mardi, octobre 28

J'ai le bras long

Allez, cette fois c'est parti, l'hiver arrive. Le chauffage est en route et j'ai dû racheter des mouchoirs en papier, si c'est pas une preuve ça.
Et que fais-je aux premiers frimas ? J'ouvre le placard de la chambre et je revisite mon petit musée des horreurs.

Il y a le choix : entre les deux pulls beiges qui sont feutrés depuis un bête accident de machine l'année dernière, les pleins de bouloches, les troués, le turquoise horrible qui ne me va pas du tout et que Justin déteste mais qu'était pas cher, les jolis qui résistent mais qui sont synthétiques et tout le monde sait que l'acrylique ça ne réchauffe personne, les super décolletés parce que c'était la mode et qu'un col qui couvre à peine le nombril c'est bronchite assurée, celui que j'aime bien mais dont les manches sont trop courtes, pour résumer la situation, c'est la dèche, je n'ai plus rien à me mettre. Là je sanglote.

Après un tour rapide mais néanmoins exhaustif – trois boutiques – de ce qu'offre my beautiful city, les bras m'en tombent, ce qui est au final est assez pratique car tous les pulls croisés dans les vitrines n'ont pas de manches, ou à peine.
Je n'ai jamais été abonnée à Elle et je ne suis pas très au fait de ce qui se fait, mais là quand même… ça me semble aussi bien pensé que les maillots de bain tricotés au crochet qui ont fleuri sur tous les bords de mer.

Ce matin il faisait 5°c. Je suis censée mettre un pull à manches ultra courtes, avec un tee-shirt à manches ¾ en dessous ? Ah oui parce que, en plus, pour dégoter un tee-shirts à manches longues c'est quasi sans espoir. Et pour que mon look soit au top, était-ce bien utile de tailler ces pulls à hauteur de nombril ou de genoux, avec à peu près rien entre les deux ? Je pose la question parce que là, moi pas comprendre et moi un tout petit peu énervée.
La vaccination contre la grippe est limite obligatoire dans ce pays, certes, mais est-ce une raison pour obliger les femmes à grelotter bras nus ? Ah mais si, bras nus, parce que la plupart des manteaux ne couvrent pas au-delà du coude et n'ont que deux boutons à tout péter, c'est plus joli comme ça.

Il faudrait préciser aux hommes qui dessinent les vêtements que nous, les femmes, ne sommes pas magiquement télé transportées vers nos lieux de travail surchauffés et que de nos chez nous au métro, bus, garage, crèche, bureau, supermarché etc., il y a le dehors. Merci.


samedi, octobre 25

Toy story

Nous l'avons échappé belle.

Au moment de la naissance de fiston, une bonne fée américaine lui a offert un chaton en peluche.
La belle affaire, me direz-vous. Et bien non, pas jolie-jolie justement, car vlà-t'y-pas qu'un an plus tard ce beau geste s'est révélé empoisonné, encore plus fourbe que le coup de la pomme offerte à Blanche Neige par la sorcière.
Judy, si tu me lis, non, je ne te traite pas de sorcière, c'est une métaphore franco-grimmesque, je t'expliquerai.

Pourquoi m'en prendre à ce pauvre chaton qui a priori ne m'a rien fait quand je laisse Chesapeake s'en tirer à bon compte alors qu'il continue à semer ses poignées de poils partout et que les rares fois où il daigne s'en occuper, c'est pour mieux les vomir sur le tapis ?
Mais parce que le chaton est devenu en l'espace de quelques jours le doudou. Oui, the fiston's doudou, l'officiel.

Et si je vous dis que notre chère amie américaine est tombée en amour de cette peluche toute mignonne alors qu'elle était de passage à Londres, vous comprendrez mieux le problème.

J'ai assisté impuissante à l'attachement de fiston. J'ai eu beau essayer de faire diversion - le petit chien avait dû lui dire un truc pas sympa et l'enfant a la rancune tenace, alors oust le chien, l'éléphant était trop rugueux ou alors c'est sa trompe qui ne lui revenait pas mais niet, et le grelot du lapin lui tapait sur les nerfs, je n'ai rien pu faire, le chat s'est installé dans le rituel du soir, acclamé par un "miaou" perçant du fiston tout heureux de le retrouver et de l'enlacer pour s'endormir.
Le mois d'août en France a été la consécration, le copain incontournable qu'on retrouve quand tout change sans arrêt et qu'on ne reconnaît plus rien. J'aurais pu lui acheter tous les poneys de la création, c'était trop tard, le couronnement du doudou avait eu lieu et voilà.

C'est ma marraine qui m'a mis la puce à l'oreille.
Tu en as un autre de rechange, au cas où ?
Au cas où quoi ? Les périls qui guettent tout doudou qui se respecte ont défilé sous mes yeux: un oubli, un accident de Kenmore, un vol, un enlèvement et que sais-je encore, une fugue même pourquoi pas.
En interrogeant les parents de jeunes enfants autour de moi, j'ai réalisé que j'étais vraiment l'inconsciente de service et que si j'avais eu de la chance jusqu'ici, ce n'était pas la peine de tenter le diable. Deux versions de doudou identiques et interchangeables, c'est le minimum. Trois pour être tranquilles. Quatre pour les anxieux ou les grandes familles. Cinq pour être vraiment sûrs. Six c'est extrême mais ça ce pratique.
Je l'aurais bien fait tatouer mais le véto a refusé.

Donc, en route pour dégoter le jumeau du chaton londonien. Heureusement, il avait été acheté dans un grand magasin facile à identifier : un badge sur la poitrine de la peluche qui dit "my first Harrod's kitten" – ce qui m'avait bien fait ricaner en recevant la bête, sur le thème, et vous noterez au passage l'ironie implacable de mon existence : "vu comme il est beau c'est sûr que je vais courir à Londres m'en payer toute une tripotée", la même inscription brodée sous une des pattes de l'animal au cas où l'acheteur soit un peu lent à la comprenette, et l'étiquette arborant le logo du magasin cousue sur le côté. Avec tout ça, j'ai cru que c'était un cadeau publicitaire, ouarf suis-je bécasse parfois.
Sur le site internet, j'ai dégoté la bête, chérotte mais que n'est-on prêts à faire pour sauver ses soirées ? Je garnis mon panier, je remplis mes coordonnées postales et bancaires et alors là, tout le bien que je pensais des nouvelles technologies est allé rejoindre celui que j'ai pu penser de l'electro-ménager américain, il y a de ça bien longtemps c'est vrai.
Les frais de port d'un pov machin de 214 grammes ont presque quadruplé le montant, aboutissant au prix du gramme le plus élevé depuis l'invention de la peluche synthétique. Ils me l'envoient en hélico le chaton ou quoi ?

Et voilà comment un geste tout plein de bonnes intentions s'est révélé empoisonné.

Mais comme on est pleins de ressources, on a débusqué un ami qui allait être de passage à Londres et qui, parce que sa générosité n'a pas de bornes, a accepté d'aller se faire écraser les arpions et subir les tentatives d'étouffement par foule en délire devant le sanctuaire dédié à Dodi et Diana, tout ça pour que fiston puisse dormir tranquille avec son chaton qui n'a même pas de nom.
Jonathan : remerciements, reconnaissance et tout le toutim mais bon, tu aurais pu en prendre deux… c'est malin, il va falloir que tu y retournes.

mercredi, octobre 1

Sur les bancs publics


Laissez-moi vous parler de ma découverte des squares à la française.

Au bout de trois-quatre jours à courir derrière un bipède plus qu'enthousiasmé par ses nouveaux super pouvoirs de marcheur – et une fois passée la bouffée de nostalgie sur le thème "ici je me serais déjà fait des copines" – je me suis mise à regarder autour de nous.
Déjà, on n'imaginerait pas, mais s'aventurer dans le bac à sable c'est comme se transformer en gladiateurs jetés dans la fosse aux lions : on a le droit de pousser, de pincer, d'arracher les jouets ou les cheveux, surtout si la nounou regarde ailleurs, et lancer des poignées de sable. Peu nombreuses sont les interventions pour expliquer qu'il faut apprendre à partager et que non, ce n'est pas fair play d'aveugler son adversaire.
Fiston, habitué aux interventions toutes enrobées de politiquement correct à l'américaine, en est resté comme deux ronds de flan. Personne pour s'assurer qu'il allait bien, pour s'excuser platement, lui refiler la carte d'un bon avocat ou lui rendre le jouet injustement arraché. Enfin si, moi, mais je me suis sentie un peu seule.

Mais si au square les enfants se tapent, s'éclaboussent, trichent et deviennent meilleurs copains en quinze secondes, pas de quoi fouetter les pigeons.
Le pittoresque est plutôt à chercher du côté de la mère de famille.

Prenons d'abord le cas un peu à part de la femme enceinte, déjà mère parce que sinon on ne voit pas bien ce qu'elle ferait à passer ses aprèm au square.
La femme enceinte américaine est toute dévouée à son ou ses enfants, limite elle fait comme si elle n'avait pas mal au dos ou les jambes enflées. Elle court, chante, pousse les balançoires, certaines vont même jusqu'à se plier dans le toboggan avec le petit dernier. La femme enceinte américaine – enfin, celle qui ne reste pas planquée chez elle en repos obligatoire, est sportive et mange au moins cinq fruits et légumes par jour.
La femme enceinte française est contente parce que sa meilleure copine est enceinte en même temps qu'elle. Du coup, elle vont au square avec leurs enfants et elle font comme si ils n'existaient pas, le temps de se détendre, assises sur un banc, et de papoter en se fumant une bonne clope. La femme enceinte française n'est pas très branchée fruits de saison.

Et quand elle commence à en avoir assez des sollicitations permanentes de ses enfants, la mère de famille américaine inspire, se greffe un sourire épanoui et redouble d'efforts pour que sa progéniture s'occupe seule quelques minutes pour pouvoir décompresser en culpabilisant de ne pas se donner à 200 %. La mère de famille américaine refoule.
La mère de famille française, elle, régale ses voisines de banc d'un tonitruant "Jennifer je te préviens, si tu n'arrêtes pas de me faire ch… je t'en colle une et tu viendras pas chialer". La mère de famille française se défoule.





edit : merci pour les messages sur le thème "quand te reverrai-je, blog merveilleux". J'apprécie.