jeudi, février 28

Le casse du siècle

Comme cela a été précisé dans un épisode précédent, Raymond, l’écureuil acrobate, a fait l’école du cirque, option trapèze.

Ce petit truc en plus lui a permis, dans un premier temps, d’atteindre à l’aise la mangeoire disposée dans un arbre pour les oiseaux suralimentés du quartier.

On a essayé de le contrer, mais Raymond a survolé l’épreuve du câble faisant pendre les graines à cinquante centimètres de toute branche et comme, en plus, ce morfal n’en laissait pas une miette, ça a commencé à nous agacer.

Chesapeake a été envoyé, non pas pour lui faire le coup du boulotteur boulotté, mais pour lancer un signal stratégique fort, un message subliminal et angoissant : « Attention, chat de la maison rode, grand danger, urgence à trouver un autre resto ». Mais ce benêt de Chesapeake, autant il n’est pas contre l’idée de rendre service de temps en temps, autant là, non.

Evitez de le répéter à n’importe qui, mais notre chat a peur de Raymond. Est-ce de s’être retrouvé bloqué dans un arbre après l’avoir pourchassé juste après notre arrivée ici ? Le mystère reste entier. Si Chesapeake sort prendre le frais dans le jardin et aperçoit l’écureuil, il se fige, limite il arrête de respirer pour faire moins de bruit. Le temps de s’assurer qu’il n’a pas été repéré et il se précipite vers l’issue de secours la plus proche. Après ça, l’ego de notre félin est comme piétiné par une horde de mouettes ricanantes, il lui faut de longues heures de sommeil, si possible au soleil ou, au pire, près d’un radiateur, pour rassembler un semblant de dignité et être en état d'affronter nos sarcasmes.

Ne pouvant donc compter que sur lui-même, Justin a rallongé le câble, et repoussé la mangeoire encore plus loin de toutes branches latérales.

Raymond a rappliqué sans attendre, a examiné la situation, a essayé à peu près tous les accès et a dégringolé de sa branche un bon paquet de fois avant de s’avouer vaincu. Il ne lui restait plus qu’à manger les graines tombées au sol, honte absolue, sort de quadrupède quand lui se croyait voltigeur.

Je pensais que l’affaire en resterait là, mais j’avais mal jugé le psychopathe qui nous tient lieu d’écureuil attitré.


Raymond était amer, la défaite en travers du gosier.

Raymond a fait des centaines de schémas, des dizaines de simulations.

Raymond est revenu de nuit, pour s’entraîner en douce.

Ça a pris le temps que ça a pris, mais Raymond tient sa vengeance.

















samedi, février 23

Darla dirla dada

Pour passer des vacances autres que chez moi ou chez des gens assez aimables pour m’accueillir, je connaissais :

- le camping avec de l’eau chaude dans la douche si et seulement si tu as pensé à prendre une pile de pièces sinon ça va être du rapide. Je n’ai survécu à cette semaine-là que grâce aux Anglais de la tente d’à côté, ceux qui faisaient le tour des plages françaises à vélo et qui refilaient du jambon en boîte pas très bon mais qui tombait bien quand même parce qu’avec ma pineco, soi-disant pro du camping, on n’avait pas pensé au réchaud.

- l’hôtel de 3 527 chambres en Espagne. Une piscine taillée dans un timbre poste et un barman qui croyait que je lui demandais de la drogue à chaque fois que j’avais le malheur de vouloir un chocolat frappé – soi-disant que chocolate ça voudrait dire autre chose. Au bout du cinquième clin d’œil lourdingue suivi de ricanements, je suis passé au jus d’orange. C’est dans cet hôtel que j’ai appris les rudiments de la valse avec des vieux nostalgiques qui répétaient que du temps de Franco c’était quand même autre chose.

- l’appart loué entre potes à la Grande Motte. Là c’est simple, tout est immonde, c’est le Tchernobyl de l’esthétisme. Du carrelage de la micro-kitchenette – qui ne doit son nom qu’à l’évier sous-dimensionné coincé derrière la porte d’entrée, jusqu’au bord de mer – où tu n’es bien que dans l’eau, dos à la plage : dès que tu te retournes face aux immeubles les plus moches de l’Univers, tu pleures. Mais on s’est bien marré quand même parce qu’on était jeunes et qu’on n’avait pas de quoi se payer un truc mieux dans un endroit un peu beau, et puis en plus on s’en foutait pas mal.

Il manquait à cette liste non-exhaustive des vacances les plus intéressantes que vous n’ayez jamais connues, le séjour en resort.
C’est tout un concept le resort, entre l’hôtel et le club de vacances, mais avec quelque chose en plus, le resort spirit j’appellerais ça si on me demandait ce que j’en pense.

En principe, le resort est grand, c’est un peu à ça qu’on le reconnaît. Celui que nous avons découvert, à Puerto Rico, a 600 chambres, pour vous donner une idée des proportions. Quand on est Directeur de resort, on veut que les gens restent sur place car dès qu’un touriste décide d’aller visiter par lui-même, c’est un peu comme si vous fraisiez une dent sans anesthésie au Directeur, ça lui fait mal. Pourquoi ? Mais parce que les sous que ce touriste aventureux va dépenser tout au long de sa journée n’iront pas dans ses caisses, horreur, malheur.

Donc, le Directeur s’est donné un mal de chien pour que vous ne quittiez pas son domaine. Et comme vous êtes censé vous y détendre en oubliant que votre banquier vous harcèle et que vous êtes au bord du gouffre, le resort est un monde parallèle, on ne parle pas d’argent parce que c’est vulgaire et on part du principe que vous en avez, des tas, sinon vous seriez au camping qui n’a pas d’eau chaude. Donc, lâchez-vous, tout est en « room charge », on donne son numéro de chambre, on signe un papier minuscule, et c’est tout. Lâchez-vous on vous dit.

Pour votre convenance vous trouverez, entre autres :
- huit restaurants, plus ou moins spécialisés et plus ou moins habillés. Quand on a jeté un coup d’œil aux prix affichés sur les menus, on se dit que la diète a du bon.

- une bakerie, où vous boirez le plus mauvais expresso de la côte est de Puerto Rico, on n’a pas essayé la côte ouest donc on ne peut pas s’avancer mais la barre est haute.

- deux bars intérieurs et un bar extérieur qui ouvrent dès l’aube parce qu’il y en a qui prennent les vacances très au sérieux.

- un casino, si jamais vous étiez en manque.

- un jardin avec promenade le long de la plage, option fendage de crâne par noix de coco.

- un golf, option éclatage de boîte crânienne par balle perdue.

- deux piscines, une pour les familles et une réservée aux adultes. Non, on n’est pas autorisés à s’y baigner tout nu, ce n’est pas du tout resort spirit ça.

- un spa. Pendant une des crises d’angoisse des bichons maltais d’à côté, j’ai pris le temps de lire l’annuaire des services offerts et c’est Byzance. J’étais assez tentée par l’« harmonie océanique », me faire masser au soleil couchant sur la plage, avec le bruit des vagues et le ronron des moustiques en fond sonore, mais le tarif du dixième de seconde était un chouïa au-dessus de mon budget global.

- un club qui s’occupe des enfants, pas de bol, c’était à partir de 4 ans. On a bien essayé d’y inscrire fiston, l’air de rien, mais la gentille animatrice soutient qu’à 4 ans un enfant ça marche. Le resort cultive le sens du détail.

- des animations journalières, bingo en tête, ce qui vous donne une idée de la moyenne d’âge des occupants des serviettes de la piscine adulte.

- un parking au tarif parisien, censé vous décourager de louer une voiture pour aller voir ailleurs et y manger à prix normal, horreur, malheur.



jeudi, février 21

Capri, c'est fini

Nous voilà rentrés depuis plusieurs jours alors autant s’y faire, c’est la fin des cocotiers.

« Alors, c’était comment ? » Des vacances au soleil, un hôtel au bord de la mer avec un jardin magnifique et deux piscines, une plage avec des chaises longues placées perpendiculairement à la mer, face au soleil, et des parasols qu’on ne se donne même pas la peine de déplacer, ça ferait de la peine au garçon de plage qui n’attend que ça. Si j’ai dépeint correctement le tableau, vous comprendrez que c’était pas mal.

« Vous vous êtes bien reposés ? » Ah…, parce que c’était ça le but ? Ben non alors. Pourquoi donc ? Voyons, soyons originaux, fiston a célébré la venue d’une nouvelle quenotte en sacrifiant le sommeil parental et en se faisant sourd à toutes nos menaces. A une situation déjà au top sont venus s’ajouter nos charmants voisins de chambre, indécrottables sentimentaux qui n’avaient pas pu se résoudre à laisser leurs deux bichons maltais à la maison tant ils les aiment. Mais pas au point de les emmener avec eux à la plage ou au restaurant – faut pas exagérer, l’amour des bêtes a ses limites – donc les gentils toutous ont hululé leur envie de sortir jusqu’à très tard dans la nuit, et puis l’après-midi aussi, juste à l’heure de la sieste. J’ai ainsi pu passer quelques heures de veille forcée à peaufiner des façons d’accommoder le bichon maltais qui me vaudraient bien une étoile au Michelin si j’avais réussi à me procurer la matière première mais le bichon est retors, il ne se jette pas spontanément par la fenêtre.

« L’hôtel était bien ? » Puisque vous me le demandez, je dirais que oui. Impossible de se douter qu’il y a six cent chambres, très bien agencé, magnifique jardin, oui ça je l’ai déjà dit mais il a beaucoup impressionné la tueuse de lierre et autres plantes réputées d’entretien facile que je suis. Je suis dure en affaires donc je ne donne pas le nom de ce beau resort parce qu’ils ont refusé de m’offrir des nuitées gratuites dans leur plus belle suite contre un peu de pub sur mon blog, leur sens du commerce laisse à désirer moi je dis.

« Le petit truc en plus de Puerto Rico ? » Ses cocktails, délicieux, et ses moustiques, gourmands. J’ai essayé de boire tellement de cocktails que mon sang en serait devenu toxique mais j’ai échoué.

lundi, février 11

Quittez pas

Qu’est-ce qui fait rêver quand il fait -10°c dans mon jardin comme ce matin ? Des vacances au soleil pardi.

Décollage demain matin, direction Puerto Rico pour une petite semaine de farniente avec Justin et le fiston.

Si vous êtes sages pendant mon absence, je vous raconterai. Et puis, tenez, je vous donnerai même des nouvelles de Raymond, le rongeur acrobate qui fait à nouveau des siennes depuis deux jours.

Peut-être aura-t-il monté un cirque avec ses copains devant nos fenêtres pendant notre absence ?

Chesapeake aura peut-être préparé un gâteau pour fêter notre retour et arrosé les plantes ?

Et peut-être même qu’à mon retour je découvrirai que le 500ème visiteur est venu me rendre visite, on n’est pas bien loin, il faut que je prépare le tapis rouge avant de partir.

Allez, à la semaine prochaine et n’oubliez pas d’éteindre la lumière en sortant.

dimanche, février 10

Un jour j'y resterai

Après la visite de la Y, je n’avais plus d’excuses pour retarder le moment de m’y mettre, alors je suis allée faire plus ample connaissance avec l’elliptique (voir le début ici).

Je me suis mitonné un programme de trente minutes d’intensité faible, et hop c’est parti. Petit coup d’œil à droite, ma voisine de galère regarde une émission de déco, sa vitesse tourne autour de 5 miles, son cœur bat gentiment à 145 et elle a déjà perdu plus de 200 calories. A ma gauche, il est plus jeune et regarde un match de basket. Je ne vois pas son écran mais il doit aller à plus de 7 miles par heure. Ma machine n’a pas de télé alors je me concentre sur le mur blanc et je commence. Il ne se passe pas grand-chose, la machine ne bronche pas malgré mes efforts.

Je vérifie l’intensité, pourtant c’est faible. Plus faible la machine se met en veille. Je recommence, en prenant un air dégagé, vous savez, celui de la fille qui a passé tellement d’heures dans cette salle que ses muscles ne craignent plus rien. Mon air dégagé se crispe légèrement pendant que je regarde les chiffres de mes pulsations cardiaques s’envoler au-delà de 160 et ma vitesse de croisière tourner autour de 4 miles, ce qui me vaut un « plus vite » clignotant du plus bel effet.
J’ai compris pourquoi ça clignote : c’est pour attirer le regard de vos voisins, et donc, motivé par la honte, vous accélérez parce que passer pour le looser de la salle cardio merci bien. Je parviens à monter à 4,5 miles, au péril de mon intégrité corporelle et je me demande comment je vais bien pouvoir faire pour redescendre de cette machine, sans me gaufrer malgré mes muscles tétanisés. Pendant ce temps, je note que j’ai perdu 20 calories et je bénis mes voisins d’avoir leur casque sur les oreilles, ce qui me permet de souffler comme une forge pour essayer d’oxygéner ce qui n’est pas encore mort en moi.

J’essaye de penser à des trucs, pour faire passer le temps, mais je ne peux pas, mes neurones ont été mobilisés pour la survie de mon organisme et ils ont été envoyés dans mes fessiers, ce qui me permettrait, si j’étais donc encore capable de réfléchir au comique de la chose, de dire « parle à mon cul » en toute légitimité.

Au bout de neuf minutes, l’heure est au bilan. Je vais mourir d’un arrêt cardiaque si je n’arrête pas immédiatement. Mais neuf minutes ce n'est pas terrible, allez je transige sur un quart d’heure, plus que six minutes et je me barre. Oui mais six minutes, c’est les deux tiers de ce que je viens de faire, autant dire l’équivalent de la traversée du désert des Tartares, je ne vais pas tenir le coup. Je note que quand il s’agit d’avoir des pensées positives il y a du monde au balcon. Allez, dix minutes de passées, à douze je pars le plus dignement possible et j’essaye de tenir jusqu’au vestiaire avant de m’écrouler.

Ce que je fis, avec brio. La dame qui nettoyait les lavabos m’a jeté un regard inquiet et j’ai fait peur à une mamie qui partait se baigner. « Are you OK ? » Mais je ne vois pas ce qui a pu motiver une telle inquiétude, j’étais à peine violacée du visage, j’avais encore au moins deux ou trois minutes de marge avant de tomber dans les pommes.

Donc, j’ai commandé des muscles sur amazon.com et en attendant de les recevoir l’elliptique c’est fini pour moi.
Maintenant je nage. Les deux premières fois je me suis prise pour Laure Manaudou et je n’ai pas pu lever mes bras pendant deux jours, très pratique pour s’occuper d’un fiston de dix kilos.

Donc définitivement le sport ça fait mal, surtout quand c’est mal fait. (Si le Ministère des Sports veut m’acheter cette phrase c’est lui qui voit).


vendredi, février 8

Ici Londres

Voilà un moment que ça dure. Depuis facilement deux semaines, tous les soirs au journal de France 2, on a droit à un sujet sur l’Angleterre, Londres le plus souvent. Je ne sais pas comment ça ce passe, les correspondants sont-ils payés au sujet ? Auquel cas je pense que la pauvre Maryse Burgot doit avoir des soucis financiers et un ami influent à la rédaction parce que bon, je veux bien que l’organisation du recyclage des ordures ménagères londoniennes soit d’un intérêt hors du commun, tout comme les mesures mises en place pour réduire la pollution automobile, mais ce n’est pas comme si il ne se passait rien de plus important dans le monde.

Quelles que soient les raisons à son omniprésence cathodique, Maryse en profite pour nous faire admirer sa collection fascinante d’écharpes et de foulards, les cheveux soulevés par le blizzard et le nez rouge frigorifié, des images bien bouleversantes et qui en disent long sur les conséquences du dérèglement climatique.


mercredi, février 6

Suivez le guide

Maintenant que j’ai visité les lieux et que je m’adonne à une, voire deux séances de torture hebdomadaire, il est grand temps de vous présenter ma YMCA.

dans la Y (prononcer Wouaï, comme le « y » en anglais donc), on trouve tout un arsenal de machines et de cours ayant tous le même but : vous faire mal. Parce qu’il faut souffrir pour être beau et musclé alors que pour devenir moche et gras du bide c’est super facile et pas désagréable, chienne de vie.

Donc, comme j’expliquais à la gentille bénévole que nous appellerons Sandy et qui m’a fait faire le tour des lieux, j’ai choisi de souffrir, mais pas trop quand même hein, et puis je voudrais une machine qui muscle tout en même temps, sans trop faire transpirer parce qu’après je suis toute rouge et ridicule, je ressemble un peu à Ronald MacDonald sans la perruque, understand ? Sandy a bien ri, mais je crois que c’est à cause de mon anglais toujours aussi approximatif, quand je veux je fais des listes de vocabulaire.

Sandy a décrété que ce qu’il me faut, c’est des séances d’elliptique, une machine qui fait bouger et les jambes, et les bras, c'est-y-pas formidable. Elle surveille aussi les pulsations cardiaques, donne régulièrement le nombre de calories perdues, et inscrit un « plus vite » rouge et clignotant si vous lâchez un peu de lest, pour respirer par exemple. Mais, et c’est appréciable, elle n’envoie pas de décharges électriques dans ses poignées métalliques en deçà d’une certaine allure. Poignées qu’il vous faut désinfecter après usage, merci. Vous avez le droit d’arpenter les lieux avec vos baskets boueuses qui viennent du dehors, mais pas question de laisser un peu de votre ADN sur les machines, la sueur c’est sale alors que les déjections canines, non.

C’est tout ? Me direz-vous. Et bien non, le petit truc en plus de la salle cardio, celui qui est censé me motiver au-delà de tout, ce sont les petits écrans télé, branchés sur le câble s’il vous plaît. Comme m’a dit Sandy, « Comme ça au lieu de regarder votre show préféré assise (elle n’a pas osé dire vautrée mais c’était l’idée) sur votre canapé, vous le ferez en vous musclant, isn’t it génial ? »
M’en fous, j’ai pas la télé, alors le câble… Sandy m’a prise pour une affabulatrice, comme si il existait encore des gens sans télé, et pourquoi pas des cuisines sans four à micro-ondes, n’importe quoi.

Nous avons continué notre visite guidée et sommes arrivées aux vestiaires. A ma Y, il y en a deux pour les femmes, un qui sert pour celles qui ne vont pas à la piscine, et l’autre qui sert… je vois que vous avez saisi l’idée. Mais nous sommes dans un pays libre, donc si je veux utiliser le vestiaire de la piscine alors que je ne compte pas me baigner, et ben j’ai le droit figurez-vous. Et c’est tant mieux parce que je n’aime pas du tout le vestiaire d’en haut, celui qui est arpenté par des nanas en tenues toutes coordonnées et qui me rappellent furieusement celles du Gymnase truc. Il y a aussi les filles qui confondent vestiaire et studio de yoga et qui se mettent en plein milieu pour faire leurs figures acrobatiques qui évoquent d’avantage la vertèbre déplacée qu’autre chose. C’est le vestiaire « trop belle pour toi ».

Bon, le vestiaire de la piscine est moins pétassien mais il faut savoir qu’à ma Y, l’esprit c’est « ex-fan des sixties petite babydoll ». On se fout toutes à poil les unes à côté des autres, on s’appelle ma sœur et on danse des rondes sur des solos d’Hendrix. Comment ça j’exagère ? A ma Y, il n’y a pas de cabines pour se changer alors, à moins de remettre son jean sur un maillot mouillé, il faut se mettre à oualpé devant tout le monde, y compris les dames qui font le ménage. Je ne suis pas plus pudique que ça mais j’avoue que j’apprécie moyennement d’avoir à me resaper en public ou de devoir détourner le regard en permanence parce que ma voisine met dix plombes à se sécher les cheveux les fesses à l’air.

Il y a bien un espace fermé par un rideau, mais il est réservé aux mères accompagnées d’enfant de sexe opposé. Le gosse doit traverser toute la longueur du vestiaire, et par conséquent slalomer entre les corps dévêtus et les soutifs qui traînent par terre, avant d’arriver en lieu sûr. J’ai vu une mère qui a fait traverser son fils d’environ 8 ans au pas de charge et en répétant en boucle « Don’t look, don’t look… » Bientôt une « family room » va ouvrir ses portes pour permettre aux parents de changer leurs enfants de sexe opposé sans craindre d’offenser personne, mais le panneau ne dit pas ce qu’il conviendra de faire lorsqu’un petit garçon et une fillette s’y trouveront en même temps…

Rien dans cette visite pourtant bien sympathique ne m’avait préparée à ce qui m’attendait.

A suivre

mardi, février 5

Ils sont partout

Vous prenez des nuits hachées pour cause de dents qui percent, ou de cauchemars, ou juste parce que fiston en a marre de pioncer et estime que deux du mat’ c’est le meilleur moment de la journée et que ça serait bêta de ne pas en profiter, auxquelles vous ajoutez des courbatures pas possibles dues à un excès de zèle YMCesque de ma part (riez moins fort svp), et vous obtenez… le néant mental, rien à dire. La flemmardise aiguë du clavier. Mais soyez rassurés, ça ce soigne, la guérison prend du temps mais l’espoir d’une rémission est permis.

Comme une convalescente ça doit prendre l’air, Justin nous a promenés à Great Falls, pour aller admirer les chutes du Potomac. Impressionnantes, car le Potomac a un sacré débit, et bouillonnantes, des chutes d’eau quoi.

C’était samedi, veille du Super Bowl. Donc tous ceux qui avaient des velléités de promenade en ce week-end ensoleillé se sont précipités ce jour là, et il y avait foule à Great Falls. Un beau défilé de blousons, anoraks et polaires accompagnés de sac à dos. Mon manteau de parisienne se sentait seul et vaguement incongru quand, devant nous, j’ai aperçu son frère jumeau agrémenté d’un beau sac à main.

Moi qui venais de me lancer dans toute une analyse sur le thème « Nous les Françaises on n’est pas pareilles, on s’habille mieux », je n’allais pas m’avouer vaincue par un pauvre manteau yankee isolé, ben non, hop hop parade : il n’était que l’exception qui confirme la règle et donc j’avais quand même raison. De toute façon j’ai toujours raison.

Quand il y a foule quelque part, ça lanterne, ça piétine et ça nous énerve. On a donc accéléré le pas et doublé le beau manteau et son sac à main.

Qu’entendis-je alors ?

« Attention, ne t’approche pas du bord c’est dangereux. »

Qu’on se le dise, ils sont partout.

Maudits Français.