dans la Y (prononcer Wouaï, comme le « y » en anglais donc), on trouve tout un arsenal de machines et de cours ayant tous le même but : vous faire mal. Parce qu’il faut souffrir pour être beau et musclé alors que pour devenir moche et gras du bide c’est super facile et pas désagréable, chienne de vie.
Donc, comme j’expliquais à la gentille bénévole que nous appellerons Sandy et qui m’a fait faire le tour des lieux, j’ai choisi de souffrir, mais pas trop quand même hein, et puis je voudrais une machine qui muscle tout en même temps, sans trop faire transpirer parce qu’après je suis toute rouge et ridicule, je ressemble un peu à Ronald MacDonald sans la perruque, understand ? Sandy a bien ri, mais je crois que c’est à cause de mon anglais toujours aussi approximatif, quand je veux je fais des listes de vocabulaire.
Sandy a décrété que ce qu’il me faut, c’est des séances d’elliptique, une machine qui fait bouger et les jambes, et les bras, c'est-y-pas formidable. Elle surveille aussi les pulsations cardiaques, donne régulièrement le nombre de calories perdues, et inscrit un « plus vite » rouge et clignotant si vous lâchez un peu de lest, pour respirer par exemple. Mais, et c’est appréciable, elle n’envoie pas de décharges électriques dans ses poignées métalliques en deçà d’une certaine allure. Poignées qu’il vous faut désinfecter après usage, merci. Vous avez le droit d’arpenter les lieux avec vos baskets boueuses qui viennent du dehors, mais pas question de laisser un peu de votre ADN sur les machines, la sueur c’est sale alors que les déjections canines, non.
C’est tout ? Me direz-vous. Et bien non, le petit truc en plus de la salle cardio, celui qui est censé me motiver au-delà de tout, ce sont les petits écrans télé, branchés sur le câble s’il vous plaît. Comme m’a dit Sandy, « Comme ça au lieu de regarder votre show préféré assise (elle n’a pas osé dire vautrée mais c’était l’idée) sur votre canapé, vous le ferez en vous musclant, isn’t it génial ? »
M’en fous, j’ai pas la télé, alors le câble… Sandy m’a prise pour une affabulatrice, comme si il existait encore des gens sans télé, et pourquoi pas des cuisines sans four à micro-ondes, n’importe quoi.
Nous avons continué notre visite guidée et sommes arrivées aux vestiaires. A ma Y, il y en a deux pour les femmes, un qui sert pour celles qui ne vont pas à la piscine, et l’autre qui sert… je vois que vous avez saisi l’idée. Mais nous sommes dans un pays libre, donc si je veux utiliser le vestiaire de la piscine alors que je ne compte pas me baigner, et ben j’ai le droit figurez-vous. Et c’est tant mieux parce que je n’aime pas du tout le vestiaire d’en haut, celui qui est arpenté par des nanas en tenues toutes coordonnées et qui me rappellent furieusement celles du Gymnase truc. Il y a aussi les filles qui confondent vestiaire et studio de yoga et qui se mettent en plein milieu pour faire leurs figures acrobatiques qui évoquent d’avantage la vertèbre déplacée qu’autre chose. C’est le vestiaire « trop belle pour toi ».
Bon, le vestiaire de la piscine est moins pétassien mais il faut savoir qu’à ma Y, l’esprit c’est « ex-fan des sixties petite babydoll ». On se fout toutes à poil les unes à côté des autres, on s’appelle ma sœur et on danse des rondes sur des solos d’Hendrix. Comment ça j’exagère ? A ma Y, il n’y a pas de cabines pour se changer alors, à moins de remettre son jean sur un maillot mouillé, il faut se mettre à oualpé devant tout le monde, y compris les dames qui font le ménage. Je ne suis pas plus pudique que ça mais j’avoue que j’apprécie moyennement d’avoir à me resaper en public ou de devoir détourner le regard en permanence parce que ma voisine met dix plombes à se sécher les cheveux les fesses à l’air.
Il y a bien un espace fermé par un rideau, mais il est réservé aux mères accompagnées d’enfant de sexe opposé. Le gosse doit traverser toute la longueur du vestiaire, et par conséquent slalomer entre les corps dévêtus et les soutifs qui traînent par terre, avant d’arriver en lieu sûr. J’ai vu une mère qui a fait traverser son fils d’environ 8 ans au pas de charge et en répétant en boucle « Don’t look, don’t look… » Bientôt une « family room » va ouvrir ses portes pour permettre aux parents de changer leurs enfants de sexe opposé sans craindre d’offenser personne, mais le panneau ne dit pas ce qu’il conviendra de faire lorsqu’un petit garçon et une fillette s’y trouveront en même temps…
5 commentaires:
Oh non, j'y crois pas... Ça vire légèrement hot, ton feuilleton :-). Bon, je vais arrêter un jour avec les "mémoires d'un p..eau" (hi, hi) mais ça me rappelle un match de basket mixte où les vestiaires étaient à partager avec des Allemandes. Elles étaient très sereines. A 13 ans, ça marque l'amitié franco-allemande... Mais sont quand même assez zarb niveau-relation du corps, ici ; une copine de ma fille a dû mettre une brassière protégeant le haut du corps pour la piscine... A 3 ans!
Le coup de la brassière pour la minette de 3 ans ne m'étonne pas, on a pareil au cours d'initiation aquatique, sauf que là c'est des bébés de max 18 mois, au secours...
je viens de relire ton billet avec madame... Parce qu'à deux, c'est mieux, et que vois-je ? Tu n'as pas de télé. Eh ben, finalement, je crois que c'est ça le plus obscène dans ce papier joliment troussé :-) (comme d'hab)... La suite, la suite...
Encore un bon billet plein d'humour (ma maman est aussi une de tes grandes fans - tu la fais bien rire, c'est super). Ma fille de 4 ans prend des lecons de natation a notre Y, et effectivement, le vestiaire piscine donne lieu a des lecons d'anatomie gratuites. Comme tu n'as pas la tele, je ne sais pas si tu connais la serie "Seinfeld", mais le theme d'un des episodes etait "good naked" et "bad naked", et dans le vestiaire piscine, c'est plutot la 2eme categorie qui predomine.
Donc, vous n'avez pas la télé. Est-ce un choix politique, moral, esthétique, éthique, acétyl salicilique ? En même temps, si la télé américaine marche aussi bien que l'aspirateur et la machine à laver de la même ethnie, c'est un choix qui peut se comprendre. Et puis, entre le doux babil de fiston, les brillantissimes développements de Justin, et ta verve légendaire, il n'y a pas évidemment pas la place pour 3' 15 d'un feuilleton insipide entrecoupé d'une demie-heure de pub. Ah, ces Vaisse, quel talent !
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