point mort car, rappelons-le, il n’existe pas non plus, cela m’éviterait de ressembler à une toquée incapable de se maîtriser, merci.
Mais tout cela n’est rien car j’ai la folie de croire que l’examinateur, dans son immense sagesse, saura pardonner à mon pied sa gigue entêtée. Non, le pire c’est l’exercice imposé du créneau. Si je le rate ce maudis créneau ce ne sera pourtant pas faute de l’avoir révisé sur le parking de ladite Elementary School où je m’attends d’ailleurs chaque week-end à trouver des spectateurs munis de pop-corn, attirés par mon animation gratuite mais néanmoins stupéfiante – il faut aimer les films français, ceux où la caméra bouge peu et où il ne se dit pas grand chose parce que ma maxime quand je me gare c’est « petite vitesse et grande lenteur ». Je révise donc. Justin me place des cartons en guise de plots et c’est parti pour la franche rigolade ponctuée de « aïe, j’ai pas tourné dans le bon sens… c’est pas grave je ressors et je recommence (genre sûre de soi et pas paniquée)… heu, mon cœur ? Faut que je tourne vers où pour ressortir ? » Ou alors ça part bien, super bien même, ça ressemble à un créneau plié en deux, trois manoeuvres max et puis tout à coup « Quoi contre-braque ? Mais c’est ce que je fais ! Quoi plus vite ? Mais je peux pas… ah ben je viens de toucher le carton… oui, je sais que j’ai pas le droit le jour de l’examen ! Non, je ne crie pas ! ».
Et on ne rit pas car ce n’est pas toujours de ma faute. Oui, outre mon astigmatie qui me complique un peu la tâche, cette voiture a un capot coupé en biseau. Vous ne visualisez peut-être pas bien mais moi, derrière mon volant, je me gare toujours le nez qui pointe trop vers l’extérieur alors qu’il faut que je sois parallèle au trottoir sinon adieu permis. Et je ne veux pas entendre que puisque je le sais, je n’ai qu’à corriger de moi-même… je fais ce que je peux mais cette voiture est fourbe et des fois son capot est plus droit que d’habitude. (Je viens de relire la dernière phrase et il me semble utile de préciser que ces exercices d’entraînement ont toujours lieu avant l’apéro).
Je vous épargne la révision du code, assortie de découvertes fascinantes comme l’interdiction d’entrer dans une rue si un camion de pompier s’y trouve… oui c’était votre chemin et maintenant vous êtes perdus à cause des deux sens interdits qui vous ont fait tournicoter. Et bien tant pis pour vous, z’aviez qu’à avoir un GPS.
Allez, après des heures de révisions et d’entraînement, il était temps d’y aller. Après consultation des astres et de quelques entrailles de dindes épargnées par Thanksgiving, le jour le plus propice a été décidé. Jeudi dernier ce serait.
A suivre
1 commentaire:
J'ai hâte de connaître la suite ...
Je ne doute pas que tu réussisses ton examen.
En tout cas, tes "messages" sont très intéressants et j'y vais souvent pour avoir de vos nouvelles.
Biz
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