samedi, octobre 25

Toy story

Nous l'avons échappé belle.

Au moment de la naissance de fiston, une bonne fée américaine lui a offert un chaton en peluche.
La belle affaire, me direz-vous. Et bien non, pas jolie-jolie justement, car vlà-t'y-pas qu'un an plus tard ce beau geste s'est révélé empoisonné, encore plus fourbe que le coup de la pomme offerte à Blanche Neige par la sorcière.
Judy, si tu me lis, non, je ne te traite pas de sorcière, c'est une métaphore franco-grimmesque, je t'expliquerai.

Pourquoi m'en prendre à ce pauvre chaton qui a priori ne m'a rien fait quand je laisse Chesapeake s'en tirer à bon compte alors qu'il continue à semer ses poignées de poils partout et que les rares fois où il daigne s'en occuper, c'est pour mieux les vomir sur le tapis ?
Mais parce que le chaton est devenu en l'espace de quelques jours le doudou. Oui, the fiston's doudou, l'officiel.

Et si je vous dis que notre chère amie américaine est tombée en amour de cette peluche toute mignonne alors qu'elle était de passage à Londres, vous comprendrez mieux le problème.

J'ai assisté impuissante à l'attachement de fiston. J'ai eu beau essayer de faire diversion - le petit chien avait dû lui dire un truc pas sympa et l'enfant a la rancune tenace, alors oust le chien, l'éléphant était trop rugueux ou alors c'est sa trompe qui ne lui revenait pas mais niet, et le grelot du lapin lui tapait sur les nerfs, je n'ai rien pu faire, le chat s'est installé dans le rituel du soir, acclamé par un "miaou" perçant du fiston tout heureux de le retrouver et de l'enlacer pour s'endormir.
Le mois d'août en France a été la consécration, le copain incontournable qu'on retrouve quand tout change sans arrêt et qu'on ne reconnaît plus rien. J'aurais pu lui acheter tous les poneys de la création, c'était trop tard, le couronnement du doudou avait eu lieu et voilà.

C'est ma marraine qui m'a mis la puce à l'oreille.
Tu en as un autre de rechange, au cas où ?
Au cas où quoi ? Les périls qui guettent tout doudou qui se respecte ont défilé sous mes yeux: un oubli, un accident de Kenmore, un vol, un enlèvement et que sais-je encore, une fugue même pourquoi pas.
En interrogeant les parents de jeunes enfants autour de moi, j'ai réalisé que j'étais vraiment l'inconsciente de service et que si j'avais eu de la chance jusqu'ici, ce n'était pas la peine de tenter le diable. Deux versions de doudou identiques et interchangeables, c'est le minimum. Trois pour être tranquilles. Quatre pour les anxieux ou les grandes familles. Cinq pour être vraiment sûrs. Six c'est extrême mais ça ce pratique.
Je l'aurais bien fait tatouer mais le véto a refusé.

Donc, en route pour dégoter le jumeau du chaton londonien. Heureusement, il avait été acheté dans un grand magasin facile à identifier : un badge sur la poitrine de la peluche qui dit "my first Harrod's kitten" – ce qui m'avait bien fait ricaner en recevant la bête, sur le thème, et vous noterez au passage l'ironie implacable de mon existence : "vu comme il est beau c'est sûr que je vais courir à Londres m'en payer toute une tripotée", la même inscription brodée sous une des pattes de l'animal au cas où l'acheteur soit un peu lent à la comprenette, et l'étiquette arborant le logo du magasin cousue sur le côté. Avec tout ça, j'ai cru que c'était un cadeau publicitaire, ouarf suis-je bécasse parfois.
Sur le site internet, j'ai dégoté la bête, chérotte mais que n'est-on prêts à faire pour sauver ses soirées ? Je garnis mon panier, je remplis mes coordonnées postales et bancaires et alors là, tout le bien que je pensais des nouvelles technologies est allé rejoindre celui que j'ai pu penser de l'electro-ménager américain, il y a de ça bien longtemps c'est vrai.
Les frais de port d'un pov machin de 214 grammes ont presque quadruplé le montant, aboutissant au prix du gramme le plus élevé depuis l'invention de la peluche synthétique. Ils me l'envoient en hélico le chaton ou quoi ?

Et voilà comment un geste tout plein de bonnes intentions s'est révélé empoisonné.

Mais comme on est pleins de ressources, on a débusqué un ami qui allait être de passage à Londres et qui, parce que sa générosité n'a pas de bornes, a accepté d'aller se faire écraser les arpions et subir les tentatives d'étouffement par foule en délire devant le sanctuaire dédié à Dodi et Diana, tout ça pour que fiston puisse dormir tranquille avec son chaton qui n'a même pas de nom.
Jonathan : remerciements, reconnaissance et tout le toutim mais bon, tu aurais pu en prendre deux… c'est malin, il va falloir que tu y retournes.

5 commentaires:

Kine a dit…

je suis morte de rire. Désolée de ne pas être si poétique dans mes comms que toi dans ton texte, mais j'aime vraiment te lire!
On a perdu le doudou (koala australien!) de fiston quelques mois avant le déménagement. Naïve, j'espérais le retrouver en faisant les cartons, mais que nenni. Heureusement, il y avait un tigre (tout tickly, comme il dit) qui a bien voulu remplacer Koala. Maintenant, vu l'âge de fiston et son imagination débordante, on a Calvin and Hobbes pour de vrai à la maison!

Anonyme a dit…

Encore un truc que les américains ne peuvent pas comprendre le casse-tête du doudou, ici les marmots se trainent avec une couverture toute cracra. Moi fiston, j'ai orienté son choix quand il avait 7/8 mois et j'ai envoyé ma maman refaire le plein chez Aubert (la collection était encore disponible, et même soldée). Maintenant, ma crainte, c'est qu'il change de doudou ;-)

Anonyme a dit…

Moi j'ai essayé d'être prudent. Tancrède aime son lapin sur sa salade. Ok j'en achète quatre autres afin d'avoir la paix. Je suis content car 6 mois après impossible d'en trouver.
Je pensais avoir assuré mais entre le premier lapin et les suivants, ils ont changé la fabrication. Encore une idée d'un sombre crétin dans son bureau.
Je m'explique, les lapins suivants ont des oreilles qui font du bruit et un grelot dans le ventre.
La réponse tombe implacable : c'est pas le bon.
Allo maman, urgence j'ai besoin d'une opération à ventre ouvert et aussi des oreilles tant qu’on y est.
Opérations faites, verdict :
c'est pas le bon.
Les enfants ont un 6ième sens. Les quatre autres ne servent qu'à jouer avec le premier, ils se racontent des histoires de lapins je suppose.
Bon, maintenant on complique l'histoire.
De peur qu'il ne perde le lapin, l'animal est interdit de sortie sauf pour les grandes occasions : vacances et vaccins. Et dans ces cas, il ne sort que sous escorte c'est à dire dans une de mes poches fermée.
Mais voilà Tancrède était gardé aussi dans une autre famille où forcement son lapin ne pouvait aller, rapport à son interdiction de sortie du territoire.
Voilà mon petit gars qui s'entiche d'un autre lapin, bleu celui là.
Fin de la garde partagée, retour à la maison avec ses petites affaires.
Résultat, maintenant il lui faut le lapin vert, rapport à la salade, et le lapin bleu pour s'endormir. Et quand il les perd pendant la nuit, me voilà reconverti en chasseur de lapins vert et bleu, ce qui n'est pas facile car la nuit tous les lapins sont gris.
Vincent

l a dit…

heck, why not three? : ) - Jonathan

Anonyme a dit…

Comment ? Mère indigne ! Tu n'a spas fait l'acquisition des sacrosaints 10.000 doudous identiques ?
Le jour où Quentin a jeté son dévolu sur Doudou-Lapinou, sa grand-mère maternelle s'est empressé d'aller en acheter 4 autres (dont le modèle a bien entendu changé depuis l'achat initial...) Le but étant que Quentin croit toujours avoir qu'un seul doudou, mais qu'on puisse les changer et éviter ainsi d'avoir ls services sanitaires sur le dos pour cause d'odeurs insoutenables...
Jusqu'au jour ou Quentin, lors d'une de ses longues surveillance de la machine à laver en plein travail, constate qu'il y a un doudou dans la machine et un autre dans sa main...
euh... oui... comment dire... c'est simple, en fait, y'en a deux...

Maintenant, Quentin sait qu'il y a doudou et "l'autre doudou", et, des fois, quand il est de bonne humeur ou qu'il n'en peut plus, il nous demande de laver le doudou et qu'on lui donne l'autre doudou...

Ca fait plus d'un an et demi qu'il a adopté Doudou-Lapinou et ne veut en aucun cas en changer ! ouf ! (c:


Toujours un plaisir de te lire.
Et ton aventure me rappelle une histoire de ski... (c;

Biz'
Fabien