Voilà des jours que je presse mon ciboulot pour mettre au point une définition du Monde du dessous, une description claire et nette, deux-trois phrases limpides qui tailleraient si bien le costume de cette mère underground que vous vous seriez exclamé "Ah, mais j'en connais, oh, en fait c'est moi", mais comme je cherche encore et que je me vois mal mettre ce blog en veilleuse jusqu'à la Trinité en attendant que la clarté frappe mes méninges fatiguées par un hiver qui a trop duré y'en a marre, le printemps c'est quand il veut, et parce qu'essayer de noyer le poisson ça fait rigoler cinq minutes mais pas plus, tant pis, je me jette dans la fosse aux concepts tout pourris qui tiennent pas la route.
Pour vous donner quand même une idée, je dirais que le Monde du dessous rassemble les parias du playground, celles qui sont un peu à côté de la plaque d'une manière ou d'une autre.
Présenté comme ça, vous vous sentez immédiatement concerné, non ?
Et pourtant, je suis une mère du Monde du dessous.
Voilà, maintenant que j'ai fait mon coming out, ça va détendre l'atmosphère.
"Oh mais non, pas toi, tu es trop… enfin, t'es pas assez…"
Et pourtant si, voyez plutôt.
Je suis étrangère et je parle pas pareil que les autres à mon enfant.
Pour les unes, je suis trop élégante pour un mardi matin au parc du coin, entendez que j'ai fait l'effort de virer mon bas de pyjama et que j'ai même mis un pantalon non molletonné et prévu pour être porté à l'extérieur de chez soi, alors que pour les autres je suis un affront sur pattes à Oscar de la Renta.
En général, je n'emporte pas de nourriture pour une heure de toboggan à cinq minutes à pieds du frigo parce que dans mon pays on est convaincu qu'un enfant peut survivre jusqu'à 3, voire 4 heures sans nourriture.
Je suis capable de me fâcher, de dire non et de ne pas céder à un bon gros caprice, ignorant les roulements de fiston au sol et les regards choqués des Perfect Mums alentour, ce qui suffit déjà en soi à m'exclure de cette dernière catégorie.
Dans le Monde du dessous, il y a aussi celles qui sont un peu baba aux entournures, bandana dans les cheveux et pied nu en hiver dans leurs sabots fourrés. On se dit qu'elles ont raison de ne pas se prendre la tête, vieille salopette deux fois trop large et taches de compote sur le tee-shirt, mais leur coolattitude ne résiste pas à l'arrivée de quelques Barbies girls.
Pour vous donner quand même une idée, je dirais que le Monde du dessous rassemble les parias du playground, celles qui sont un peu à côté de la plaque d'une manière ou d'une autre.
Présenté comme ça, vous vous sentez immédiatement concerné, non ?
Et pourtant, je suis une mère du Monde du dessous.
Voilà, maintenant que j'ai fait mon coming out, ça va détendre l'atmosphère.
"Oh mais non, pas toi, tu es trop… enfin, t'es pas assez…"
Et pourtant si, voyez plutôt.
Je suis étrangère et je parle pas pareil que les autres à mon enfant.
Pour les unes, je suis trop élégante pour un mardi matin au parc du coin, entendez que j'ai fait l'effort de virer mon bas de pyjama et que j'ai même mis un pantalon non molletonné et prévu pour être porté à l'extérieur de chez soi, alors que pour les autres je suis un affront sur pattes à Oscar de la Renta.
En général, je n'emporte pas de nourriture pour une heure de toboggan à cinq minutes à pieds du frigo parce que dans mon pays on est convaincu qu'un enfant peut survivre jusqu'à 3, voire 4 heures sans nourriture.
Je suis capable de me fâcher, de dire non et de ne pas céder à un bon gros caprice, ignorant les roulements de fiston au sol et les regards choqués des Perfect Mums alentour, ce qui suffit déjà en soi à m'exclure de cette dernière catégorie.
Dans le Monde du dessous, il y a aussi celles qui sont un peu baba aux entournures, bandana dans les cheveux et pied nu en hiver dans leurs sabots fourrés. On se dit qu'elles ont raison de ne pas se prendre la tête, vieille salopette deux fois trop large et taches de compote sur le tee-shirt, mais leur coolattitude ne résiste pas à l'arrivée de quelques Barbies girls.
On la voit alors s'approcher du cercle pour tenter un "Hi Kirstie, hi Jen !", donnant à entendre aux autres nullasses comme moi qu'elle, au moins, connaît leurs prénoms. Son bonjour ne récolte jamais plus qu'un regard lointain et à ce moment la baba revit ses années lycée, ses tentatives pataudes à copiner avec ces filles trop populaires pour accepter quelqu'un de pas assez comme elles.
Mais ce qui est encore plus pathétique que ces atermoiements d'une trentenaire mal habillée qui rêverait de luncher avec Barbie, c'est quand la fille de la baba, appelons-la C., se fait pousser sur l'escalier du grand toboggan par Skipper, la fille d'une des Barbies ici présente.
C. fait comme on lui a appris et demande à l'autre fille de s'excuser en lui disant qu'elle lui a fait mal.
Skipper fait comme sa mère et ne tourne même pas la tête, dégringole le toboggan et repart dans l'escalier.
C. redemande à Skipper de lui présenter ses excuses, parce qu'elle lui a fait vraiment mal, ou peur, bref.
Skipper s'en tape le coquillard et part ailleurs avec ses amis.
C. se tourne vers sa mère et lui demande, en pleurant, d'obliger Skipper à lui demander pardon.
La baba se retrouve alors bien dans la mouise puisqu'il est hors de question qu'elle se mette à courir après Skipper, la seule chose à faire en pareille circonstances étant de s'adresser aux parents. Or, la baba sait parfaitement qu'elle ne peut pas interrompre le cercle pour un truc de ce genre, elle qui travaille si fort à ce qu'un jour une des filles lui réponde enfin.
Que faire ?
C. pousse sa mère à intervenir, de plus en plus fort, et deux têtes du cercle viennent de se tourner pour voir qui peut bien être aussi nuisible à leurs tympans délicats.
Que faire ?
La baba traîne sa fille hurlante à l'autre bout du parc pour la consoler dans un coin et lui expliquer que Skipper ne s'est pas rendue compte de l'accident et que donc elle ne peut pas lui demander de dire "I'm sorry".
Dans le Monde du dessous, il y a aussi celles qui sont juste bizarres, pas nettes, un peu fêlées.
Celles qui font de la balancelle avec leur fille de six ans en mettant tout leur poids dans le mouvement et en hurlant, hystériques, "Out of controoool !", jusqu'à ce que leur fille terrifiée soit éjectée en vrac deux mètres plus loin.
Celles qui vous voient tous les jours et demandent, tous les jours, l'âge de fiston.
Celles qui viennent au parc avec leur fils de 4 ans qui a des difficultés de concentration et qui vous expliquent, faux fusil de chasse hyper réaliste cassé en deux et cartouches à la main, que viser la cible électronique posée au pied d'un arbre n'a rien d'un jeu pour sa famille, c'est un exercice scolaire.
Le Monde du dessous abrite aussi les décalées, celles qui à 40 piges s'habillent et se coiffent comme leurs mères de 75.
Celles qui s'improvisent instits et épèlent tout ce qu'elles disent à longueur de journées : "Oh, regarde le e-c-u-r-e-u-i-l, il est en train de m-o-u-r-i-r ".
Celles qui ne parlent que sous forme de questions : "Est-ce qu'il y a quelque chose de mieux qu'un peu de lait quand on a soif, hein Johnny ? Tu t'amuses bien Johnny ? On va bientôt y aller, okay Johnny ?"
Celles qui ajoutent un peu de vodka ou de rhum dans leur thermos de café pour se donner du courage.
Celles qui seraient perdues sans leurs anti-dépresseurs.
Celles qui mangent le goûter de leurs enfants en douce parce qu'elles ont la dalle, oh non ça c'est mal.
Nous toutes avons bien de la chance parce que les Perfects Mums disent bonjour au Monde du dessous, elles, mais c'est normal, elles sont parfaites.
Allez, un peu de patience et vous saurez ce qui les rend si parfaites.
Mais ce qui est encore plus pathétique que ces atermoiements d'une trentenaire mal habillée qui rêverait de luncher avec Barbie, c'est quand la fille de la baba, appelons-la C., se fait pousser sur l'escalier du grand toboggan par Skipper, la fille d'une des Barbies ici présente.
C. fait comme on lui a appris et demande à l'autre fille de s'excuser en lui disant qu'elle lui a fait mal.
Skipper fait comme sa mère et ne tourne même pas la tête, dégringole le toboggan et repart dans l'escalier.
C. redemande à Skipper de lui présenter ses excuses, parce qu'elle lui a fait vraiment mal, ou peur, bref.
Skipper s'en tape le coquillard et part ailleurs avec ses amis.
C. se tourne vers sa mère et lui demande, en pleurant, d'obliger Skipper à lui demander pardon.
La baba se retrouve alors bien dans la mouise puisqu'il est hors de question qu'elle se mette à courir après Skipper, la seule chose à faire en pareille circonstances étant de s'adresser aux parents. Or, la baba sait parfaitement qu'elle ne peut pas interrompre le cercle pour un truc de ce genre, elle qui travaille si fort à ce qu'un jour une des filles lui réponde enfin.
Que faire ?
C. pousse sa mère à intervenir, de plus en plus fort, et deux têtes du cercle viennent de se tourner pour voir qui peut bien être aussi nuisible à leurs tympans délicats.
Que faire ?
La baba traîne sa fille hurlante à l'autre bout du parc pour la consoler dans un coin et lui expliquer que Skipper ne s'est pas rendue compte de l'accident et que donc elle ne peut pas lui demander de dire "I'm sorry".
Dans le Monde du dessous, il y a aussi celles qui sont juste bizarres, pas nettes, un peu fêlées.
Celles qui font de la balancelle avec leur fille de six ans en mettant tout leur poids dans le mouvement et en hurlant, hystériques, "Out of controoool !", jusqu'à ce que leur fille terrifiée soit éjectée en vrac deux mètres plus loin.
Celles qui vous voient tous les jours et demandent, tous les jours, l'âge de fiston.
Celles qui viennent au parc avec leur fils de 4 ans qui a des difficultés de concentration et qui vous expliquent, faux fusil de chasse hyper réaliste cassé en deux et cartouches à la main, que viser la cible électronique posée au pied d'un arbre n'a rien d'un jeu pour sa famille, c'est un exercice scolaire.
Le Monde du dessous abrite aussi les décalées, celles qui à 40 piges s'habillent et se coiffent comme leurs mères de 75.
Celles qui s'improvisent instits et épèlent tout ce qu'elles disent à longueur de journées : "Oh, regarde le e-c-u-r-e-u-i-l, il est en train de m-o-u-r-i-r ".
Celles qui ne parlent que sous forme de questions : "Est-ce qu'il y a quelque chose de mieux qu'un peu de lait quand on a soif, hein Johnny ? Tu t'amuses bien Johnny ? On va bientôt y aller, okay Johnny ?"
Celles qui ajoutent un peu de vodka ou de rhum dans leur thermos de café pour se donner du courage.
Celles qui seraient perdues sans leurs anti-dépresseurs.
Celles qui mangent le goûter de leurs enfants en douce parce qu'elles ont la dalle, oh non ça c'est mal.
Nous toutes avons bien de la chance parce que les Perfects Mums disent bonjour au Monde du dessous, elles, mais c'est normal, elles sont parfaites.
Allez, un peu de patience et vous saurez ce qui les rend si parfaites.