jeudi, décembre 4

On s'en balance

Poser fiston dans une balançoire du playground peut virer à la guerre des nerfs, autant le savoir.

Vous qui avez, ou connaissez, ou entendu parler d'enfants, vous vous dites "OK, je vois le topo, son mouflet ne veut plus s'en aller et c'est les hurlements, le caprice du siècle".
Vous n'y êtes pas du tout, mais alors pas du tout. Non, les nerfs qui lâchent sont plutôt à chercher du côté adulte.
Je m'explique.

Ce n'est pas parce que fiston a posé ses fesses dans la balançoire seulement cinq petites minutes auparavant, qu'il va pouvoir en profiter un peu. Ce serait compter sans Sharon, qui débarque avec son enfant et que celui-ci n'est pas sitôt arrivé qu'il braille déjà "I want the blue swing", ce qui signifie en bon français "dégage moi ton mioche de là pour que je puisse m'amuser".
Autant dire que Sharon regarde fort peu discrètement sa montre et que vous avez intérêt à vous magner.
Si cette pression silencieuse de 32 secondes ne suffit pas à vous faire craquer, vous pouvez compter sur son enfant - si bien élevé qu'elle devrait breveter sa technique - pour venir trépigner à vos côtés en répétant d'une voix stridente qu'il veut la balançoire bleue "NOW!!!".

Là nous atteignons un point très sensible des relations intra-playground.

Vu qu'il est socialement inacceptable d'insulter, ni l'enfant, ni Sharon. Et que, c'est déplorable, il est également moralement interdit d'avoir recours à quelque petit geste explicite de rien du tout mais qui soulagerait, ne reste alors plus qu'à donner l'exemple et rester dignes.

Je suis donc censée obtempérer sans tarder, mais Sharon ne peut quand même pas m'en faire directement la remarque parce que ce serait indélicat de sa part.
Alors que faire ?
Elle va répondre à son enfant, suffisamment fort pour que j'entende, qu'il doit patienter parce qu'au parc c'est chacun son tour… et qu'il ne doit pas s'inquiéter parce que le petit garçon a BIENTÔT terminé.

Là, il m'est difficile de répondre, via fiston, qu'en fait NON, on en a encore pour un bon moment puisqu'on vient juste de commencer.
Si vraiment je viens à peine de l'installer et que fiston a l'air de s'amuser - et que je ne recule pas devant la perspective de créer un incident diplomato-parentesque - je peux en informer directement Sharon, mais alors avec moult "sorry" et promesses sur l'honneur que ça ne va pas durer trop longtemps quand même.
Parce que Sharon peut se la jouer cool cinq minutes, avec son bonnet à grosses mailles et ses Timberlands, mais je vous rappelle que la merveille de ses jours est en train de piquer une crise de nerfs au motif que, de tous les équipements du parc, c'est cette balançoire là qu'il veut.
Signaler à Sharon que cette balançoire là, justement, est réservée aux enfants de moins de 36 mois ou 20 kilos, en ouvrant grands les yeux et en faisant un geste du menton vers son fils de 4 ans qui ressemble au plus gros des Teletubbies n'est évidemment pas une option, Sharon n'ayant aucun humour quand il s'agit de la vie en général, et de tout le reste en particulier.

Alors que faire (bis) ?
Sourire bêtement et prendre son temps avant de plier bagages. Mon truc c'est de parler – fort – à fiston en français. En général la Sharon emmène son fils criser ailleurs.

Je suis une tueuse de codes sociaux polyglotte.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

J'ai la même technique! Mais cela dit, ici les mamans elles sont peu intrusives. Trop occupées à papoter sur le banc entre elles alors que leurs gamins font les pire conneries du monde (j'en ai vu deux finir le bras dans le plâtre...) Et malheureusement c'est une technique pas très efficace sur les Teletubbies géant. En plus mon loulou serait du genre conciliant et je ne peux même pas rester avec un bébé hurlant accroché à la balançoire histoire de gâcher le plaisir. A vous dégoûter d'avoir un fils bien élevé!

Yibus a dit…

truc perso : je regarde la mère dans les yeux et je souris... (quoi, j'ai un sourire de psychopathe qui rendrait Hannibal Lecter sympathique ?)
Deux minutes après, l'affaire est pliée.
Mais qu'est-ce que les enfants américains crient dans les playgrounds. C'est pô possible.