jeudi, janvier 22

Il avait la frite

Il y a deux jours, 20 janvier, Obama a prêté serment et deux millions d'enthousiastes ont fait le pied de grue dehors, frigorifiés mais avec la satisfaction de pouvoir dire plus tard "oui, j'y étais, regarde toutes ces photos d'anoraks et de cache-oreilles en moumoute, et ben c'était là, juste derrière, à deux kilomètres".
Je ne les envie pas car moi aussi j'ai eu mon 20 janvier, je n'étais pas devant le Capitole, mais à vol d'oiseau je n'étais pas si loin.

A journée historique, réveil matinal.
Après avoir tout tenté pour rendormir un fiston incorruptible, j'ai dû me résigner à lancer le mouvement à six heures et des cacahuètes. J'avais un fond de migraine depuis la veille et je le précise pour que vous mesuriez le courage quasi héroïque qu'il m'a fallu pour débarbouiller, nourrir, habiller et divertir un enfant mal luné pendant toute la matinée.
J'avais ficelé le plan d'aller camper chez une voisine, avec rehausseur, purée, jouets et tout le toutim vers 11 heures pour pouvoir suivre les événements sur son écran géant, vu que ne n'ai pas d'antenne sur ma télé, et encore moins le kaybeule qui coûte mensuellement l'équivalent de trois reins à Bogota et je n'en ai que deux, c'est-y pas la misère.

C'était sans anticiper une règle immuable sous notre toit : enfant levé tôt = enfant chouineur = enfant qui sieste de bonne heure. Donc à 11 heures j'en étais à tenter de gaver la bête et il n'était plus de temps de nous transbahuter avec armes et bagages à quelques rues de là.
Que faire ? Je ne pouvais quand même pas passer à côté de l'arrivée des anciens présidents en rangs serrés avec têtes de circonstances. Et comment prendre la mesure de la solennité des choses sans profiter des commentaires éclairant nos lanternes sur la couleur d'une cravate ou la longueur d'une jupe ?

Je n'ai peut-être pas le kaybeule, ni d'antenne, mais j'ai quand même allumé le récepteur, au cas où le miracle Obama aurait fait surgir CNN.
Avec un peu l'impression d'être dans l'arrière salle d'un salon de coiffure cubain, étant donné la qualité, l'image est tout de même apparue, waouh, il casse tout ce Barack.
Le seul canal qui ne diffusait pas de soap en espagnol était ABC, donc va pour ABC. J'ai ensuite bougé la télé, jusqu'à obtenir une qualité d'image qui ne relève pas de la torture rétinienne.
La présentatrice s'enthousiasmait sur le temps splendide et je ne pouvais que la croire sur parole vu que les parasites sur l'écran donnaient l'illusion d'une tempête de neige sur la ville.

J'ai aperçu les prestations de serment de Biden et Obama, entre les coupures d'image à chaque passage d'hélicoptères – et ils n'ont pas manqué -, un changement de couche, des chemises à étendre de toute urgence et une sieste à mettre en route.
C'est sûr que je n'ai pas vu, ni entendu grand-chose, mais hier c'est quand même moi qui ait expliqué à l'audience médusée – Justin et Chesapeake - le pourquoi des écharpes violette de Bush senior et de son épouse, ainsi que de quelques autres sénateurs, ah!

Pourquoi, bouillez-vous ?
Mais parce qu'en ce jour historique, on célébrait la Nation, pas les divisions, donc il n'y avait pas de républicains (dossards rouges), ni de démocrates (dossards bleus), mais des Américains (rouge + bleu = violet).

Et qu'on ne vienne pas me dire que ce n'était pas ça, l'info du jour.
D'ailleurs, si vous étiez sur le point de jeter cet affreux blouson vert et violet que vous portiez en 3ème, réfléchissez bien : rassembler ses adversaires c'est la marotte d'Obama, alors je parie sur le grand retour du purple et c'est Prince qui va chanter de joie sous la pluie (une référence subtile, limite subliminale, s'est glissée dans cette dernière phrase et le titre n'est pas en reste, sauras-tu les démasquer ?).



3 commentaires:

Yibus a dit…

La grande Marie des beaux jours est de retour (euh, c'est vrai, ça fait un baille qu'on ne te retiens plus, niveau fréquence de publication de billets).
Prochaine étape sur la route ardue (et pentue) du décryptage de télévision sans cable : vous allez en Patagonie pour la réélection et tu nous racontes comment tu as pu bricoler une antenne avec la laine du mouton.

(En tout cas, l'angle est moultement original pour raconter cette journée).

Dodinette a dit…

hmmm, je vois d'ici le mêêrveilleux mélange que va donner le vert+violet...

(moi j'aurais dit que mauve c'est la couleur du deuil, pôvre Deubeuliou qui quittait son trône genre)

Marie a dit…

Merci Yibus, heu, pour l'antenne en laine de mouton tu t'es gouré, c'est Maïkegaïveur qu'il te faut, mais je le regarde faire et je critique si tu veux.
Dodinette, je t'assure que vert-violet est un mélange qui va au teint de tout le monde, enfin en 1985 c'est qu'on nous a fait croire... on nous aurait menti ?