mardi, décembre 25

(Le mauvais) esprit de Noël

Bon, je vous assure que j’ai essayé. J’ai fait le tour des illuminations du quartier, traîné dans les magasins en écoutant 36 versions de Jingle Bells en boucle mais y’a rien à faire, le spirit n’est pas avec moi.

Alors, faute de m’escagasser le cerveau sur tous les cadeaux que je n’ai pas encore trouvés, je préfère me poser des questions existentielles genre, est-on vraiment obligés de filer un chèque d’étrennes au type qui nous balance le Washington Post tous les matins ? Parce qu’alors, c’est la porte ouverte à toutes les fenêtres si je puis dire. C’est comme à Paris où le facteur passait dans tous les apparts, plusieurs soirs de suite si il le fallait pour vous coincer et tenter de vous refourguer son calendrier dont la mocheté n’a d’égal que la pertinence des informations situées dans son cahier central – si on a pas internet, on a le bottin, alors le numéro des pompes funèbres générales par arrondissement merci mais non.
Je vous entends vous exclamer « Mais c’est la tradition, il faut donner aux éboueurs, aux pompiers et aux facteurs ».

Pour les éboueurs, je ne dis pas non parce que je suis bien contente qu’ils fassent le boulot et qu’en plus je suis sûre qu’ils sont mal payés, et puis parce qu’il faut bien que je dise que je donne à quelqu’un sinon je vais passer pour la sale radine qui éteint la télé et se fige pour ne pas faire craquer le parquet quand vient l’heure de la quête – quoi, qui a dit « ça sent le vécu » ?

Les pompiers, déjà c’est plus discutable parce qu’à Paris ils sont professionnels, militaires même, alors à ce train là il faudrait aller filer quelques biftons aux gendarmes alors qu’on n’a même pas grillé un feu, et puis quoi encore. « Oui mais ils font un métier vachement dangereux et des fois ils meurent pour nous sauver la vie ». Et d’un, je ne vois pas le rapport. Le mec qui nettoie les vitres à La Défense risque aussi sa vie pour soulager votre myopie et pourtant vous ne lui donnez rien, juste un regard en râlant parce que maintenant vous êtes deux à savoir que vous êtes scotché sur Myspace dès 9h du mat. Je n’ai jamais, Chesapeake m’en est témoin, forcé personne à devenir pompier, a priori c’est un métier qu’ils ont choisi alors basta. Et de deux, la seule fois de ma vie où j’ai eu affaire aux pompiers parisiens - je les ai appelé au milieu de la nuit il y a quelques mois parce que mon octogénaire de voisine du dessus s’était cassé la margoulette et appelait au secours enfermée chez elle, et bien je peux vous dire qu’ils n’ont pas traité la femme bien enceinte que j’étais très aimablement et que la mamie, certes désagréable mais vieille, a été rembarrée avec une désinvolture qui n’était pas raccord avec le beau casque rutilant. Donc les pompiers, niet.

Quant au facteur, là je rigole parce que l’année dernière je ne lui ai pas envoyé dire. Non, je ne suis pas allergique aux fonctionnaires et je n’ai rien contre tout ce qui touche de près ou de loin au courrier postal. Je me sentirais même solidaire sur plusieurs fronts voyez, comme le fait d’être sous(pas)-payée et de passer pour une fainéante aux yeux de beaucoup alors que bon, s’occuper d’un bébé à plein temps fait de vous une loque humaine à la résistance nerveuse salement éprouvée et au dos brisé, voilà c’est dit.
Mais là, rien à voir avec des efforts mal récompensés. Il fallait vraiment être gonflé à l’hélium pour se pointer sur les paliers. Je m’explique : j’habitais un immeuble de 110 appartements, répartis entre 7 cages d’escaliers de 8 étages. Et en quoi consistait la tâche matinale du facteur, qui n’est pas payé aux pourboires, dois-je le rappeler ? A déposer ses énormes sacs de courrier à la loge de la gardienne, à charge pour elle de trier et de se taper tous les escaliers pour déposer les enveloppes sur les paillassons because l’assemblée des copropriétaires n’a jamais voulu entendre parler de boîtes aux lettres, mais là n’est pas le sujet. Alors le facteur (qui ne se fatiguait pas non plus à sonner pour les recommandés puisque la gardienne a mis en place un système de procuration pour réceptionner à la place de ses gentils résidents), il pouvait toujours se brosser pour voir l’ombre d’un billet. Mais la gardienne, alors là oui, et pas qu’un peu, la pauvre.

Mais attention, je suis peut-être une horrible radine de mauvaise foi, je n’en reste pas moins un cœur tendre. Alors à tous, un joyeux Noël, happy Hanukkah, radieux éternuement du Bouddha et que Ganesh soit avec vous. Et au fait, non, pas la peine de me remercier, je n’ai pas eu le spirit, alors les cadeaux on verra ça l’année prochaine.

3 commentaires:

Yibus a dit…

hello Marie, je vois que tu as repris du poil de la bête depuis ton indigestion de sursocialisation sauce américaine. J'ai bien une solution qui vaut ce qu'elle vaut, hein ?, contre les étrennes en tout genre. On part manu miliari dans le grand sud dès demain, pendant une semaine pour éviter le regard -comment dire ?- insistant du porteur du Wsh Post et du NY times du dimanche. Au fait, quelqu'un pourrait-il venir chercher les journaux pendant mon absence, à cause des voleurs potentiels ? Laisser la lumière allumée ne devrait pas suffire à les décourager. Et promis, il aura de belles étrennes...

Marie a dit…

Je prends note de cette solution pour l'année prochaine et très bonnes vacances à vous.

Unknown a dit…

Marie,
A Paris on s'est moqué de moi parce que j'ai voulu tiper le livreur du Monde pour la nouvelle année...
Ca prend du temps de s'ajuster.