lundi, novembre 21

Va voir dehors si j'y suis


Je viens mettre du baume au cœur à toutes celles et ceux qui chaque jour ronchonnent un « Déjà ? » agacé en mettant le nez dehors vers 17h.  

Oui mes amis, le système solaire est têtu, rien ne contrarie les solstices et le soleil se moque des heures sup’. On passe de l’aube au crépuscule le temps de boire un café, la grippe et la gastro arrivent, ça fait déjà un mois que je reçois 3 catalogues de jouets par jour, l’air empeste la cannelle et fiston est en dépression pré calendrier de l’Avent, persuadé que Noël est déjà passé et qu’on l’a spolié. 
Et dans un mois ce sera pire, nuit à quoi ? 16h. J’en viendrais à me demander si rester en pyj n’est pas plus rationnel, vu le temps et l’énergie nécessaires à faire habiller un fiston que la perspective d’un sticker récompensant sa rapidité d’exécution ne fonctionne que les jours d’école, quand il peut fanfaronner auprès des copines « Look I have a sticker for je habillé myself tout seul ». 
 Mais l’école ce n’est que 3 matins par semaine dans le meilleur des cas, ce qui fait que, attention règle de 3 mon amie, heu 3 sur 7, je retiens 22 et je divise par 360, ce qui fait donc que 4 matins sur 7 il n’a aucune motivation à se magner, il traîne, m’écoute râler, retrouve in extremis l’instinct qui lui fait enfiler une chaussette, avant de retomber en contemplation devant un lego qui exige toute son attention. Quant à mouflette, elle se barre les fesses à l’air, se dandine en rigolant et se tortille dès qu’une couche fait mine de s’approcher. Elle a été championne d’URSS de lutte gréco-romaine dans une vie antérieure et, croyez-moi, elle a de beaux restes.
Alors ces jours là, pourquoi insister, après tout pourquoi s’habiller ? 

C’est vrai, les activités extrascolaires sont suspendues jusqu’en janvier parce que ça ne marche pas à l’année ces trucs-là par ici. Il fait froid, même que des fois il pleut et que bientôt il va neiger, alors à quoi bon ?
Oui, mais il faut malgré tout s’énerver sur l’enfilage des chaussures qui ne veulent pas passer le talon, farcir deux lardons dans des manteaux trop chauds pour la maison et donc, comme l’éclair, sortir la poussette, se souvenir qu’on a oublié un truc à boulotter et les bonnets, entendre sa voix devenir un poil cassante quand on explique à l’un que les lunettes de soleil c’est non et que c’est pas la peine de se mettre à hululer comme un hibou dépressif, et à l’autre que si elle continue à planquer son pouce dans la paume de sa main en se bidonnant, elle aura connu des enfilages de moufles plus respectueux de sa personne, se dire que la prochaine fois on met les manteaux dehors, et, enfin prêts à partir et commençant à vous décerner quelques lauriers pour votre gestion de la situation, entendre mouflette déclarer « petit pet gros caca » et comprendre que ce n'est pas du second degré.
Oui, malgré tout ça, et même si il vous faut deux heures pour vous en remettre, vous sortirez quand même.
Parce que sinon c’est Halloween à tous les étages, gnomes trépignant, monstres déchaînés, cris stridents et claquements de portes.
Parce que l’air frais va vous calmer, les rendre silencieux le temps d’un trajet au parc et que même si il faut les laisser se tremper de boue en sautant dans les flaques, un peu de calme et d’amour sur Terre c’est toujours ça de pris.

Cabin fever. Voilà comment ça s’appelle ici. L’enfermement avec enfants pour cause de il ne fait pas beau ou on a rien à faire est nuisible pour la santé mentale de l’adulte.

Et parce que l’hiver va être long et qu’il faut aussi penser aux moments passés dedans, je propose qu’il y ait une fonction « lecture aléatoire » obligatoire sur les DVD pour enfants, ça permettrait d’échapper aux « Oh non, Maman, mais on voit toujours les mêmes épisodes, moi je veux celui de la fin et puis après celui du milieu », et qu’à moins de rester avec eux, à sentir son cerveau mourir un peu plus à chaque épisode de Mimi, ben oui, c’est toujours dans le même ordre et on arrive jamais à ceux de la fin parce qu’1h10 de Mimi la p’tite souriiiiiiis même eux demandent grâce.
Et qu’ensuite la répétition des génériques soit supprimée parce que se retrouver à fredonner Cou-cou c’est toi mon copain, Petit Ours Brun toutes les 3 minutes ça doit s’apparenter à de la torture mentale et être sanctionné par les Conventions de Genève. 

Mais hauts les cœurs, l’heure est à la dinde, aux achats compulsifs et aux foules hystériques du Black Friday, ça c’est de la sortie qui vous fait apprécier les flaques de boue.