dimanche, juin 29

On est mieux chez soi

Je ne sais pas chez vous, mais par ici le voisinage fleure bon la crème solaire et les saucisses grillées. Les maisons se vident, les piscines gonflables sont en promo et même les centres commerciaux ont un air dépeuplé.

C’est que bientôt c’est le 4 juillet et son week-end de trois jours, c’est le moment de partir en vacances si vous êtes américains et décidés à vous mettre du fun jusque-là.

Franchement, trois jours, avec toutes les formules clé en main direction Cancun ou Mexico, il y a largement de quoi décompresser de toute l’année écoulée.

Trois jours de repos bien mérité avec casinos, cocktails géants, un ou deux spectacles en soirée, un tour de ville en bus, voire carrément une expédition vers quelques vestiges aztèques sur la journée, et chaise longue au bord de la piscine pour que les enfants se dégourdissent les pattes le reste du temps, c’est pas palace ça ?

Allez, on n’est pas pingres, si vous avez explosé vos objectifs de l’année, vous avez le droit de poser un quatrième jour, mais là, attention, c’est les vacances du siècle.

Quatre jours et c’est l’Europe qui vous ouvre les bras.

Londres, Paris et Bruxelles sur deux jours, après vous avez tout le temps d’improviser une petite virée en Russie ou voir Venise et mourir, d’épuisement.

Mais là j’exagère, nos voisins partent toute une semaine. Fainéants.


vendredi, juin 27

Me v'la bien

De la menthe s’est mise à pousser à foison dans le coin potager de mon jardin, comme ça, sans que je ne fasse rien. Elle est tellement magnifique que c’est presque vexant de n’y être pour rien. Les désastres floraux d’à côté sont bien de moi, mais là, ben non.
Comme elle s’est débrouillée sans moi jusque là, je fais très attention à ne surtout pas m’en occuper.
Elle s’arrose quand il pleut et va pour le mieux.
La menthe est l’amie de la nulle en jardinage, j’aime la menthe.

Quand il pleut ça sent bon, on se croirait sous la cascade Bollywood chewing gomme.
Mon nez est donc ravi, le jardin sent la force du menthol et je reste plantée devant toutes ces branches à chercher le meilleur moyen de rentabiliser cette verdure qui a l’air décidée à annexer tout l’espace disponible d’ici deux ans.

Rassurez-vous, oui, je sais que la menthe ça se mange aussi.
Avec des concombres, dans le taboulé, sur des fraises ou dans du thé.
Là j’ai l’air d’être intarissable sur la question et vous êtes sur le point de me confondre avec l’auteur de « La menthe, mille et une façons de l’accommoder », avec ma photo en tablier à carreaux vert et blanc.
Et bien non, pas du tout, je viens de vous déballer, là comme ça et sans chichi, toutes mes ressources en la matière et c’est mon drame.

Je me torture le ciboulot. Des carottes râpées à la menthe ? Des yaourts ? Avec du poisson ? En décoration, mais à coups de deux feuilles par ci par là, je ne suis pas au bout du stock. En gelée, à l’anglaise ? En masque pour le visage ? En gratin avec des courgettes ?

Vous avez le droit de prendre ça pour un appel désespéré et décider d’abréger mes souffrances en me refilant vos précieuses recettes de familles ancestrales et mentholées, il faut savoir partager.


En quiche ?


mardi, juin 24

Evergreen


Samedi, un tour de lac.


mercredi, juin 18

A l'arrache

Hier, le soleil a été sympa avec moi et il a un peu molli. Est-ce que, grisée de joie et de fraîcheur de vivre, j’ai foncé me faire bronzer, peinturlurer les orteils, acheté une robe et autres activités raccords avec ce doux temps printanier ?

Non, mon dos m’en est témoin, hier après-midi je me suis occupé du massif jardineux.
Ô plénitude céleste, ô félicité infinie.

Allez, pour vous rendre sensibles à mon malheur, je vous la fais visuel : le massif en question mesure, à la louche, dans les 6m sur 4.
Rigolade, diront certains.

Mais il faut savoir, pour prendre pleine mesure de ma détresse, que je suis une tueuse de verdure. Rien ne résiste à mes arrosages sporadiques, mes oublis d’engrais, mes tailles au pif au mètre, mes tentatives de faire pousser au soleil des plantes dites d’ombre et vice-versa, mes manipulations énergiques et mon manque de vocabulaire : terre acide, et plantes annuelles ont conservé tout leur mystère. J’ai même réussi à faire mourir du lierre un jour, c’est dire l’ampleur des dégâts.

Sur ces 25m² sont répartis :
- un hortensia dont la splendeur ne doit rien à mes efforts
- un forsythia très beau au tout début du printemps
- un rosier rose en fin de vie
- un petit buis
- une espèce de fougère géante qui n’en finit pas de s’étaler
- trois plantes vertes au nom inconnu et, par conséquent, à l’entretien tout aussi obscur,
- un truc qui ressemble à un buisson à ras de terre, moche et foisonnant, dont j’ai arraché un bon paquet à la fin de l’hiver, avant de réaliser que chez les autres ça se mettait à fleurir en belle quantité. Règle d’or du jardinier : se renseigner avant d’arracher, vous me le copierez cent fois
- quelques petites babioles censées prospérer, s’étendre, faire un couvre-sol de fleurs blanches et mauves mais qui, en fait, ne l’ont pas senti comme ça et je ne sais toujours pas pourquoi
- le reste

Le reste a, lui, énormément prospéré depuis mon dernier passage. D’ailleurs, je note que ce qu’on ne plante pas donne des résultats spectaculaires. Moi je dis, inversons les valeurs, déclarons la mauvaise herbe nec plus ultra et basta, à nous repos bien mérité et farniente dominicale, surtout le mardi.

Le reste se décompose lui aussi en plusieurs catégories :
- les petites pousses délicates qui s’arrachent de préférence à la pince à épiler si vous voulez avoir une chance de retirer les racines, fines comme du vermicelle. J’ai deux spécimens en tête, le trèfle et l’érable.
Alors, le trèfle ne gagne pas en hauteur, mais en superficie. Si vous en avez, faut vous magner.
L’érable, outre le fait de nous donner son sirop, merci, et ses couleurs flamboyantes à l’automne, remerci, a la fâcheuse manie de semer ses graines partout, grâce aux petits hélicoptères qu’on faisait tournoyer quand on était petits.
En ville, c’est pas bien grave, on n’a jamais vu les hélicoptères prendre racine dans les caniveaux, mais sur ma plate-bande… des dizaines et des dizaines de mini érables que j’avais. Ah ça, quand je plante du basilic, tout crève en moins de deux, mais qu’une grainasse portée par le vent vienne atterrir chez moi par accident et ça se transforme en forêt québécoise, c'est-y pas niaiseux
- les choses qu’au début, échaudée par ma mésaventure du buisson moche et foisonnant, je laissais pousser pour voir. Plus ça poussait et plus j’avais l’impression que ça allait donner une fleur. A près d’un mètre de haut il a fallu regarder la réalité en face, ce n’étaient que de grandes tiges aux feuilles démesurées ayant l’air d’avoir survécu à des radiations atomiques et nécessitant l’emploi d’une pioche pour être éradiquées
- une espèce de vigne vierge qui s’enroule serré sur tout ce qui est à sa portée, étouffant mes plantes déjà à l’agonie. Elle doit pousser de deux mètres par heure et s’enracine partout. Là, j’ai fait ce que j’ai pu mais je sais que je vais bientôt avoir de ses nouvelles, je ne me fais pas d’illusions
- des herbes qui ressemblent à de la ciboulette, mais qui sont une sorte d’ail sauvage. Le bulbe est enterré très profond et on ne peut pas l’avoir à la main. Je me dis qu’y en a qui pêchent à la dynamite, ça doit bien se faire pour le jardinage aussi. Et non, ça ne se mange pas

Pour couronner le pompon, il fallait en plus que je fasse hyper attention à ne pas mettre mes gants sur du poison ivy, une sorte de lierre très toxique que si t’en as touché tu cours chez le médecin et il te met sous stéroïdes tellement tu fais une réaction cutanée immonde, purulente et gratouillante.

Sur ce, je vais aller reposer mes lombaires et laissez-moi vous prévenir : « Mauvais temps à la Sainte Léonce, peu de fruits, beaucoup de ronces. »
Nous v’la bien.

dimanche, juin 15

J'étais tranquille, j'étais peinard


Depuis l’arrivée de l’été et la fermetures des écoles, ma YMCA n’est plus la même.

Dès le parking la différence est frappante, il n’y a plus une place.


C’est Palavas, on y croise des dizaines de femmes en robe de plage avec enfants munis de tubas, de matelas de plage et de glacières.
Paris-Plage est arrivé jusqu’ici et on ne m’a rien dit ?

Je franchis l’entrée de ma Ouaïlle et là, arrêt sur image, on ne bouge plus : il n’y a plus un centimètre carré de disponible.

Mais que ce passe-t-il ?
Je sais que ce qui va suivre risque de faire beaucoup de peine à mes lecteurs hexagonaux, mais ici c’est l’été, il fait suuuper chaud, et les gens se sont dit tout à coup « et si on s’inscrivait à la Ouaïlle pour aller faire trempette ? »

Car trouver une piscine et y abonner sa famille, juste pour l’été, est comme le barbecue, c’est incontournable, c’est un peu « Dis-moi quelle est ta summer pool, et je te dirais qui tu es ».
Mais il y a piscine et piscine… Déjà, tout un tas n’ouvrent que maintenant, quand les enfants se retrouvent lâchés en pleine nature pour près de 3 mois et qu’il faut bien les rafraîchir.

Les piscines les plus courues ont des listes d’attente de plusieurs années, la Ouaïlle est donc une solution de remplacement comme une autre puisque l’accès n’y est pas limité.

Mais c’est un pis-aller car, à part quelques chaises longues placées autour de la piscine extérieure, elle n’offre ni toboggan, ni bulles, ni vagues, ni rien. C’est une bête piscine dans un style très municipal.

Or, ce que les gens recherchent pour l’été, c’est un mini water park, pour occuper les enfants le plus longtemps possible. Sans jets d’eau, îles artificielles, rivières à remous et autres délices aquatiques, vous pensez les attirer comment vos enfants ? Et s’ils refusent de vous suivre, vous allez en faire quoi, toute la journée… tout l’été, et je rappelle qu’il fait suuuuper chaud ?
Bon, à la Ouaïlle il n’y a peut-être pas de bar à glaces et sorbets au beurre de cacahuète, mais dans le couloir, vous trouverez quand même deux distributeurs de sodas et de trucs au chocolat, l’été sera gras, c’est moi qui vous le dis.

En dehors de mes difficultés à entrer dans les lieux, ce qui m’a confirmé que plus rien n’est comme avant, c’est l’état du vestiaire. Il grouillait d’une trentaine de (pré)adolescentes, entre 11 et 15 ans.

Et vas-y que je me mets du gloss framboise, que je me scotche au miroir, que je me mets X fois de profil pour vérifier que oui, mon maillot me boudine mais que comme ma cops m’affirme que non non, pas du tout, je look sooo great, tout va bien.

Et ça se met du gel effet mouillé dans les cheveux – pour ceux qui se posent la question, non, aller à la piscine n’est pas le meilleur moyen de se mouiller les cheveux, elles ont passé trois-quarts d’heure à s’ébouriffer savamment la tignasse, vous croyez vraiment que c’est pour la mettre sous l’eau ?

Ça s’échange tout un tas de crèmes pailletées qui doivent faire ressembler la surface de la piscine à une marée noire version disco après leur trempette express.

Et ça ricane en regardant le bout de la pièce, non mais t’as pas vu Suzy, comment son maillot c’est trop le même que l’année dernière.

Et ça jacasse, ça s’engueule, le stress et le niveau sonore sont à leur maximum parce que quand même, y’a Jason qui est là, avec ses potes, et il faut assurer parce qu’il est sooo cute.

Je suis partie nager à l’intérieur, avec le troisième âge, en savourant la douce satisfaction de ne plus avoir treize ans.
Epuisée j'étais.


jeudi, juin 12

La fin des haricots

Il était une fois un bébé tout mignon qui n’en pouvait plus de picoler ses biberons à la chaîne, et qui commençait à sérieusement baver devant les plats succulents que se tapaient sans vergogne, et sous son nez, ses sadiques de parents.

Puisqu’il a vite compris que pour obtenir gain de cause dans l’existence, il faut donner de la voix, il a râlé, de plus en plus fort, jusqu’à pouvoir goûter sa première purée de carottes alors que ses six mois n’avaient pas encore sonné.

Sa mère, toute pleine de bonne volonté, s’est alors mise à cuisiner purées et compotes sans compter, en alternant les saveurs, en achetant des produits plus frais que pour elle, et bio, en se donnant du mal donc.
Elle n’était pas peu fière de faire la nique à tous ces industriels qui ne rêvaient que d’empoisonner son fiston, voire de le rendre obèse, accro au sucre ou à la gomme arabique.

Et puis un jour, il y a eu des visiteurs à la maison, alors pour se simplifier un peu la tâche, elle a acheté des compotes toutes faîtes, des petits pots, oui mais bio. Fiston a évidemment adoré. C’était l’hiver et il en avait sans doute un peu ras la casquette des mélanges maternels à base de pomme-poire-banane. Là il découvrait le pruneau, la rhubarbe, un peu de framboise et la pêche, quel panard.
Sa mère a donc dû se résoudre à acheter des compotes sucrées. Allez, ce n’était pas plus mal pour son éveil au goût, c’était plus varié.

Mais sur le salé, elle ne cédait rien. De toute façon il n’aimait pas, elle avait eu assez de mal à le nourrir à Puerto Rico pour le savoir. Elle continua donc à cuire ses poireaux, courgettes, fenouils en toute sérénité, à mixer ses soupes, à ajouter la viande comme et quand elle le souhaitait.
Le fiston prospérait, faisait de grands sourires à la cuillère et attaquait doucement les morceaux.

Mais ce bonheur culinaire a été tourneboulé.
La tempête a soufflé sur la maison.

Sans fourneau il a bien fallu s’y résoudre, et fiston a regoûté au légume défendu. Et il a aimé. Il a même trouvé ça tellement bon que maintenant il ne veut plus rien d’autre.
Sa mère a cédé, pour l’instant. Puisqu’il trouve ça meilleur.


Et voilà comment ce bébé si mignon est tombé dans la marmite à petits pots.
Mais comment lutter, dans un vegetable beef dinner, on dénombre pas moins de 6 ingrédients et 9 dans un pasta dinner, le préféré de fiston.
Sa mère a beau faire de son mieux, elle ne moud pas encore sa farine de pois chiches bio, et c’est ballot parce que si ça ce trouve, c’est cette farine là qui rend les bébés accros.

lundi, juin 9

Cuisson vapeur


Je ne sais pas chez vous, mais ici, l’été a démarré par une vague de chaleur depuis quelques jours et ça y est, la barre des 35°c a été franchie plusieurs fois, le doute n’est plus permis.
Ce serait plutôt une bonne nouvelle si je faisais partie de ces gens qui s’épanouissent au soleil, qui relèvent la tête à mesure que le mercure grimpe.
Vous l’aurez deviné, ce n’est pas du tout, mais alors pas du tout mon cas. Le soleil et ma peau de rousse ne font pas bon ménage, j’y suis même un tantinet allergique et j’aurais pu faire vampire comme métier si j’avais voulu.
Donc quand le soleil brille brille brille, je souffre, d’autant que je n’aime pas non plus la chaleur, c’est bête hein ?

J’adore la tranche 20-25°c, je range mes pulls, je marche des heures dehors, je regarde les feuilles pousser, ça sent bon, le vent est doux, j’ai envie de plonger mes pieds dans un torrent de montagne et de manger du fromage de chèvre frais, je me prends un peu pour Heïdi, youkaïdi. Je suis fréquentable, de bonne humeur et le poil bien peigné.

Au-delà de 25°c, je commence doucement mais sûrement à périr, je me traîne, je soupire, j’ai chaud, les insectes m’attaquent et donc je dors mal, je colle, je me gratte et je m’économise en passant en mode veille m’en tenant aux mots d’une ou deux syllabes.

Au-delà de 30°c, je meurs pour de bon et donc, c’est logique, je ne ressemble plus à rien. Je râle sur tout ce qui bouge, j’invective le ciel, je l’agonie d’injures, je fais des recherches sur internet pour retrouver les mouvements exacts de la danse de la pluie, celle qui a été homologuée, avant de réaliser qu’il est hors de question que je bouge l’ombre d’un cil sous cette canicule.

Au-delà de 35°c ? Non, vous ne voulez pas savoir.
Bon, si vous insistez alors… Je suis en état de mort cérébrale certifiée par contrôle d’huissiers, si je croise Heïdi, la vraie, avec ses bouclettes et son sourire niais, je lui mets une claque, si j’arrive à bouger. J’n’ai plus d’appétit, plus de barracuda non plus. Ah, et j’oubliais, je suis de très très mauvaise humeur puisque je sais que la canicule est là exprès pour moi, juste pour le plaisir de m’emmerdouiller et je vis chaque demi degré supplémentaire comme un affront personnel.

Mais ce n’est pas tout, oh que non.
En hiver, quand on vous annonce un 5°c, vous vous dites que c’est fichu pour la neige mais qu’au moins la journée va être douce au soleil.
Que vous êtes naïfs... et les « températures ressenties » alors ?
J’explique : il fait bien 5°c, mais sans tenir compte du vent. Parce que si Evelyne Dheliat voulait vraiment se rendre utile, ce n’est pas sous abri qu’elle les annoncerait ses tempés, mais en situation réelle, avec le vent glacial qui transforme tout ça en un bon -2°c.
Et ben l’été c’est pareil, sauf que les températures ne sont pas revues à la baisse grâce à une brise bien fraîche venue du nord, mais à la hausse, aidées en cela par l’humidité gluante qui tombe tous les étés sur la ville.

Alors, parlons-en de cette humidité.
Les murs de la salle de bain ruissellent, le rideau de douche moisit gentiment, on a chaud, on est poisseux, on transpire en dormant et quand on se réveille on a l’impression qu’il est midi et qu’on est enfermé dans une tente en plein soleil, on passerait bien ses journées dans une piscine d’eau froide mais comme on n’est pas les seuls à avoir eu cette idée, c’est l’occasion de croiser 128 de ses voisins, avec progéniture surexcitée en prime.

Ce n’est plus 36°c à l’ombre de mon porche qu’il fait, mais dans les 41°c en « ressenti »…
Honnêtement, au-delà de 40°, je n’ai plus figure humaine. Vous savez les fifilles des pubs de shampoing, celles qui ont de longs cheveux lisses et soyeux, et qui veulent nous faire croire que même sous le crachin leur brushing tient le choc ? Même pas vrai. Avec l’humidité le cheveu gonfle, énormément, le brushing se casse en vacances et le poil lisse et soyeux devient ondulé au mieux, fouchtrouillé dans le pire des cas, soit vers 80 % d’humidité. Et nous avons dépassé les 80 %. Largement dépassé. Qui veut ma photo ?

Mais il fait trop chaud pour s’énerver sur ce détail capillaire, et il faut conserver un semblant d’énergie pour gérer les enfants, intenables, qui veulent manger et puis en fait non, qui sont fatigués mais en fait non, qui veulent jouer avec l'eau de la bassine puis en fait ben non, enfants qui courent allègrement sur les nerfs de leurs parents.

Quand je pense que nous ne sommes que début juin, j’ai des envies troglodytiques.
(Comment) vais-je survivre ?

Je précise qu’il est tout à fait hors de question qu’une photo de ma tronche d’en ce moment circule sur le web mondial, même pas en rêve, never.

jeudi, juin 5

La famille Pierrafeu

Hier, journée de plomb. Barre des 30°c dépassée dans notre jardin et habitants de la maison KO car nous avons fait le pari de survivre à l’été washingtonien sans la clim, enfin, notre propriétaire a fait le pari avant nous.

« Le temps est à l’orage » répètent les commentateurs à la radio et les prédictions internet s’affolent, autrement dit : attention, ça va péter fort, tempête annoncée.
En début d’après-midi, quand la lumière vire au jaune citron trop mûr, je commence à faire l’inventaire des fenêtres à fermer en cas de gros grain.
Quand je vois les arbres, statufiés depuis des heures, s’agiter brusquement, je rapatrie le chat à l’intérieur.
Quelques minutes après, je regarde au bout de la rue et voie le rideau de pluie avancer vers nous, c’est parti mon kiki.
Trois rafales violentes et plus d’électricité.
Le ciel est presque noir, le tonnerre fait vibrer les vitres, la rue est un torrent, le vacarme est terrible et fiston continue à pioncer… quand je pense que j’hésite à me servir du micro-onde pendant ses siestes.
L’orage passe, le temps de faire une ballade dans le quartier, en slalomant entre les branches tombées au sol, et c’est l’acte II, toujours aussi fort.

L’heure du dîner arrive et fiston s’avale un petit pot froid, c’est bien la peine de lui mitonner des purées maison, tiens.
Nous passons à table sous le porche moustiquairisé, juste à temps pour assister au 3ème orage, à la lueur des bougies. C’est beau mais c’est tellement violent que ça en devient inquiétant.
Et puis ce n’est pas tout ça, mais on commence à se faire du souci pour nos surgelés. Au bout de combien d’heures vaut mieux tout jeter ?

Au matin, toujours pas de courant et la course est lancée.
Vite, la douche avant le réveil de fiston.
Vite, préparer la poussette : jeux, gâteaux, eau et biberon de lait froid et vite, vite, nous propulser jusqu’au Starbeuk le plus proche pour gérer les urgences :
1- faire chauffer un café
2- ingurgiter le lait
à moins que ça ne soit l’inverse.

La serveuse me soutient qu’elle n’a pas le droit de faire réchauffer un biberon et que de toute façon elle ne pourrait rien faire puisqu’ils n’ont qu’un four normal. Je ne lui réponds pas que dans d’autres Starbeuk ça ce fait sans problème, je lui demande juste le plus grand gobelet qu’elle a en magasin avec de l’eau bien chaude. Elle me tend le plus petit de la série, rempli à ras bord. Débordement, ébouillantement, énervement, attente, pleurs, gesticulations, contorsions, regards pas contents, avec pour résultat un biberon tiédasse. Tant pis, il n’est pas 8 heures et il fait déjà 22°c alors fiston a chaud, ça tombe bien.

Pendant la sieste matinale, le bilan n’est pas folichon. Je ne peux rien faire cuire, ni réchauffer pour le déjeuner. La batterie de l’ordi est déchargée, donc pas de blogs, ni d’internet ou d’email pour patienter. Je ne peux pas téléphoner. Je ne peux pas me sécher les cheveux, si jamais l’idée de me mettre la tête sous un souffle brûlant alors qu’il fait pas loin de 30°c à l’ombre m’avait traversé le ciboulot ramolli. Je ne peux pas faire de lessive, sans compter que je ne peux même pas me servir de l’aspirateur, la vie est trop injuste.
Mais alors, que faire ?
Retour aux basics : cahier, stylo et bon bouquin, le chat sur les genoux en prime – ah ça, on peut toujours le chercher en hiver quand on rêve de se réchauffer les mains dans sa fourrure, mais quand on crève de chaud, indescotchable qu’il devient, avec abandon de poignées de poils sur joli pantalon en prime.

Fiston déjeune grâce à mes rudiments de physique : soleil = chaleur. Petit pot placé en plein cagnard une bonne heure avant le repas, résultat : bouillie à l’aspect bof, mais tiède.
Le cadran tourne, j’inspecte le congélo et évacue les premières victimes, épinards, maïs et fruits rouges.
Mais que fait la police ?

Il aura fallu patienter jusqu’à 16h30 pour que le courant soit rétabli, soit 25 heures de coupure, sans doute pas le record du monde mais quand même.
Ouf, ce soir on va pouvoir regarder un épisode de la dernière saison des Sopranos, Justin commençait à se faire du mouron.

Allez, c’est pas tout ça, mais c’est que j’ai 7 kilos de surgelés tous mous à faire cuire d’urgence.



mercredi, juin 4

La flippée de l'engagement

Beaucoup de gens, et je ne cite personne comme ça j’alimente votre paranoïa galopante et justifiée, s’imaginent que vivre loin de l’hexagone fait de moi une intrépide aventurière à l’existence bourrée de défis tous plus fous les uns que les autres.
Je vous laisse juge.

Pas plus tard qu’hier, j’ai pris la voiture – en pleine heure de pointe sur une 2x3 voies – pour aller acheter … on s’en moque, là n’est pas la question du jour.
Vous remarquerez comme certains parlent de leur moyenne et de leur consommation aux 100 km, quand moi je me concentre sur l’essentiel, à savoir combien de voies y a-t-il et puis-je compter sur un feu de signalisation pour m’engager dans ce dédale de tôles potentiellement froissées, ou vais-je devoir affronter mon pire cauchemar, un « Cédez le passage » ?


Parce que le feu tricolore est franc de collier, c’est mon ami. Quand il dit « Vas-y ma fille, je les tiens en respect, tu peux t’engager », j’ai plutôt tendance à lui faire confiance. Le « Cédez le passage » est plus fourbe, voyez. Il ne prend pas position, préfère rester neutre, c’est à vous de voir.
Et moi justement, j’ai du mal à voir. Il faut regarder qui arrive derrière, vérifier l’angle mort, revérifier devant qu’on a bien la place d’y aller et qu’un Humer ne s’est pas rabattu, sans clignotant, juste pour la beauté du geste. Le temps de faire tout ça, interrompue par un coup de klaxon, faire coucou dans le rétro, genre « T’inquiète pas mon gars, j’ai la situation super bien en main, je vais y aller », et ben il faut tout recommencer parce que la Ford Explorer beige, derrière laquelle on avait prévu de s’immiscer en douce, est déjà arrivée en Caroline du Nord.

Disons les choses comme elles sont, je songe à créer un groupe de pression qui supprimerait l’intégralité des « Cédez le passage », et obtiendrait la création d’un gyrophare spécial pour les flippés dans mon genre et qui donnerait priorité absolue. Quand ils nous verraient approcher, les gens seraient obligés de ralentir, nous laisser passer, avec le sourire merci, et auraient interdiction de se rabattre devant nous ou de nous doubler par la droite - parce qu’ici on a le droit de faire ça, et moi je me retrouve prise en sandwich entre deux monstres qui me doublent en même temps et je me mets à légèrement paniquer, des fois qu’ils auraient l’idée de se rabattre en même temps sous mon nez.

Non, je n’ai pas abusé du jeu des « 1000 bornes » récemment, pourquoi ?