Je sais, vous mourriez d’inquiétude suite à l’absence de post ces derniers jours, et vous aviez de quoi. Plus d’une semaine le dos cassé, des maux de tête quotidiens et des difficultés à respirer, vous croyez que ça donne envie d’écrire des trucs marrants sur la vie vous ? Non, ça donne juste envie de flinguer le camion de pompier qui passe toute sirène hurlante à 23h alors qu’il n’y a pas une voiture à l’horizon et que tout le monde dormait. ça donne envie de flinguer aussi les ouvriers latinos qui refont le muret de la voisine et qui se sentent obligés d’attaquer à 7h du mat avec la radio à fond les manettes, week-end compris. De flinguer également, et sans sommation, les nanas qui ne peuvent pas s’empêcher de se pencher sur fiston peinard dans sa poussette en poussant de grands cris à l’américaine pour s’extasier sur cette merveille de la nature, merveille qui était en train de s’endormir et se met donc à manifester sa manière de penser sur un mode plutôt sonore.
Mais tout ça n’est rien en comparaison de tout ce que je rêve de faire subir à la personne qui travaille au service dessert de chez Trader Joe's, celle qui en réunion essorage de cerveau pour trouver des idées de pâtisseries un peu plus originales que l’apple pie s’est écriée : « Faisons un plateau de baklavas ! » Jusque là, rien à redire. Mais c’est la même qui, au moment de concocter la recette, s’est sentie obligée de dire «Oh mais John, tu oublies un truc essentiel, l’élément secret que toutes les mères turques chuchotent sur leur lit de mort à leurs filles bonnes à marier, tu ne voies pas John ? Mais enfin, les baklavas sans cannelle, ce ne sont pas des vrais baklavas ! » Je ne la connais pas personnellement mais je la déteste, comme je hais ses confrères qui mettent de la cannelle dans les céréales du matin, dans le thé, dans le café, dans toutes les pâtisseries des quatre coins du globe, et même dans les pains aux raisins, bande de sagouins hérétiques.
Tout ceci me permet de vous faire part d’une conclusion scientifiquement éprouvée par mes soins ces derniers jours : la douleur n’aide pas à se faire des amis.
Je suis donc allée comme une grande chez le chiropracteur, un peu flippée à l’idée d’en ressortir handicapée à vie mais il y a des moments dans l’existence où il faut savoir prendre des risques.
Arrivée dans la Rehabilitation clinic, me voilà accueillie par la personne qui va tenter de me rendre ma bonne humeur légendaire. Tout d’abord il faut remplir une feuille pour qu’elle cerne le problème, parce que « back pain » avec la main posée à l’endroit du sinistre, ça ne lui suffit pas. Elle me file des dessins de corps humain à colorier là où ça ne tourne plus rond, et des smileys censés indiquer l’intensité de la douleur, qu’il faut flécher vers les bons endroits. La douleur va donc de 0 (il faudra me dire l’intérêt de venir se faire tripatouiller à prix d’or si on ne souffre pas) à 10, douleur qualifiée d’ « insupportable ». J’ai failli créer le mien, le 11, avec une tête d’hallucinée et une Kalachnikov au poing mais comme je suis archi-nulle en dessin j’ai laissé tomber parce que ça n’aurait ressemblé à rien et vous imaginez le bide si j’avais dû me lancer dans une explication foireuse vu mon anglais.
Nous sommes ensuite passées dans la salle de soin, vaste espace occupé par une douzaine de tables rangées sur la gauche avec autant de grands rideaux pour les isoler. J’étais la seule mais la Doctoresse a quand même tiré le rideau, des fois que ma pudeur soit gênée par le regard insistant du mur d’en face. Il faut dire qu’en France chez mon ostéopathe je suis limite à poil (bon, elle est presque aveugle, mais quand même), alors les simagrées de ce genre quand on souffre on s’en bat légèrement le coquillard. Mais ne voulant pas être soupçonnée de harcèlement d’aucune sorte, elle m’a aussi donné une grande blouse à enfiler, une fois mon pull et tee-shirt enlevés, pour j’imagine protéger mon ventre de tout contact trop intime avec la table d’examen.
Le verdict est vite tombé : deux vertèbres déplacées et une attache de côte vrillée (ma traduction), rien que ça. Au moins elle m’a confirmé ce que je commençais à subodorer, que la douleur ne serait pas partie toute seule. La pensée magique a ses limites et c’est bien dommage ma bonne dame.
Ensuite et vas-y que j’appuie là où ça fait bien mal, pour vérifier que définitivement oui, ça fait mal. Et vas-y que je malaxe en prévenant à l’avance de tous mes mouvements : « Là je vais appuyer avec le plat de ma main et ça va être très douloureux pendant une à deux secondes mais ensuite vous sentirez un soulagement, ok, je peux y aller ? Bon inspirez à fond et ensuite, quand vous expirerez, je vais y aller, ok, on y va ? » Mais vas-y donc, arrête de parler et vas-y bon sang ! Ultrasons, électricité, patch de froid, massage, craquements à gauche, puis à droite, étirements de la colonne, le tout sur fond de musique planante à tendance new age et 1h15 après, passage à la caisse.
Rien à dire, c’est une pro. Bon, je ne vais pas vous la faire, je souffre encore mais c’est normal, ça devrait aller mieux d’ici vendredi. Sinon ? Ben rebelote pour les massages, les ultrasons et tout le toutim, mais cette fois ci au tarif ami de la famille.
Donc j’espère pouvoir rengainer mon flingue d’ici quelques jours et être d’humeur plus joyeuse, c’est Noël quand même. Esprit de la fête donne moi la force. Allez, je m’entraîne : oh ! qu’il est beau ce faux renne lumineux que le voisin a mis dans son jardin, et, waou, y’a même deux pingouins qui clignotent, j’adore.
3 commentaires:
Ah oui, je m'en souviens. La cannelle dans tout, c'était dur au début. Mais après plusieurs années, on s'y fait et on y prend même goût. Idem pour le beurre de cacahuète (si, si, c'est vrai - ça prend juste un peu plus longtemps...) En ce qui concerne le bébé, je connais ça aussi, mais tant que les gens s’extasient sans toucher, j’essaie de rester calme… Bon rétablissement.
Moi non plus je ne suis pas tellement cannelle (à part dans le cinamon roll, c'est fait pour ça, mais sur le capuccino, c'est vade retro naaan mais)
En tout cas j'avoue que j'ai bien ri en imaginant ton dessin mit kalachnikov.
Niice blog
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