mercredi, mai 19

Adios muchachos


Quoi ? Non ! Déjà ?

Eh oui.

Dernier jour d'école, après c'est le désert des Tartares jusqu'à mi-septembre.

Mais on n'est pas chez Patriiiiick, on va pas s'quitter comme ça, comme des cons dans l'café d'en bas. D'abord, parce que de 1, on ne dit pas dans l'café mais au Starbuck et, ensuite, parce que de 2, on n'a peut-être pas de vraies majorettes mais on a des parades, oui Môôôssieur, alors on n'allait pas se priver.


Les parents des deux petites classes, réunies pour l'occasion, étaient invités à se présenter pour la dernière heure dans la grande salle qui sert de mini gymnase quand il fait pourri et froid comme en ce moment. On s'est donc installés, un peu hébétés d'en être arrivés là si vite, on s'est remonté le moral "T'as pas de centre aéré ? Mais comment tu vas faire ?", on s'est rassuré comme on pouvait "Ah… J'croyais que le tien était encore en couches", on s'est promis de s'envoyer des e-cartes postales de vacances et d'organiser des tas de goûters-pique-niques-playdate-wine&cheese parce que nos enfants s'adorent et vont pleurer tous les soirs à l'idée de ne peut-être plus jamais se revoir.


Puis la musique s'est mise en route, un truc punchy avec une histoire de Teddy Bear, très approprié puisque nos écoliers sont arrivés, trainant leur peluche préférée dans une boîte à chaussure peinturlurée en classe. Fiston était évidemment le seul à promener un singe rose à cœurs fuchsia et la dame à côté de moi a cru qu'il n'avait pas voulu prendre son vrai doudou parce qu'il avait peur de le perdre.

Tous les parents ont dégainé leurs appareils et caméras, l'un pour le père, l'autre pour la mère puisque la plupart avaient pris une journée de congé pour assister à l'évènement, c'est bien le moins, et les enfants ont fait leur entrée sous une pluie de flashs tellement aveuglante que le tapis rouge de Cannes à côté, c'est soirée Village People au caravaning de la Tranche.

Après quelques lâchages nerveux dus à une trop grande pression médiatique, ils ont paradé comme il faut tout autour de la grande salle et fait coucou de la main au bon moment.


Voilà.

Quoi ? Non ! Déjà ?

Mais noooon.

Maintenant c'est snack, et là, attention. Deux classes réunies et dernier jour pour exposer ses talents de décoratrice, ça donne quoi ?

Un concours de cupcakes.

Des verts avec ombrelles chinoises.

Des bleus avec, plantés sur le dessus, des petits sablés en forme de nounours.

Des roses montés en pyramide, elle-même recouverte de glaçage rose et de confettis en sucre.

Des qui étaient insérés dans de petits cornets de glace, pour faire comme une boule.

Des blancs avec l'année scolaire marquée dessus, ça fait un souvenir, des fois que vous vouliez en garder un par an jusqu'à son bac.


Heureusement, pour l'équilibre alimentaire, y'avait des chips.




lundi, mai 10

C'est pas d'ma faute, un ours a mangé mes devoirs



Allez, après tout le foin fait cette année autour de l'anniversaire de fiston, je vous dois bien l'épilogue.


Imaginez-vous, vendredi soir 22h30, veille de la petite sauterie.

Comme je me cherche une occupation, je me dis "Tiens, fais donc 2 gâteaux supplémentaires pour demain". Et voilà donc le premier qui sort du four, hum, ça sent bon, il est au chocolat de France, gardé tout spécialement pour l'occasion, c'est dire son prix.

Comme je n'ai pas très envie d'y passer la nuit, je le mets dehors pour qu'il refroidisse plus vite, pour pouvoir le démouler sans le faire imploser, ce qui serait dommage puisque c'est lui qui a été voté porteur de bougies.

Il refroidit tranquillement sous le petit porche attenant à la cuisine, pendant que je m'affaire à terminer son petit frère.

Machinalement, je lance un regard sur ma droite, vers le jardin, que je vois à travers la porte fenêtre donnant sur le petit porche en question.


Là, mon sang se glace, je lâche le paquet de farine, je crie "Nooooon !!!!!!!", et terrorise Justin qui pense qu'un serial killer vient de traverser la pelouse un couteau entre les dents et quelques cadavres sous le bras, je m'élance en faisant de grands gestes.

Mais il est trop tard.

Je croise Chesapeake, qui rentre ventre à terre, tellement terrifié qu'il en a même oublié de mettre sa queue en position plumeau.

Je m'agenouille près de la victime et ne peux que constater l'étendue des dégâts, les traces de blessures sont très nettes.


Un opossum a niaqué mon fondant au chocolat français, l'#$%gdbj*!!

Nerveusement ça a été très dur.

On a aussitôt monté une cellule de crise, pour prendre les bonnes décisions:

[Les dialogues qui vont suivre ont été floutés, afin de préserver l'anonymat des acteurs en présence.]

- "Alors, on le jette ?"

- "Imagine que les enfants tombent malades, on peut pas le servir".

- "Et si on découpe autour ?"

- "En disant rien ?"
- "Non ?"

- "C'est dégueulasse quand même un opossum, ça ressemble à un rat, tu mangerais de la bave de rat ?"

- "Mais non, ça vit dans les arbres, ça n'a rien à voir. Je peux le manger sans problème".

- "En même temps c'est blogable comme histoire."

- "Rires"

- "Sauf si on sert le gâteau, là faut rien dire".


Il a donc été décidé de ne pas servir le gâteau et d'en refaire un le lendemain matin, car ce n'est pas tous les jours qu'on a une bonne histoire à raconter sur ce blog.


Depuis, on s'intoxique à la bave d'opossum en comité restreint, car il ne sera pas dit qu'on fiche en l'air du Nestlé dessert.


Et puis pour les citadins que vous êtes, je vous mets la tronche que ça a, un opossum.

Le voilà, il y a un an pile:



Et puis, comme c'est aujourd'hui, le D-Day, Happy birthday fiston!

mercredi, mai 5

Thème le rayé?


J’ai frôlé l'impair majeur dans le domaine de la festivité anniversale, ma réputation ne s’en serait jamais remise, je la connais, elle est très sourcilleuse. Et vous, qui me laissiez me dépêtrer avec mes histoires de gatal et de goûter d’anniv sans rien dire, non mais je vous jure.


Plusieurs indices avaient bien essayé de me mettre sur la voie, mais moi pas comprendre.

L’invitation à l’anniversaire de la copine de classe de fiston, le papelard immonde estampillé « Disney Princess » en caractères gothiques rose bombec, et l’annonce du thème qui va avec pour la sauterie – déco et déguisements de rigueur -, m’avaient mis une puce dans l’oreille, mais pas plus.

C’est plus tard que j’ai définitivement percuté, quand plusieurs Perfect Mums s’extasiant à propos de l’anniv imminent d’un fiston qui répète « I’m almost three » en boucle depuis une bonne semaine, m’ont demandé, toutes excitées, « And what’s your theme this year ? »


Un thème ?!

Aaahhh ! C’est pour ça que tout est coordonné dans les magasins, invitations et cartes de remerciement, nappes en plastoque, serviettes et chapeaux pointus, assiettes pour manger, assiettes pour présenter, assiettes pour préparer, verres d’un demi-litre, boîtes pour remporter son cupcake à peine entamé et sachets pour y glisser les cadeaux des invités. Moi je croyais que c’était pour avoir le choix.

Noooon ? On est censé tout acheter dans son thème ?


Alors, alors ?

Spiderman ? J’suis arachnophobe et je dois prendre vachement sur moi pour ne pas déménager dès que fiston me signale une araignée.

Winnie l’ourson obèse ? J’ai appris à l’école que non, c’est pas pour les 3 ans, ils sont trop grands.

Cars ? C’est kouâââ ?

Thomas le train ? Ça a déjà été fait et je ne veux pas passer pour une copieuse, non mais dis, on a sa fierté.

J’ai vite compris, après un bon quart d’heure plantée devant le linéaire d’une trentaine de mètres, qu’en dehors de Disney ou Pixar, point de salut, ce qui finalement m’arrangeait bien, vu les prix pratiqués. Ce n’est pas tout ça, mais comment je fais, après, pour payer les lycéens que j’espère convaincre d’entrer dans des déguisements Tortue Ninja, par 30°C à l’ombre ?


Voilà où en était ma réflexion, et je commençais à le sentir super mal. Pas d’idée à 6 jours de l’événement, ça sentait l’anniv tout pouilleux, la honte au playground, l’ostracisme dans le quartier. Aucun animateur-chanteur-magicien-hommeàtoutfaire-jardinier n’ayant daigné répondre à mon offre d'emploi temporaire, sans thème à se mettre sous la dent, c’était se moquer du bon peuple et j’en étais presque à vouloir tout annuler.


Mais « A tout problème, sa solution », proclame l’Almanach Vermot, page 127 de l’année dernière, et, forte de cet encouragement, je suis partie pour une petite virée en famille chez Ikea. En fait, c’était notre second dimanche de pèlerinage consécutif et Justin faisait des blagues sur le fait qu’on devrait peindre des flèches sur notre parquet, pour reconstituer le parcours du magasin, vu qu’on a à peu près toute la panoplie de la maison nordique en kit.


Je suis sortie de l’ascenseur qui s’ouvrait sur le libre-service, le lieu de perdition de toute ménagère à l’affut de torchons assortis à son papier peint vintage ou de serviettes en papier pas du tout écologiques mais tellement de bonne qualité et pas chères que, si ça se trouve, on peut les laver et les réutiliser. Et c'est là, à peine au début de ce difficile parcours fait de tentations et de renoncements, sous les « Mais t’en as déjà plein » « Ah non, on avait dit qu’on levait le pied sur les bougeoirs » « Je vais pas me battre avec toi pour ça, mais bon… » « Allez, on avance là », j’ai vu la solution à mon problème.


Des verres en carton, avec assiettes assorties et serviettes en papier à peu près dans l’idée. Il y avait aussi des assiettes de service et de jolis plateaux mais cf « Je vais pas me battre avec toi pour ça, mais bon… », J’ai renoncé. Le tout, rayé blanc et vert, aucun rapport avec enfant/anniversaire/fête/bougies/ballons mais, à 6 jours du D-Day, on fait des concessions avec les studios Universal et on se rappelle ce que Vermot dit à la page 73, « Aux grands maux, les grands remèdes », à moins que ça ne soit « Qui trop embrasse manque le train ».


Depuis, j’ai réalisé que si ces rayures me paraissent familières, c’est qu’on a une petite housse de couette comme ça, de l’époque où Justin était jeune et roulait à mobylette.

Donc, maintenant j’ai une nappe assortie à la vaisselle, si c’est pas thématique ça.


mardi, mai 4

On va avoir des ennuis


Quand j’ai lu les premières lignes, , ça m’a fait sourire jaune.

Oui, ici aussi fiston parle. De mieux en mieux même.

Et il connait bien toutes ses couleurs, en français, comme en anglais.

Et il sait montrer du doigt.


Ça nous donne, doigt bien pointé :

« Mamaaan, il est noir le pitit gaçon »

« Ben oui. Arrête de montrer du doigt, tu vas nous faire repérer. »

« Mamaan ! He’s black ! Boy black Mamaaan ! »

"Oui oui, son père fait deux mètres et nous regarde, si on changeait de sujet ? »


Semaine suivante. Le vocabulaire s’élargit, et fiston apprend les formes et les volumes.

« Mamaaan, elle est gwosse la dame. »

« Et non francophone j’espère.»

« Pourquoi elle est gwosse la dame, Maman ? »

« … » Je cherche, je cherche.

« Là, làààà, Maman, la dame ! Enooowme ».


Et, il y a quelques jours, alors que je me pensais à l'abri de ma maison et, donc, libre de planquer mes cheveux sales et plats sous un bandeau moche acheté tout spécialement pour ce genre d'occasions:

"Enlever bandeau Maman."

"Ah bon, tu n'aimes pas ?"

"Non, pas beau. Pas bien coiffée, Maman"

Quelqu'un d'un peu susceptible l'aurait mal pris.


Bon, à côté de ça, il dit « à tes souhaits » et « s’il te plaît Maman chéwie », on n’a pas wien sans wien.