jeudi, décembre 31

Le grand méchant croup


Il y a de la réclamation dans l’air, de l’injustice à réparer même. Mais comment, fiston voit ses exploits étalés, ses nuits décortiquées et ses biberonnages disséqués alors que les journées de mouflette restent plongées dans un silence assourdissant, voire limite inquiétant ? On suspicionne sévère et on s’interrogationne.

Ce n’est pas mon genre de me défiler, alors laissez-moi vous rassurer sur le sort de la dernière arrivée.
Déjà, on sait que, contrairement à certains qui ont pris tout leur temps avant de faire entendre le son mélodieux de leur hurlement strident, mouflette aime la ponctualité. Elle va même au-delà du concept et, pour elle, avant l’heure c’est déjà l’heure, principe qu’elle applique aux heures des repas comme au reste.

Elle n’est pas de ces bébés qu’il faut réveiller pour manger. Elle se moque de ce qui est marqué dans les livres, non, elle n’attend pas 3 à 4 heures entre ses biberons et, oui, à plus de 2 mois et largement plus de 6 kilos, elle boit encore 6 à 7 fois par jour, et même 8 si ça lui chante… 5 bibs espacés de 4 longues heures, vous voulez l’affamer ou quoi ?
Avec un fiston qui ne crache toujours pas sur ses 4 rations de lait chaud quotidiennes, ça peut donc monter à 12 bibs à nettoyer en 24 heures et, pour que mouflette tétouille sans avaler d’air, les siens sont composés de 6 pièces, à démonter avant savonnage, je vous laisse donc faire le compte des trucs en plastoque à faire reluire.
Oh, et puis non, j’vous le dis, c’est estomaquant, vous allez croire que je me suis lancée dans l’élevage : 64 bidules à ne pas oublier au fond de la bassine, Mesdames et Messieurs, j’ai bien dit 64. C’est peut-être un détail pour vous mais pour nous, ça veut dire beaucoup.

Si j’entre dans le détail de nos vaisselles, c’est bien qu’il n’y a pas grand chose d’autre à raconter concernant mouflette, quelques soucis de tuyauterie mis à part. Elle parle énooormément, sourit en plissant le nez dès que quelqu’un passe dans son champ de vision tellement bionique qu’elle repère les mouches à 10 mètres et elle s’entraîne même à traverser la nuit sans ravitaillement.

Une fin d’année calme et reposée donc ?
Je rappelle qu’il y a 2 enfants dans cette maison et, comme si être en vacances scolaires et sans nounou pour quinze jours ne suffisait pas, fiston a passé les derniers jours à incuber sans qu’on ne se doute de rien.
La chose a été rendue publique hier, quand fiston s’est réveillé en pleurant et en faisant un bruit de forge à l’agonie à chaque sanglot.
Après avoir renoncé assez vite à tout espoir de rendormissement, j’ai collé un enfant un peu amorphe devant la télé, noté une légère fièvre, constaté un appétit pour les gâteaux toujours vaillant, attendu jusqu’à la sieste d’après-midi – sieste émaillée d’appels, de pleurs et de quintes caverneuses, avant d’embarquer le patraque chez le médecin parce que pas envie d’attendre le milieu de la nuit avant de me dire que j’aurais mieux fait d’anticiper, ou pire, nous retrouver comme des pignoufs la nuit de la Saint Sylvestre à poireauter aux urgences, entourés d’intoxiqués par du vin californien vieilli en fûts de chêne. Donc, direction le centre médical, et plus vite que ça.

La toubib a eu l’air de dire que j’aurais pu éviter de me déplacer. P’tête ben mais c’est mon premier enfant, alors je ne suis pas encore spécialiste de la sphère ORL et diagnostiquer une pharyngite doublée d’un croup n’est pas à la portée de la débutante que je suis, very sorry du dérangement.
Je vois vos yeux s’arrondir. Oui, le croup.
Si vous êtes comme moi, vous avez croisé ce mot chez Zola, ou à la cour de Louis the fourtine pour ceux qui sont en contact avec leurs vies antérieures, comme la goutte ou la petite variole. Mais zici, à l’avant-veille de l’aube des années 10 ? Comme quoi.
Après renseignements, le croup peut aller jusqu’à l’impossibilité totale de respirer, avec intervention des secours d’urgence et intubation en soins intensifs. Quand même.

J’ai indiqué qu’un bébé de 2 mois risquait d’être infecté à la maison. Réponse ? « Tant qu’elle respire, qu’elle ne devient pas toute bleue et qu’elle n’a pas trop de fièvre, pas la peine de venir. » Me voilà rassurée.

Depuis, à la maison, c’est pleurs, toux, sommeil en pointillés et humeur en conséquence. J’en regretterais presque la bonne vieille gastro des familles.

Mais les parents font de la résistance et pour ce soir on a des munitions, champagne, foie gras et tarte au citron maison, de quoi tenir jusqu’à des dix heures et demi facile.

Allez fidèles lecteurs, ne tournons pas autour du pot, l’heure est venue de se la souhaiter heureuse et en bonne santé.

mercredi, décembre 16

Parce que les fleurs c'est périssable


Noël c'est bien et les vacances c'est top. Forcément, les vacances de Noël c'est encore mieux puisqu'on en sort couvert de cadals tous plus beaux et plus utiles les uns que les autres.

Alors pourquoi cette année vois-je la chose d'un autre œil ? Hein, pourquoi donc ?


Je répète : va-can-ces.

Non, pas pour moi, c'te bonne blague. Non, les vacances de Noël, c'est pour les petits, ceux qui croient encore que le Père Noël va débarquer par la cheminée et que ses rennes magiques volent pour de vrai dans le ciel. Pour les autres, celles qui ont dépassé ça à 6 ans et préfèrent maintenant croire que le glumatol B49 est le véritable avenir du botox et que son pouvoir tenseur n'a pas d'égal sur terre, les vacances de Noël c'est la fin des haricots de l'école pour quinze jours.


Alors que les journées sont les plus courtes de l'année, et que ça caille aussi un max, les instits poussent nos chérubins vers la porte en clamant des Merry Christmas, very soulagées d'en avoir fini jusqu'à l'année prochaine.


Mais, qu'est-ce que je vais en faire, moi, de mon excité de service, celui qui a besoin d'être sorti pour s'ébrouer en liberté plus régulièrement qu'un épagneul, sous peine d'explosion de mes tympans et craquage de mes nerfs ?

Et puis qu'est-ce que je vais lui dire, lundi prochain, quand il réalisera qu'il ne verra pas sa maîtresse adorée, celle dont il prononce le nom en dormant ?

Alors, non seulement me voilà spoliée de mes 4 heures de folle liberté hebdomadaires, mais en plus l'usage veut qu'on se fende d'un truc pour l'instit et son assistante, pour leur souhaiter de bonnes fêtes parce que dire "Au fait, Joyeux Noël chez vous", ça ne suffit pas. Non, c'est mieux de le dire avec un cadeau, du fric, un peu de sueur, de l'imagination, du qui se mange, qui fait des bulles dans un bain ou qui tient chaud aux mains, du qu'est pas beau mais qu'elle fera semblant d'aimer avant de l'offrir à sa factrice, du n'importe quoi mais quelque chose.

Alors là, les amis, c'est du lourd, du culturel. Soit vous êtes un autochtone et tout va bien pour vous, vous saurez vous en tirer haut la main, soit vous arrivez d'ailleurs et ça ce complique.

Il faut savoir que les écoliers d'ici passent un nombre d'heures à peine croyable à tenir un pinceau, à découper, dessiner et réaliser des trucs et des machins, avec de la colle à paillettes, de la laine, de la feutrine, du métal, de l'argile, tout le tremblement. Ici on fait du Art and Craft dès le berceau, des merdouilles artisanales certes, mais qui rendent l'autochtone habile de ses mimines et nettement plus créatif que nous autres, pauvres rescapés du cours d'EMT bi-mensuel.

Du coup, quand il s'agit de réaliser un truc original, joli et personnalisé, vous avez le choix :

- vous passez l'heure bénie de la sieste des mouflets à découper deux ronds dans un feuille de papier trop mou avec des ciseaux cranteurs pour enfant (essayez, pour voir, avant de vous marrer), dans l'idée de faire dessiner fiston et de coller cette merveille sur les sacs cadeau – personnalisation assurée. Seulement voilà, c'est l'heure du goûter, fiston n'est pas d'humeur et c'est pas la peine d'insister, alors vous n'avez plus qu'à imiter un barbouillage d'enfant de 2 ans.
OU
- vous confiez vos deux enfants à votre nounou Latina, expliquez que vous ne pouvez absolument pas être dérangée pendant les trois prochaines heures, et vous faites une de vos nombreuses spécialités, les sablés de Noël en forme d'étoile, de sapin ou de tête de renne, avec glaçage posé à la seringue et perles argentées pour le relief. Après quoi, vous enchaînez en confectionnant d'adorabeuls petits kits à chocolat chaud en superposant des couches de cacao, de sucre et de cannelle dans des petits pots trop cute, avec étiquettes so amazing réalisées la nuit d'avant sur DesignPro.

- Vous glissez au fond du sac la boîte de chocolats from Paris, avec Eiffel tower dessinée sur le couvercle, carte de vœux et carte cadal calées par-dessus. Pour que votre sac en papier recyclé marronnasse ait un air festif, vous vous coupez en l'entaillant dans le but d'y faire passer un peu de raphia rose pour fermer. Ce qui est dommage c'est que personne ne pourra vous croire quand vous essaierez de dire que c'est fiston qui a tout fait. Un an de plus et c'était bon.
OU
- Vous placez vos merveilles dans une panière en bambou tressé, ajoutez quelques décorations de Noël faites en vitesse, sans y penser, une guirlande de cranberries séchées et une imbélivébeule orange sculptée de clous de girofle, vous calez avec du papier de soie aux couleurs coordonnées et délicatement froissé, emballez d'une grande feuille de plastique épais et transparent et nouez le tout d'un énorme ruban en satin écarlate, very Christmas indeed.

- vous lancez un fiston hilare au triple galop dans le couloir de l'école, muni d'un sac dans chaque main, et piaillant "Joyeux Nowel" à la ronde.
OU
- vous faites votre arrivée à la sortie des classes, une panière dans chaque main et explication détaillée de chaque élément les composant prête à jaillir au moindre compliment. You know, it's nothing, really.



Joyeux Christmas tout le monde

mardi, décembre 8

Gault et Millau


Hier, le temps d'une soirée, j'ai repris contact avec la vie d'une citadine, invitée que j'étais dans un resto réputé par un Justin décidé à mettre le paquet pour fêter mes vingt-cinq ans et quelques.

A mes yeux, l'une des plus grosses différences culturelles entre eux et nous concerne la nourriture.
Prenez hier soir.

Ça partait pourtant pas mal : quatre personnes nous avaient informés de leurs prénoms et souhaité une bonne soirée dans les cinq minutes qui avaient suivi notre arrivée, la maison nous avait fait goûter le vin qu'on avait commandé, pour être sûrs de notre choix et le sommelier s'était déplacé jusqu'à notre table pour nous aider à trouver quelque chose qui corresponde à notre description et dont le tarif soit à 2 chiffres.
Le genre d'endroit où on se sent pris en main, avec une armée de latinos prêts à bondir de derrière les pots de fleurs, carafes d'eau en main, pour remplacer illico toute gorgée avalée.

Justin se serait bien laissé tenter par des fruits de mer en entrée mais, manque de bol, y'en avait plus. Déjà ça partait bof bof mais l'homme n'a pas froid aux yeux et commande du foie gras.
Les deux petits médaillons arrivent, perdus dans une immense assiette blanche décorée de petits cercles marrons ressemblant à la trace laissée par un verre d'apéro sur une table basse, on aurait presque eu envie de leur demander de nous donner une assiette propre, mais on sait se tenir alors on a juste rigolé.

Justin se lance et va pour attraper un bout de pain dans la panière, mais son choix est rendu difficile par une profusion de resto qui veut vous en donner pour votre argent : trois ou quatre sortes de pains très briochés, sucrés, dégoulinants de beurre et/ou avec arômes déconcertants. Du coup, c'est un peu comme manger du foie gras sur un pain au chocolat à la cannelle.
Justin appelle notre serveur pour lui demander du pain normal, de la farine, de l'eau et un peu de sel quoi. Regard fuyant mais ton assuré "Bien sûr bien sûr, pas de problème", mais on pouvait lire la bulle au-dessus de sa tête, avec une jolie collection de points d'interrogation "??? C'est quoi du pain normal, qu'est-ce qu'il a qui va pas mon pain d'abord ?"

Revient le sommelier, ou plutôt le spécialiste des cas difficiles, improvisé Grand Boulanger et qui écoute Justin lui expliquer que son foie gras ne peut pas être dégusté sur ce pain là et que trop de saveurs tue la saveur un peu.
Aïe, c'est à ce moment qu'on a perdu le faux sommelier-boulanger, son cerveau ayant disjoncté à l'idée que trop de cannelle puisse nuire à quoi que ce soit. Mais, comme c'est un professionnel et qu'il ne sera pas dit qu'il ait pu laisser des clients repartir avec leurs exigences insatisfaites en bandoulière, il est allé nous chercher des crackers, de 3 sortes différentes s'il vous plaît, fromage, sucre et autres bizarroïdités.

Ensuite est arrivé le plat.
La description sur le menu était sibylline et j'avais seulement compris que c'était du faisan. Je m'attendais donc à un os, avec de la viande autour, et une sauce, très certainement sucrée parce qu'il ne faudrait pas que le client tombe en hypoglycémie entre l'entrée et le dessert.

Deux serveurs arrivent en grande pompe et déposent deux assiettes qui paraissent d'autant plus vides qu'elles ont la circonférence de ma roue de secours, se regardent et se penchent, complètement synchro, en agitant une petite cuillère dans une toute petite saucière en inox, ça fait "gling gling gling" et, si on me demande mon avis, je dirais que c'est plus que démonstratif et qu'on n'est pas chez Mickey.
Après avoir répandu un millilitre de sauce rouge, ils nous ont laissés devant ce qui s'est avéré être trois tronçons de saucisse enveloppés de bacon, secs comme un coup de trique et pas très goûtus, soyons honnête.
Justin, qui sait positiver, lui, a réussi à trouver un peu de saveur au petit cube de patate mal cuite et champignons intercalés servant d'accompagnement.

Le restaurant s'enorgueillissant de son chef pâtissier, j'ai relevé le défit du dessert en commandant une sorte de tarte au citron, au vu de la description qui en est faite.
Le chef a réussi un exploit absolu devant lequel il faut s'incliner : réaliser une pâte qui ne soit ni brisée, ni sablée, ni feuilletée, bien que sa tendance à s'effriter entre les dents de la fourchette puisse semer le doute.
Et la garniture de la pâte ? Un onctueux lemon curd comme savent si bien faire les anglo-saxons ? Que nenni, un flan citronné de sept centimètres d'épaisseur, genre recette expresse Alsa, côtoyant une boule de glace au goût franchement répugnant – même l'indulgence de Justin n'a pas pu y revenir, c'est dire.

Je pense que ceux et celles qui s'apprêtent à sortir dîner à Washington vont s'inquiéter maintenant, et à juste titre. Je tiens le nom de ce bijou de la gastronomie locale à la disposition des intéressés.

Mais quand même merci à un Justin plein de bonne volonté mais qui ne pouvait pas savoir. La prochaine fois je sens le Pizza Hut me pendre au nez, et je l'aurai bien cherché.




dimanche, novembre 29

Le cyber Père Noël est une ordure


Attention, depuis deux semaines bien tapées la folie a commencé, Noël est à nos portes.

Et deux semaines c'est une moyenne, parce que certaines enseignes ont dégainé boules à neige musicales et rennes en acrylique dès les premiers jours d'octobre, comme Home Depot pour ne dénoncer personne.

Ben oui, c'est la crise et le p'tit commerce fait comme il peut pour s'en sortir M'sieurs Dames.
Figurez-vous qu'il n'y a rien pour pousser à la consommation entre la rentrée et Halloween, et qu'Halloween c'est la dèche, plus personne ne décore et quand on vend du bricolage c'est pas sur les twix à la caisse qu'on va faire son beurre.

Alors qu'est-ce qu'il reste ? Noël pardi, les sapins, les fausses cheminées, sans parler des cadeaux utiles, comme la ceinture porte-outils et sa perceuse assortie. Vive Noël six mois de l'année.

En temps ordinaires je fais comme vous, j'attends l'avant-dernier moment et j'arpente les allées au pas de charge, je croise les doigts pour tomber sur un peu d'inspiration et je me lamente de ne rien trouver d'original, je rame.

Mais cette année, je passe mon tour.
C'est déjà bien beau quand j'arrive à mettre une lessive en route pendant que fiston célèbre l'esprit de Thanksgiving en sautant comme une dinde avec bandeau et plume en papier sur la tête quand il est pour deux heures à l'école, il ne faudrait pas croire que je pourrais, en plus, dégoter le temps de dispenser un peu de bonheur au pied d'une dizaine de sapins.


Non, cette année je pensais plutôt déléguer et c'est là que ça devient fendard parce qu'à mon grand étonnement les candidats au poste de lutin intérimaire ne se bousculent pas dans mon conduit de cheminée.
Justin, après avoir proposé la solution "cette année pas de cadeaux et j'assume tout à fait", a accepté de s'en charger début décembre, pendant ses trois-quarts d'heure disponibles à l'aéroport, avant d'embarquer pour Paris d'où je l'ai chargé de poster tous ces hypothétiques jolis paquets.

Hum, 45 minutes pour 8 enfants et une poignée d'adultes, sans aucune idée préalable, alors que la moitié des boutiques seront fermées pour cause de vol nocturne, j'ai un peu douté de la faisabilité de la chose.

Et la solution m'est apparue.
Simple, ludique, rapide.
Mais pourquoi n'y avais-je pas pensé avant ?

L'internet mondial allait voler à mon secours, en trois clics j'allais tout acheter, en buvant un bon café, la jambe légère et reposée sans crever de chaud dans mon manteau – ou, version plus réaliste, en donnant un biberon d'une main, en cliquant de l'autre, le tout en essayant de finir un café déjà micro-ondé trois fois mais à nouveau froid, possiblement encore en pyj à 10 heure du mat', quelle honte.

A moi le shopping en ligne, avec suggestions d'achats ciblées sur mon profil et idées à la pelle.
Pour mon premier Christmas shopping moderne, j'ai fait comme des dizaines de milliers d'autres acheteurs fiers de vivre avec leur temps, je suis allée sur Amazonpointcom.
Pour ceux qui ne connaissent pas, le principe est le suivant : vous achetez, neuf ou d'occase et à des prix alléchants, des produits vendus directement par Amazonpointcom, ou par d'autres vendeurs, boutiques ou particuliers.
Comme les frais de port ne changent pas des masses entre 1 ou 3 articles expédiés, il faut essayer de grouper ses achats sur un minimum de vendeurs, en allant arpenter les allées virtuelles de leur magasin.

Avant de vous laisser exploser votre budget vacances au ski, laissez-moi partager le fruit de ma courte expérience.

1- Quand vous avez une idée très précise de ce que vous cherchez – au hasard, des chaussettes turquoises au logo d'Orangina, que vous avez enfin mis la souris dessus, mais qu'il n'en reste plus qu'une paire dans l'univers tout entier, n'a-tten-dez pas, et là attention, je vais contredire ce que j'ai dit juste avant : n'essayez pas de trouver la moitié de vos cadeaux chez ce vendeur pour amortir les frais d'envoi car c'est prendre le risque de voir vos chaussettes disparaitre au moment de valider votre commande. Eh oui, la probabilité que quelqu'un ait eu la même envie que vous est faible, mais le cyber espace est immense et il y a un propriétaire de café internet collectionneur d'objets publicitaires occidentaux qui se frotte les mains à Bombay pendant que vous repartez à la pêche aux cadeaux chouettes et trop marrants.

2- Si vous êtes pointilleux sur les détails, et que vous voulez que votre sac à dos soit vert Heineken, code Pantone à l'appui, ne misez pas trop sur la qualité des photos pour vous en assurer. Votre sac sera vert moisi et c'est là que vous comprendrez son prix imbattable. Mais vous le garderez parce que le renvoyer à vos frais le rendrait plus cher qu'en boutique, et qu'en plus vous avez bousillé l'emballage en l'ouvrant.

3- Si, comme moi, vous êtes fâché avec la représentation dans l'espace, et que les dimensions de votre produit sont indiquées en inches, méfiance. Il est parfois utile de dessiner un gabarit, pour se rendre compte, ou alors il faut aimer l'imprévu.

4- Vous avez cru votre shopping bouclé avec la validation de vos commandes, mais attendez de recevoir vos colis avant de vous réjouir :
Factuelle : Y'a pas à dire, c'est très moche.
Interloquée : Ah tiens, c'est une imitation… ratée en plus.
Agacée : Mais ils savent pas lire les bons de commande ou quoi, il manque un article.
Curieuse : Tiens, c'est bizarre, la montre est rangée à l'envers dans la boîte [vous la retournez], suuuper énervée : mais c'est pas du tout le modèle que j'avais commandé, c'est une blague, je suis filmée ou quoi, oukèléla-k-méra ?!!!
Franchement étonnée : Chouette, c'est ce que je voulais… puis consternée : quelle surprise, tout est pété.

Ensuite, il faut contacter le(s) vendeur(s), entendre qu'effectivement votre produit n'est plus en stock et qu'ils se sont dit qu'entre une montre girlie pour ado et un modèle masculin, kif-kif bourricot, après tout les deux donnent l'heure. Tomber sur un vendeur qui prétend avoir prévenu que son produit était endommagé, tout en le vendant comme neuf – mais bien sûr, j'achète sciemment des trucs déglingués pour les offrir à Noël, ça me réjouit.

Il faut insister, menacer, parfois laisser tomber, s'énerver, remballer, renvoyer et se féliciter d'avoir pris un mois d'avance.
Avec le peu d'énergie qui vous reste, vous êtes bons pour repartir à la pêche aux idées, pour compléter ou remplacer.

Mais, hourra, vous pourrez vous défouler et décourager d'autres acheteurs potentiels en laissant un commentaire bien senti sur le site d'Amazonpointcom, en espérant ne pas tomber sur un taré qui le prend mal, au point de vous menacer et de vous harceler par email pour que vous le retiriez, comme c'est arrivé là.

Je sais pas vous, mais moi, l'année prochaine, je remets mes chaussures et mon manteau et je retourne au 20ème siècle.

Dans l'oreillette on me précise que sur Amazonpointéfère il n'y a qu'Amazon comme vendeur et qu'il y beaucoup moins de problèmes. Tant mieux pour eux et tant pis pour nous quoi.


mercredi, octobre 21

Merveille



Le 18 octobre, est née Alice, belle plante de 3,8 kg et 54 cm.
Nous sommes évidemment très heureux de l'accueillir, et je la remercie d'avoir pris de l'avance sur le calendrier.

Alice n'est pas arrivée les mains vides et a offert une voiture télécommandée à son frère, ce qui lui vaut, d'entrée de jeu, un bonus de 100 points. Et comme, en plus, elle dort tout le temps – sauf la nuit, mais lui si - il ne la trouve pas si encombrante que ça et ne lui a pas encore dit "bye bye" en montrant la porte, pour l'instant.

Une arrivée réussie donc.

mercredi, octobre 7

Cheeeese


Allez, un dernier effort, plus que trois petites semaines de rien avant d'arriver au terme officiel de cette grossesse.
Que dis-je, "chouette, ENCORE trois semaines à profiter".

A ça oui, je profite, à fond, jusqu'à la lie.

Chaque soir, le spectacle de mes pieds-chevilles-mollets fait l'objet de nos commentaires s'étonnant des possibilités du corps humain et j'aurais deux trois trucs à dire à la science si elle venait à passer dans le coin.

Je me délecte des montées d'escalier et retours de parc avec un fiston de 13 kilos dans les bras parce que la marche ça va, il maîtrise depuis le temps, non, il veut revenir aux valeurs sûres, les bras de sa reum et le biberon au chocolat.

Je redécouvre le bonheur des insomnies de deux heures, surtout précédées d'un réveil dudit fiston, avec transport de matelas dans notre chambre, pleurs et rendormissement renvoyé aux calendes grecques. Insomnie d'autant plus savoureuse que le sommeil qui suit explose en plein vol au bout d'une misérable soixantaine de minutes car fiston en a marre et se verrait bien commencer sa journée, c'est qu'il va à l'école, il a des trucs à faire avant, il faut le comprendre.

Je déguste les conséquences de mon laisser-aller estival sur l'histoire de la propreté. Fiston refusait le pot et je ne me voyais pas le poursuivre avec une serpillière toute la journée alors j'ai laissé tombé, je me suis dit qu'on verrait ça après la naissance et les régressions en tous genres.
Hou, quelle mauvaise idée c'était.
Maintenant, une aprèm sur deux, à l'heure de la sieste, alors que je devrais profiter du silence de la maisonnée pour pioncer peinarde sur mon canap, j'entends des petits petons qui gambadent et ne font même pas semblant d'aller se coucher en m'entendant monter l'escalier pour venir râler. A la place, je découvre un pantalon en vrac sur le sol, et des fesses heureuses d'être à l'air, body or not body. S'ensuit alors le challenge d'aller ouvrir les rideaux pour mesurer l'étendue des dégâts, sans s'y vautrer les pieds, vous suivez ? A trois semaines d'accoucher il va donc falloir sortir la serpillière, tant pis pour mes lombaires.

Je bondis de joie à chaque fois que j'appelle les infirmières de mon cabinet médical pour leur donner mes relevés de taux de sucre, afin de contrôler mon diabète gestationnel. Je serre les dents quand je me fais enguirlander comme une gamine qui aurait dévalisé la boulangerie pour un taux à peine limite. Je reste polie quand on me demande de justifier l'absence d'un taux puisqu'il ne vient à l'idée de personne qu'un dimanche matin à 10 heures je puisse avoir autre chose à faire ou à penser qu'à me piquer le bout du doigt pour faire tomber une goutte de sang sur une bandelette de la largeur d'une allumette, cornegidouille.

J'apprécie au plus haut point les miaulements geignards et incessants de Chesapeake, planté devant la porte, pour entrer ou pour sortir peu importe, les deux actions étant distantes de deux à huit minutes. Je suis à un cheveu de l'étriper et je me dis que je ferais aussi bien de lui payer une greffe des mains pour lui apprendre à ouvrir la porte. Peut-être même qu'il pourrait passer la serpillière pour se rendre utile.

Je prends un grand plaisir à errer dans les rayons des quelques magasins à ma disposition, en quête de vêtements chauds pour un bébé d'hiver. Toute cette débauche de polaire et de motifs cœurs dans les roses et fuchsia ne me donne pas du tout la nausée. Je comprends tout à fait le pourquoi des pyjamas en coton fin, des manches courtes, de l'absence de laine et de couleurs un peu subtiles. Imaginer mon bébé déguisé en barbe à papa me ravit, pensez donc. Remarquez, c'est économique, je n'achète quasiment rien et cette pauvre petite ira nue dans la neige.

Mais le plus difficile, quand je me projette dans trois semaines, est de me dire qu'il va falloir reprendre une alimentation normale, abandonner le régime haricots verts en salade – aliment qui ne donne la pleine mesure de sa saveur qu'après le premier quintal, brocolis vapeur et épinards au fromage blanc 0%.
Comment ? Il va falloir déguster tous les petits chocolats qui vont débouler à la maison, les faire couler avec un peu de champ' pour digérer, avant d'enchaîner par cette incroyable tarte tatin ? Renouer avec les pains au choc du samedi matin, reprendre du gratin dauphinois et m'extasier sur le coulant du saint-nectaire ? Peut-être même retrouver la saveur d'une cuisse de canard confite alanguie sur ses pommes de terre à la sarladaise ?

Non, là c'est trop, je refuse d'accoucher.

Comment ça, quand on lit ce que tu manges on comprend d'où vient ton diabète ? Pff, le régime tarbais, vous connaissez pas ?

dimanche, septembre 27

Tu la reverras ta mère


Il y a une semaine, à l'école, j'étais la mère qui a de la chance, celle dont l'enfant se précipite dans la salle de classe en riant, sans même prendre le temps de lui dire au revoir, et qui le récupère tout joyeux, distribuant des "encore ! encore !" à la ronde.

Cette semaine, je suis la mère qu'on plaint, celle dont l'enfant est un des derniers à hurler dans le couloir en s'accrochant à son cou avec toute l'énergie du désespoir, et qu'elle récupère deux heures plus tard, hoquetant et assénant des "bye bye" définitifs.

Fiston est un diesel, j'aurais dû me méfier avant de fanfaronner sur son adaptabilité à toute épreuve.

Il travaille dur à saboter toutes les occasions de séparation.

L'école, c'est niet. L'instit a l'habitude et accepte de le prendre dans la classe, même hurlant et déchaîné, mais ça ne durera peut-être pas. Elle a déjà lancé l'idée de raccourcir les séances… le temps qu'il s'habitue.

La nounou, qui me relaie quelques heures hebdomadaires depuis la rentrée, en voit aussi de toutes les couleurs. Pour le moment elle le prend bien et ne s'en laisse pas compter, mais mon diesel pourrait bien l'avoir à l'usure.

Les nuits sont devenues un enfer. Fiston, après avoir essayé l'endormissement qui n'en finit pas, vociférations perçantes à l'appui, a capitulé pour mieux se réveiller quelques heures plus tard. Là, c'est bien simple, son objectif est de venir dormir avec ses parents, de préférence sur ses parents, vautré en travers du matelas et d'agrémenter la séance de nombreux coups de coude dans la tronche maternelle, ou réveils dans les cris, l'un n'excluant pas l'autre. Toute tentative de raisonnement ayant pour but de le circonscrire dans sa chambre, même au prix de gâteaux, biberons et autres denrées spécialisées dans la carie dentaire, se solde par une série de "non" catégoriques et sans appel, avant passage express en mode sirène.

Si l'on ajoute à ce tableau que j'entre dans le dernier mois de grossesse, et que je suis donc au top de ma patience et de mon énergie, aidée en cela par un régime alimentaire concocté tout spécialement pour mon diabète gestationnel à base de pas sucré - pas gras - pas bon – pas trop, vous comprendrez que la prochaine qui, au parc, me promet l'horreur une fois que le bébé sera là, va recevoir l'expression de ma furie hormonale déchaînée, ou mieux, fiston sur le pas de sa porte avec des vivres pour quinze jours.


vendredi, septembre 18

On se magne, Charles

Maintenant que la rentrée est passée, je peux bien vous l'avouer, mes boyaux étaient un peu noués au moment de préparer les affaires de fiston.

Quand j'étais élève en primaire, ma plus grande angoisse – à part me faire mater par le dessus de la porte des toilettes par des CE2 complètement obsédés, était d'arriver en retard, et l'idée de me retrouver face à la porte fermée me rendait malade. C'est arrivé un matin : je m'étais cassé la margoulette sur le trottoir, et le temps que je me ramasse, que je me lamente sur mon pantalon déchiré et que je réapprenne à marcher avec un genou écorché, l'heure fatidique était passée. C'est une dame, elle-même très en retard pour déposer son enfant, qui m'a trouvée, appuyée à la fameuse porte et comptant y prendre racine incognito jusqu'à 16h30.

A présent, je suis une adulte, et en plus j'élève un fiston, je contrôle donc complètement mes névroses d'hier, je ne projette rien et je suis mégazen.
Et si je suis en retard ? Et bien je suis en retard.
Le tout c'est de s'organiser en avance, de prévoir les aléas, faire des listes, des itinéraires, noter les numéros d'urgence, apprendre à changer un pneu crevé, s'orienter avec le soleil et la mousse des arbres, savoir lire une carte et avancer les horloges de 10 minutes.

C'est donc totalement détendue que j'envisageais ce premier jour d'école. Un léger frémissement psychotique s'est néanmoins fait sentir quand l'instit a lourdement insisté, pendant la réunion de pré-rentrée, sur l'importance d'arriver à l'heure, mais te stresse pas ma fille, c'est pas des épreuves de concours non plus, me suis-je dit.

St Luke nous attendait à 10h45 en ce premier jour, et vu qu'une mouette manchote arriverait à destination en deux minutes, pas besoin de s'affoler avant 10h30.
Alors, comment expliquer que fiston se soit trouvé harnaché à son sac dès 10h, et que mes lacets aient été noués si longtemps à l'avance que mes pieds légèrement enflés de baleine en aient ensuite gardé l'empreinte jusqu'au lendemain ?

Je vous rassure, cette semaine-ci s'est mieux passée, si l'on met de côté le matin où j'ai failli faire descendre une vieille dame de sa voiture, pour l'aider à dégager vite fait son char d'assaut de la seule place potentiellement dispo du parking.
Je peux gérer mon heure de départ et le temps de trajet deux fois plus long parce que c'est la fin de l'heure de pointe, mais ce que je ne peux pas prévoir, ce sont les jours d'enterrement.
Ces jours-là, non seulement les places de parking sont chères, mais il faut manœuvrer hyper précautionneusement parce qu'écraser la moitié de la famille du mort, ça fait désordre et le règlement de l'école est plutôt contre.

lundi, septembre 7

Bac -15



Avec un fiston de bientôt deux ans et demi, moi aussi j'ai droit à ma première rentrée.


Attention, nous ne vivons pas au doux pays de l'éduc nat', il n'y a pas de système équivalent à celui des maternelles, l'école ne commence vraiment qu'à 6 ans et avant ce cap fatidique, c'est le règne du fais comme tu peux pour y comprendre kekchose.


Quand l'enfant atteint les deux ans, le choix s'élargit et il était temps : des garderies, des nounous en garde simple ou partagée, des nounous regroupées à deux ou trois dans des maisons privées, des "preschools" soi-disant plus orientées pédagogie que les simples garderies mais ça dépend où, difficile d'y voir clair.


J'ai fait comme tout le monde, j'ai demandé autour de moi, j'ai paniqué à l'annonce des tarifs, j'ai râlé devant certaines procédures d'admission – il faut quasiment présenter un book des œuvres réalisées par l'enfant ainsi qu'une vidéo mettant en valeur son potentiel… heu les incrustations de cheerios ramollis à la bave sur tissu d'ameublement, ça compte ?, j'ai regretté d'avoir pris mon temps en entendant parler d'années de liste d'attente, et j'ai fini par choisir une preschool près de chez nous, gérée par une église luthérienne, fini de rigoler.


A partir de la semaine prochaine, fiston va devoir affronter une scolarisation intensive, deux fois deux heures par semaine, et j'en connais une qui va speeder pour faire les courses, c'est moi qui vous le dis.


C'est jeudi dernier que les choses sérieuses ont commencé, avec réunion des parents pour faire connaissance avec l'école, l'instit et blabla, rafraîchissements not included.

Déjà, j'avais tout bien anticipé et placé le gros sac de fournitures à acheter dans le coffre.


Oui, parce qu'on n'a peut-être que deux ans, n'empêche qu'on a une liste de trucs à dégoter digne d'un khâgneux pensionnaire. Quand j'ai reçu le papelard, fin juin, je me suis dit que j'avais le temps et que je verrais ça en août. Puis, quand j'ai voulu relire la fameuse liste à Justin pour le faire halluciner et que j'ai bien failli ne jamais remettre la main dessus, je me suis vue, la seule à arriver les mains vides le jour de la pré-rentrée, honteuse et aussitôt élue mère indigne saison 2009-2010.


Du coup, je me suis mis la pression et le sac était au complet mi-juillet avec, entre autres choses fascinantes :

- du savon liquide pour les mains inodore – mine de rien j'ai fait deux magasins pour échapper à la senteur pomme, grande tendance de la rentrée;

- le paquet de 250 serviettes en papier – vendues en général par 200, et ne me demandez pas ce que fiston va bien pouvoir faire d'autant de serviettes, lui qui va cumuler quelque chose comme 64 jours de présence d'ci la fin de l'année;

- le gros paquet de lingettes et le rouleau maxi de sopalin – là c'est sûr, les luthériens se préoccupent de la fonte des banquises comme d'une guigne;

- le papier soie – l'école ne précisant pas le nombre de feuilles à fournir, grand a été mon désarroi au rayon papeterie parce que vous ne voulez pas être celle qui a acheté le paquet de 5 feuilles alors que tout le monde aura pris celui de 10, mais vous ne voulez pas non plus être celle qui se la pète avec son paquet de 50, oui je sais, j'ai une vie compliquée;

- le liquide vaisselle grand modèle – soit les activités pédagogiques à destination des 2 ans sont à vocation ménagère, soit j'en connais qui refont les stocks de leurs placards, bref, le compte était bon, j'avais tout et j'étais même à l'heure.


Dès mon arrivée dans le hall, mon gros sac à la main, j'ai flairé l'arnaque. Personne pour le réceptionner et cocher une petite case face à mon nom, personne pour identifier ledit sac, rien qu'une pile écroulée où j'ai vite repéré des mini paquets de lingettes même pas pour peaux sensibles et des papiers de soie vendus par 2.

Après avoir maugréé qu'on ne m'y reprendrait pas et récupéré mon "parent handbook", j'ai été dirigée vers la classe du fiston.


L'instit s'occupe de deux classes de huit enfants par semaine, et avait donc regroupé tous ses parents d'élève dans la même salle.

Le plus dur, à part s'asseoir – et rester - sur une chaise pour schtroumpfs, est de conserver un semblant de sérieux pendant les discours de présentation de la titulaire du poste et de son assistante quinqua à l'air béat. Pour vous la faire courte, le thème était "les enfants sont teeellement formidables", avec décorticage du menu des snacks et du déroulement des activités à venir – rondelles de bananes à grignoter pour illustrer la semaine thématique sur le cercle jaune par exemple et les parents ont respiré, soulagés de savoir leur progéniture en des mains si savantes.


Je sentais venir le tour de salle, avec présentation, mains moites et English qui fout le camp mais non, à la place on a eu droit aux questions des parents.

C'est mercredi prochain le vrai premier jour qui inquiète. Mais c'est normal rassure la prof, c'est pour ça que les enfants ne vont passer que 45 minutes dans la classe, en demi-groupe, pour qu'elle et la surdosée en prozac n'aient que deux enfants chacune à gérer, parfait pour leurs deux épaules.

Vent de panique dans les rangs parentaux, ça va si mal se passer que ça ? Mais soyons rassurés, des thermos de thé et café nous attendront dans le hall et nous pourrons y passer les 45 minutes, avec quelqu'un qui viendra très régulièrement nous informer du déroulement des opérations, un peu comme une famille attendrait des nouvelles de son greffé cerveau-cœur-poumons.

Tant qu'à faire, fallait mettre une glace sans tain à la place du tableau noir.


Allez, une nouvelle ère commence, fiston va apprendre à faire le chant du coq anglophone – "cock-a-doodle-doo" s'il vous plait, et ma vie sociale va sortir du néant dans lequel elle stagne depuis deux ans. La preuve, y'a déjà une mère d'élève qui m'a laissé un message pour réunir les 8 enfants de la classe, histoire qu'ils fassent connaissance et qu'enfants et parents soient moins stressés le D-day.


Peut-être que je m'illusionne complètement, mais j'ai un peu de mal à saisir l'enjeu de cette rentrée. Nos enfants vont passer deux fois deux heures dans la semaine à s'amuser avec des jouets qu'ils n'ont pas chez eux, sous la surveillance d'adultes dont c'est le métier et qui parlent hyper doucement sans jamais s'énerver, et peut-être même qu'au passage ils vont apprendre un truc utile ou deux, genre la propreté – OK, là je m'illusionne -, où est le stress ?


Allez, je dis ça, je me la boucle et je vais m'avaler un prozac avec mon mimosa.




mardi, août 11

Fiston en TROFAST

Prenez une maison avec trois chambres.
Jusque là, tout va bien : par respect des proportions fiston a reçu la plus petite, Justin a un bureau rien qu'à lui, Chesapeake dispose d'un confortable clic-clac au sous-sol pour ses siestes récupératrices, pendant que nous nous étalons dans la plus grande des trois, dite "master bedroom", qui, pour mériter cette appellation devrait être munie d'un dressing à la Joan Collins et d'une salle de bain privative mais là il faut vous calmer, dois-je vous rappeler qu'en ces temps caniculaires nous n'avons que quatre appareils de climatisation obstruant élégamment autant de fenêtres et ne rafraîchissant que modérément l'atmosphère ? Alors pour le placard multi-rangements intégrés, éclairage indirect, glace amincissante et bain à remous, vous vous êtes trompés d'adresse.

Mais ce parfait équilibre n'a eu qu’un temps et l'arrivée de la petite dernière dans moins de trois mois nous a obligés à revoir notre organisation.


Il a été question – enfin, j'ai suggéré – d'exiler le bureau au sous-sol, là où il fait frais en été et tiède en hiver, avec eau courante et accès illimité à mon elliptique personnel, mais le télé-travailleur occasionnel s'est braqué : les fenêtres sont petites et en hauteur, on ne peut pas mater dehors pour passer le temps et puis Chesapeake n'aime pas qu'on le regarde dormir.

Il a été question – enfin, Justin a suggéré – de faire une « chambreau », hybride de chambre de bébé/bureau, mais là c'est moi qui me suis braquée : si le télé-travailleur espère passer des coups de fil ou lancer l'imprimante alors qu'une sieste aussi inespérée que précaire aura à peine commencé, atomisant par là mes espoirs de boire un café tranquille ou, folie des folies, prendre le temps de retrouver figure humaine en me séchant les cheveux ou en comatant vingt minutes, c'est même pas en rêve.

Résultat des courses, le bureau va s'installer provisoirement dans la chambre de bébé, vide pour quelques mois encore, et fiston va récupérer la grande pièce laissée libre. Le bureau viendra transformer notre chambre en "executive suite", machine Nespresso, siège en cuir à roulettes et rangements horizontaux compris dans le prix.
Mais si le bébé a déjà son lit, sa commode et tout le tremblement en héritage, le fiston, lui, se trouve bien dépourvu.

Depuis maintenant des années je dis, râle et jure que Ikea y'en a marre, que je veux de vrais meubles, en vrais matériaux et qui ressemblent à autre chose qu'aux cubes de la planète Chapi Chapo. Seulement voilà, quand on cherche aussi du pas trop cher, du marrant parce que c'est pour une chambre d'enfant et si possible coordonné, quel choix reste-t-il ?
Ikea nous voilà. Le week-end dernier.
Ikea, nous revoilà. Hier.
Ikea, devine qui vient déjeuner ? Dimanche prochain.

Maintenant fiston vit et dort entre les pages 253 et 254 du catalogue 2010.
Et j'ai bien dit "dort".
Vous le changez de pièce, le collez dans un lit inconnu et dont il peut descendre à volonté et Monsieur finit par s'endormir, sans tentative de squattage du lit parental en plein milieu de la nuit.

Y'a des trucs qui m'échappent parfois.


vendredi, juillet 31

Bons baisers de Moscou


Comment ça, c'est même pas encore août et c'est déjà la rentrée, pfft, envolées les vacances ?
Et puis, quelles vacances, d'abord ?

Oui, j'ai joué ma provinciale en poussettant dans la grande ville, à Boston, en léchant les vitrines et en renonçant à entrer dans des boutiques perchées à deux marches de hauteur et munies de portes plus étroites que mon châssis pourtant européen.
Oui, j'ai mangé plein de chocolatines d'une boulangerie française au petit-déj, à l'abri d'un mignon jardin de ville.
Oui, j'ai initié fiston au gavage de canard en l'entraînant au lancer de pain dur sur étang… avant de tomber sur de grosses pancartes m'expliquant que si les coin-coin crèvent tous cet hiver ce sera ma très grande faute, j'ai un peu les boules.
Oui, Tony, j'ai redécouvert le clafoutis aux cerises grâce à toi, ta merveille étant bien au-dessus du truc chtouffe que ma grand-mère osait appeler clafoutis.
Oui, j'ai vu la mer, j'y ai même mis les pieds.
Oui, ça va, j'ai compris où vous voulez en venir.

Oui, je suis partie en vacances.

Mais il faut me comprendre, pauvre chose légèrement fatiguée.
Bien avant le départ, j'anticipais les grasses mat' d'un fiston overdosé en iode, je souriais en l'imaginant rêvasser des heures sur la plage, me laissant comater pépère.
J'étirais mes orteils à cette idée et je m'y croyais déjà, en vacances.

Ce que je voulais, c'était du re-pos.

Et ben, rââ-té.

Le fiston n'aime pas qu'on le bouscule.
Et quand il veut vous rafraîchir la mémoire, le fiston sait être very pénible:
- refuser de manger,
- ne penser qu'à regarder son DVD d'Elmo,
- ne plus faire de sieste,
- se réveiller inconsolable en pleine nuit et ne se rendormir qu'après moultes menaces, calé entre ses deux parents hagards,
- se réveiller autour de six heures du mat' parce que ce serait bien le genre de ce bouffon d'Elmo de lui en avoir donné l'idée.

- Et nous, se dire que dans trois mois, tout ça nous fera doucement ricaner, en nous croisant au-dessus du chauffe-biberon, vers les 1h48.

Mais le bilan n'est quand même pas si sombre, sur la fin du séjour fiston s'est transformé en expert de l'authentique bisou, le français, celui qui claque sur la joue. Depuis, il régale.
Il sait comment retourner une situation celui-là.

vendredi, juillet 24

Et même pas de cidre


Je sais, ça fait bien longtemps qu’on ne s’est vus, certains me pensaient dévorée par mes cochons d’Inde et d’autres s’imaginaient que je n’avais plus rien à dire, mais la vérité est ailleurs et ce n’est pas joli à voir.

Je me traîne, mes journées sont faites de choix plus cornéliens les uns que les autres, genre « Tiens, est-ce que je mange pour éviter de tomber dans les pommes ou est-ce que je garde de la place pour continuer à respirer ? », et la taille de mon ventre fait flipper l’échographe qui, du coup, me surveille tous les mois et me prédit un bébé tellement au-delà des courbes qu’il plane dans la stratosphère des statistiques… ce qui ne m’angoisse absolument pas concernant l’accouchement, mais alors pas du tout, vous imaginez.

Mais c’est les vacances, alors j’oublie tout et quoi de mieux que de traîner ses pieds gonflés et son dos à moitié bloqué pour de longues marches oxygénantes sur un sable trop mou pour le soutien de la voute plantaire, avec en prime le souci d’éviter la noyade à un fiston qui se prendrait bien pour un phoque à en juger par ses tentatives de roulé-boulé près des rouleaux tentateurs.
En règle générale, je n’aime pas la plage en été, alors vous noterez l’effort démesuré, tout ça pour que fiston puisse manger du sable et collectionner des plumes de mouettes mortes.

Je ne sais pas comment vous faites, vous, mais moi je ne possède pas le gène du phoque, et je n’aime pas les rouleaux. Je n’arrive jamais à dépasser cette fichue barre derrière laquelle l’eau est toujours calme. Je suis celle qui fait comme si elle allait venir et qui en fait, ben non, reste à barboter dans l’écume et vous regarde partir nager sans pouvoir vous rejoindre. Et, à moins d’aimer se retrouver avec l’équivalent de son poids en sable dans la culotte, le roulage dans l’écume ça va bien deux minutes et puis après, que reste-t il ? L’incontournable chorégraphie dite du grille-pain, un quart d’heure côté pile, un quart d’heure côté face, le tout en tenant son magazine sans se faire de l’ombre, et en gérant au mieux la répartition d’ensoleillement aux centimètres carrés, avec déplacement des bretelles et autres coutures fessières à intervalles réguliers. Autant dire qu’avec ma peau de rousse et ma tendance à l’allergie solaire, le grille-pain et moi c’est sous parasol avec un indice de protection à 3 chiffres.

Comme on avait trop chaud à Washington, on s’est dit qu’il fallait migrer vers le nord pour trouver un coin de plage sympa et supportable. Nous voilà donc dans le Massachusetts, dans le brouillard et la bruine un jour sur deux, avec des températures autour de 20°C.
Avant d’y choisir sa plage, il faut réfléchir, longtemps. Parce qu’entre celles qui nécessitent un abonnement pour la saison, celles desservies par des parkings à 20$ la journée et celles où ne peuvent se garer que les contribuables de la commune, le choix est stratégique. Nous, on est allé au plus simple et on s’est abonnés à celle qui est la plus proche de la maison qu’on a louée. Et ben on ne l’aime pas. Tant pis qu’on s’est dit, on va rouler un peu plus loin, c’est pas grave, on a payé l’abonnement. Ben non, parce que celle qui nous faisait envie n’est pas gérée par la commune, mais par les Parcs nationaux, donc ce n’est pas le même système, il faut repayer. Quand on sait qu’il faudra repartir au bout d’1h30 max pour tenter d’alimenter un fiston qui passerait volontiers ses journées un bib aux lèvres et n’arrive pas à piger l’intérêt de mâcher des trucs, on se dit que ça fait chérot de la minute.

Mais c’est les vacances et c’est bientôt terminé, alors je me la boucle et comme ils disent ici : Enjoy !

dimanche, mai 31

Châtié

Oui, je sais, les ponts printaniers ont eu raison de votre déprime saisonnière et vous ne pensez plus qu'a barbequiouter en rêvant aux vacances à venir. Le p'tit rosé était bien frais et la salade de fruits plutôt bonne mais ce n'est pas une raison pour ignorer les drames qui frappent le monde animal, bande de rien à péter.

Puisque aucune organisation œuvrant pour améliorer le sort des bébêtes n'a encore trouvé bon de sponsoriser ce blog, je ne vais pas me fatiguer non plus à vous donner mauvaise conscience, y'a pas de raison. Je préfère m'en tenir à la cause du malheureux carnivore domestique qui nous tient lieu de chat.
Je ne m'étendrai pas sur le sauvetage de la bête acculée et prostrée, réalisé en quatrième vitesse hier soir, pour arracher le misérable des pattes des deux chats d'en face venus lui chercher des noises jusque devant notre porte, l'humiliation a été totale. Bientôt deux ans de guerre des gangs et toujours le même constat : Chesapeake est à la bagarre ce que la serpillière est à la haute couture.

Hélas, il y a encore pire dans la vie de ce chat.

Chesapeake est devenu la tête de Turc d'un oiseau.
A peine posait-il sa patte dehors que le volatile reprenait en boucle son chant d'alerte, sonore et très fatiguant pour les nerfs. A croire qu'en cette saison de montage de nids en kits et ponte à gogo il n'avait rien d'autre à faire que glander devant notre porte d'entrée.
Quand je me suis rendu compte du manège, je me suis dit "Hé, hé, je connais un emplumé qui va passer un sale quart d'heure".
Mais le matou a continué sa vie, en faisant celui qui ne remarquait rien, toujours très poli.
Le Mockingbird, oiseau qui porte bien son nom, en a fait une affaire personnelle, ce chat devait en vouloir à sa descendance, il fallait s'en débarrasser.
Les choses se sont donc corsées pour notre benêt à rayures.
Le Mockingbird s'est lancé dans une campagne intensive de bombardements en piqué, visant de préférence l'arrière-train dudit benêt en train de regarder ailleurs, et ne voyant donc jamais rien venir. Les assauts laissaient peu de répit à notre chat zen, stoïque, assis à découvert et n'essayant même pas de se défendre. Je peux vous dire que ça faisait pitié.
S’il lui prenait l’envie de calmer le jeu en partant se faire oublier au bout de la rue, il le faisait sous les huées et les piqués, une fuite honteuse à la truffe de tout ce que le quartier compte de quadrupèdes et rongeurs domestiques, morts de rire devant ce spectacle.

Pensez-vous que le chat aurait déclaré "Non mais dis donc, laisse béton ou tu vas tâter de ma griffe" ?
Ou qu'il aurait fait celui qui ne voit rien, afin de tromper l'ennemi et de lancer à son tour une attaque éclair, intitulée "Opération édredon éclaté" ?

Ben non, le félin pas finaud a rabattu ses oreilles et attendu que ça passe.
C'est moi qui suis allé ouvrir la porte à intervalles réguliers pour le faire entrer et que l'oiseau rabatte enfin son caquet. Passés quelques jours, j'y suis même allée de mes secouages agressifs de torchons en courant dans le jardin et menaces verbales non-homologuées par la ligue végétarienne. C'est là que je me mise beaucoup sur l'absence de mes voisins immédiats.
Pour toute réponse, l'oiseau a continué à se moquer du monde en venant taper son bec à la porte fenêtre de la cuisine, pour persécuter le chat qui comatait à côté de ses croquettes. Limite Hitchcock.

Après une dizaine de jours à lâcher des remarques désobligeantes pour galvaniser le valeureux chasseur endormi très profondément chez notre ami le nigaud, quelque chose s'est produit.

Le Mockingbird a arrêté de se moquer, il a tout bonnement disparu du jour au lendemain, pfiout, évanoui, alors que ses congénères sont toujours là, un peu plus loin. Pas de plumes sur la pelouse, aucun témoin ni indice, le mystère est entier.
Interrogé, Chesapeake s'est muré dans un silence dédaigneux et n'a souhaité faire aucune déclaration.
La bête à moustaches aurait peut-être sa fierté malgré tout.

Mais quelque chose me dit que c'est un des deux chats d'en face qui a eu ras le bol du boucan et s'est déplacé en personne pour faire le sale boulot. Ça va se payer cher je sens.

lundi, mai 11

Happy two, coco


Hier, à coup de chocolat, bougies magiques et cadals censés l'occuper des heures durant (si si, même que si ça se trouve, c'est moi qui vais aller l'asticoter dans le salon parce que l'ennui m'aura fait perdre la tête), fiston est entré dans sa troisième année.

Qui dit anniversaire dit grandes réflexions, recherches préparatoires, rétro-planning, publipostage et nuits d'angoisse. Ou, si on se dit que c'est juste l'anniv des 2 ans et qu'on accepte l'idée de passer pour la mère flemmarde du quartier, on délègue à Justin une invitation très peu diffusée par email, et on achète des verres en plastiques décorés avec nappe assortie et hop, c'est la fête. Désolée pour le dresseur de perroquets ventriloques, je sais qu'il a été très déçu de ne pas être de la sauterie mais qui sait, tout peut encore arriver l’année prochaine.

Mais ce n'est pas parce qu'on se moque des cancans du playground qu'il faut pour autant négliger la pression. Oula, non. Elle est énorme. Jusqu'aux magazines pour parents qui font face à la pénurie de sujets printaniers en accumulant les conseils pour être l'hôtesse d'un birthday dégoulinant de perfection et de gâteaux à froufrous.
A force, mon esprit s'est troublé et je me suis retrouvée à écumer les blogs et forums spécialisés dans la préparation de l'anniv parfait. J'ai vaguement envisagé de construire une guirlande en tissu, à base de triangles découpés aux ciseaux cranteurs, c'était super beau sur la photo mais j'ai su me reprendre en visualisant une montagne de triangles effilochés et tout pouilleux à fixer sur une cordelette mochouille dégotée dans le garage. J'ai salivé devant les dizaines de verrines aux couleurs assorties à la déco du jour, mais elle n'est pas née celle qui fera avaler un mix comté-crevette à fiston. J'ai admiré les petits cadeaux réservés aux invités, home made par la maman qui ferait mieux de me revendre un peu de son énergie : jolis sacs, jeux de dominos peints sur galets et porte-clés personnalisés, mais là restons sérieuse deux minutes.

C'est sur le gâteau que ma raison a basculé. Mais c'est bien sûr, un gâteau d'anniversaire c'est autre chose que la tarte aux pommes du mercredi, il faut inventer, décorer, étonner même.
Mon choix s'est arrêté sur quelque chose qui me semblait moins périlleux qu'un château fort ou qu'un train avec wagons, j’ai nommé le gâteau en forme de chat, fiston étant complètement gaga de Chesapeake ça tombait bien comme idée. Je me suis dit "franchement, deux ronds, une queue et deux oreilles, ça doit pas aller chercher bien loin niveau technique", dixit celle qui ne saurait même pas faire un fraisier ou un truc un peu plus sophistiqué que le flan aux fruits, même si sa vie en dépendait. (C’est là que ceux qui ont déjà été nourris par mes soins s’exclament dans les commentaires « mais t’es folle lol, tu cuisines vachement bien, Justin a trop de la chance ;) »)

J'ai commencé à déchanter en trouvant un schéma de découpage pour ledit gâteau. Venaient ensuite les photos des multiples options pour décorer la bête, après assemblage. Et vas-y, lâche-toi sur le glaçage, fais des rayures, construis tes propres moustaches, amuse-toi à faire les petites souris qui font joli en pâte d'amande. Pour une néophyte du glaçage comme moi, une à deux répétitions avant le jour J étaient conseillées, pour se faire la main, et l'anniv étant prévu pour pas plus tard que deux jours après, ça faisait short et c'est à ce genre de détails qu'on voit la pro de l'anticipation.
Justin, qui m'avait quand même un peu forcé la main pour fêter l'évènement en public, a alors entrepris de me calmer sur cette affaire de chat et j'ai accepté de transiger : il faut savoir reconnaître ses limites, je ne ferais que la tête. Oui, mais où trouver les oreilles, et les moustaches ? Et le glaçage était toujours d'actualité.


Que de stress mes amis, que d'angoisse.
Deux jours plus tard la tête du chat s'est transformée en gâteau au chocolat, un rond décoré de mini meringues et ça ira bien comme ça, merci. Fiston a soufflé dix fois sur ses bougies magiques et j'ai risqué l'incendie en me précipitant à l'intérieur pour trouver un point d'eau et noyer ces cochonneries.

Allez, l'année prochaine ce sera gatal festif, avec glaçage et perroquets.




mercredi, mai 6

Il a vu la cigogne ou quoi ?

Fiston approchant à grands pas des deux ans, je dirais qu'en ce qui concerne l'art d'être parent, j'en suis arrivée à l'équivalent du flocon en ski alpin, voire de la 1ère étoile mais là, c'est un peu prétentieux.

Je ne crains plus de lui arracher un bras quand je lui enfile un tee-shirt.
Ca fait belle lurette que je n'angoisse plus sur les quantités avalées aux repas.
Quand je crie à 3 heures du mat' "Non, pas de biberon", et que j'enchaîne avec un "Regarde, c'est la nuit, je ne veux plus t'entendre sinon gare à toi", je ne culpabilise plus sur un éventuel trauma profond et irréversible causé par ce refus de réconfort nocturne.
En presque deux ans, j'ai appris mes basics, bain tiède pour la fièvre, arnica sur les bobos et câlins pour chasser les cauchemars.

Mais c'est là que tout se complique, comme en ski. On sait tourner, freiner, pff, trop facile, à moi le mur de bosses et bonjour la civière.

Avec fiston, tout pareil. Ayé, je maîtrise la bête, caprices, colères, même pas peur, l'attention se relâche et tout se barre en cacahuète.
Prenez il y a quelques semaines.
Tout allait bien, les nuits étaient longues et complètes, les siestes idem, l'humeur générale plutôt guillerette et les repas se rapprochaient d'une alimentation variée.
Ce ronron de bien-être m'a endormie.
Paf, du jour au lendemain, les nuits sont devenues un enfer, le biberon a fait un retour en force (4 à 5 par jour, donc plus de repas), des chouinasseries sans fin, une mère passablement agacée, ajoutez à ce tableau une météo des plus pourries et vous aurez une idée de nos journées.

Rencontre au sommet de l'escalier entre les parents abrutis – il était vers les deux heures du mat' – verdict : ça ne peut être que les dents parce que a + b = c.

Nous dolipranâmes consciencieusement, sans succès.
Puis un nouveau symptôme est apparu.
Puisque sa boulimie de biberons et ses besoins de câlins ne semblaient pas suffire, fiston s'est mis à réclamer l'album photo de sa 1ère année à longueur de journée, commentant chaque cliché d'un "bébé !" tonitruant.
Certes.

Brainstorming parental à la fin d'un dîner. Régression du fiston, OK, mais pourquoi, comment, et jusqu'à quand ? Super Dolto, vole à notre secooouuurs.

Les jours ont passé sans solution miracle et fiston a continué à s'agripper à moi en pleurant à chaque coucher. Son album photo le suivait comme son ombre et seul le héros Caillou l'intéressait dans ses livres parce que lui, au moins, c'est un bébé, un vrai, alors que Petit ours brun, c'est rien qu'une peluche qui fait genre.

Les jours ont passé donc, la fatigue a pris de plus en plus de place et j'ai commencé à me dire "Tiens, tiens… Est-ce que ça pourrait être que ?"

Un test de grossesse plus tard, j'ai enfin compris le pourquoi du comment de ces "bébés" à tout va et de cette angoisse soudaine de fiston. Il savait. Avant nous.

Il a suffi qu'on lui confirme la nouvelle et qu'on lui explique les choses de la vie pour que tout rentre dans l'ordre… puisqu'on était au courant c'était plus la peine qu'il se fatigue à nous prévenir et l'album photo a pu repartir sur son étagère.
Il continue quand même à me montrer les plus petits que lui dans la rue et à m'informer que ce sont des bébés, des fois que d'ici l'automne j'oublie à quoi ça ressemble.
Et comme c'est un fiston qui a le cœur sur la main et n'hésite pas à donner de sa personne, il s'applique à nous réveiller au moins une fois chaque nuit, en variant les durées de rendormissement, pour nous remettre dans le bain.

Il y en a qui se vantent de murmurer à l'oreille des chevaux, c'est nase, moi sans le savoir je susurre à l'inconscient du fiston.