mardi, janvier 6

Y'a plus de saisons

Question existentialo-philoso-à-deux-balles du jour : est-on encore un vrai Français quand on rate toutes les grandes expériences météorologiques de ses compatriotes ?
Je m'explique.

Ce n'est pas moi qui vais vous apprendre l'importance du temps qu'il fait, ni l'intérêt que l'on porte à savoir celui qu'il fait chez les autres.
Et quand toutes nos connaissances vivent un événement climatique hors du commun et que l'ensemble de la France métropolitaine y a droit, de quoi parle-t-on puisqu'on n'est pas là pour le subir ?

Cette question a commencé à me turlupiner après le Noël 1999.
J'étais seule à Paris, j'avais travaillé, vu des copines, pas regardé la télé et peu mis le nez dehors. C'est donc comme une fleur poussée de la dernière averse que je me suis pointée à la Gare Montparnasse, au petit matin, prête à me tailler dans le sud-ouest. Le hall était désert, les panneaux d'affichage des TGV hors service, les boutiques fermées et deux ou trois pékins avec valise battaient la semelle sans trop comprendre. Des étrangers sûrement.
Une tempête ? Quelle tempête ? J'avais bien noté un peu de vent en fermant les volets mais pas de quoi décorner les bœufs non plus. Et puis après, ben ma foi, quand je dors, je dors.
J'ai dû attendre la réparation de l'antenne sur le toit pour pouvoir admirer l'ampleur des dégâts et réaliser que j'étais complètement passée à côté d'un truc dont on parlerait encore dans vingt ans, et que moi je ne pourrais jamais dire "oh oh la la, je me rappelle, c'était quelque chose" en étant sincère. C'est comme si j'avais été cryogénisée et que j'arrivais tout droit d'une galaxie parallèle.
La tempête du siècle, 80 morts, des forêts dévastées et moi je pionçais, peinarde.
De toute façon, foutue pour foutue, j'avais déjà raté l'éclipse totale du 11 août.

Pour l'hiver 2002-03, j'étais à Washington avec Justin – oui, on a un abonnement – et mes voisins ont bien rigolé quand ils ont vu mon manteau de parisienne dépérir dans la cinquantaine de centimètres de neige amoncelée sur les trottoirs.
C'est qu'il n'a pas qu'un peu neigé cet hiver-là. Les flashs d'alerte à la télé étaient quasi-quotidiens, les journaux hystériques sur le thème On va tous mooouuurir, et la municipalité de Washington a fini par ne plus avoir de crédits disponibles pour le déneigement des routes secondaires et des trottoirs. La ville a même été paralysée, les gens sont restés chez eux, c'est dire l'importance du phénomène.
Je faisais partager cette météo dingo à la famille et aux amis qui ne manquaient jamais de demander "et vous avez quel temps" ? Ils répondaient "ouah" et voilà. L'hiver 2002-2003 a été un hiver normal de mémoire de Français, pas de chutes de neige hors normes à signaler, donc circulez, rien à raconter.

En août 2003, nous nous préparions à passer 10 jours au Guatemala et à rentrer à Paris. De la chaleur caniculaire et des 19 500 morts, nous n'avons entendu que des "Pfff, qu'est-ce qu'il fait chaud, 28°C cette nuit !" Complètement à la masse là aussi, on a réalisé début septembre, en rentrant.
Maintenant, dès qu'il fait très chaud plus de trois jours consécutifs, tout le monde reparle de la canicule, où ils étaient, combien il faisait, qui a failli mourir, et ces pauvres vieux que personne n'a réclamé et mon Dieu mais dans quel monde on vit. Je ne peux que faire celle qui comprend, parce que je n'étais pas là et que je ne sais pas comment c'était.

Et là, de nouveau aux Etats-Unis mais cette fois-ci branchée sur le 20 heures, je note que le climat fait à nouveau des siennes en France. ça caille tellement que les présentateurs météo se sont mis à donner les températures en "ressenti", à l'américaine, et non plus sous abris pour tenir compte du petit vent frais qui congèle les gambettes, il n'arrête pas de neiger, pour un peu on patinerait sur la Seine, les avions ne décollent plus et, encore une fois, je ne suis pas là, je rate tout.

Chez moi aujourd'hui il fait 0,6°C et il pleut. C'est la louze.

11 commentaires:

Dodinette a dit…

rho bah t'inquiète, le retour du bâton n'est jamais là où (ni celui qu') on pense...
genre moi je pensais avoir raté LE grand hiver bien bien froid du Québec, 2003-2004.

hum..

hiver 2007-2008 : on a EXPLOSÉ tous les records d'accumulation de neige.

ben crois-moi, depuis ce traumatisme (&?$%#%?&*, 8 mois d'hiver quand même !!), je suis bien contente de ne pas vivre leurs exceptions aux cousins. :)

Cécile-Une quadra a dit…

En 1999 je bossais à 5h00 du mat le lendemain dela tempête, donc au lit tôt, ha coupure de jus pas grave, dodo et moi aussi quand je dors... lendemain matin (j'habitais en pleine ville) je prends la voiture tranquillement pour rejoindre le boulôt et là me suis dit qu'y avait eu un truc... J'ai mis 2h00 pour faire 15 km mais comme j'étais au OC sécurité 'une autoroute me suis dit que e collègue qui avait du se payer uhe bonne nuit serait content de me voir... Je me suis rendue compte 1 semaine plus tard qu'un arbre était tombé dans notre jardin arrière... Mais bon on avait assuré 5 jours complets de travail à 4 en rotations les autres vivaient à la campagne et étaient coincés par les arbres...
Pour la canicule on était à Cordoue, avec miss de 6 mois chaleur normale pour les lieux, on rejoint la belle mère à Valencia et elle nous dit qu'en France y a je ne sais combien de morts à cause de la chaleur on a cru qu'elle débloquait, on a eu confirmation au retour...
Mais soyons honnêtes ça ne manque pas du tout de râter les événement météo du siècle... surtout l'hiver j'aime pas le frois :D

Anonyme a dit…

Le fameux blizzard de NYC en 95, JUSTE quand je venais d'y emménager, avec mes boots en cuir toutes fines et ma veste à 3 balles de chez la Redoute: J'Y ETAIS!!!
remarque, là-dessus, on aura tous quelque chose à dire, hein? Par exemple 2 tornado warnings ici aujourd'hui, et je suppose un record de pluie.
Ecris, ma belle, écris, que je te pastiche...

Marie a dit…

Dodinette : l'hiver du siècle ne me tente pas du tout, mais alors pas du tout. Moi je prendrais bien le printemps du siècle, qui commencerait dès mars, jusqu'à l'automne.
Cécile : ça me rassure, je ne suis pas la seule à être à côté de la plaque climatique.
Ariana :en 95, j'y étais aussi, mais de l'autre côté de l'océan, à me cailler sur le trottoir parisien pendant les grèves. Même que c'est plutôt un bon souvenir parce qu'on faisait du stop et que tout le monde s'arrêtait et on rencontrait plein de gens sympas.

Anonyme a dit…

T'as raison, c'est un peu comme les trucs que nos enfants ne connaitront pas a la TV parce qu'ils vivaient a l'etranger quand ils etaient enfants...

Marie a dit…

Gaellou : c'est pour ça que pensant bien faire j'ai trimballé des DVD Maya l'abeille, chapi chapo etc., ce qui fait qu'en rentrant il aura la culture d'un petit Français né dans les seventies !

Yibus a dit…

c'est la louze... Tu l'as dit... Je n'ai plus qu'à t'inviter dans ma salle de bains et tu parleras avec émotion de cet hiver 2008-2009 et du terrible dégât des eaux à Washington...

(Mes enfants, c'est plutôt Eighties avec Les cités d'or, Tom Sawyer et Le tour du monde en 80 jours).

Anonyme a dit…

ça y est, Marie, je t'ai pastichée, c'est sur mon blog.
Pas facile.

Anonyme a dit…

Je découvre ton blog & franchement je me marre! Je reviendrais & merci d'avoir mis not charged dans tes liens.

Marie a dit…

Audrey, j'aime beaucoup ton blog. Le seul reproche que je ferai, si c'était mon genre de faire des reproches, c'est que comme c'est beau, poétique, maîtrisé et tout ça, on aimerait admirer plus souvent;)

Anonyme a dit…
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