jeudi, novembre 29

Permis de conduire, épisode 1

Moi et le permis de conduire, c’est une longue histoire.
J’ai du passer deux fois le code et deux fois la conduite pour, enfin, obtenir le fameux papier rose. Déjà pour le code ça a été un coup dur, rater à une mauvaise réponse près. Mais je ne me suis pas laissée abattre et, pour maximiser mes chances la deuxième fois, j’ai un peu triché à l’examen (à peine un œil qui a traîné sur le boîtier de la personne devant moi qui en fait répondait n’importe quoi, ça m’apprendra). Le code en poche, j’ai conduit une vingtaine d’heures en plus de mon forfait de base qui affichait déjà des matinées entières dépensées à déposer mon moniteur à son magasin de bricolage préféré où il avait toujours une course à faire ou quelqu’un à voir. Et je ne me suis pas arrêtée là.

A mon premier échec à la conduite, tout le monde m’avait dit pour me remonter le moral « oh mais c’est normal, les examinateurs à Clamart ils sont chantmé » - (c’était le tout début des années 90, ne l’oublions pas). Chantmés ou pas, j’avais quand même rétrogradé d’un coup de la cinquième à la seconde en sortant d’une voie rapide (l’émotion m’avait un peu confusionnée), avant d’échapper de justesse à un camion arrivant sur ma droite et que je n’avais pas vu, trop occupée à vérifier si quelqu’un n’avait pas sournoisement changé l’ordre des vitesses sur ma boîte tellement je ne pouvais pas croire ce que je venais de faire (l’examinateur s’étant chargé de nous sauver d’une mort certaine en attrapant mon volant pendant que j’essayais de comprendre quelle mouche l’avait piqué). Donc, qu’à cela ne tienne, la seconde fois je suis passée à Antony. J’ai conduit comme c’est dit dans les livres, en ralentissant bien comme il faut avant les intersections et en regardant bien à droite, j’ai même contrôlé tous mes rétros plein de fois, sans
trop savoir ce que j’étais censée y voir mais ça il n’y avait que moi pour le savoir. Mon moniteur d’auto-école, assis à l’arrière, était chargé de se racler discrètement la gorge pour me signaler les bons moments pour changer les vitesses. Tout un travail d’équipe en somme, des heures de répétition et des milliers de francs pour un résultat à la hauteur de nos efforts puisque j’ai enfin eu mon permis.

Depuis entre la conduite et moi c’est comment dire ? Une sorte de relation longue distance. Si l’on calculait la proportion de mes heures de conduite effectuées ces dernières années avec le nombre de mini accidents et accrochages divers que j’ai pu avoir, je suis sûre que je dois battre un record, petit le record mais il n’en reste pas moins que je pétoche un peu en voiture. Alors mon permis c’est un bien précieux, je m’y accroche parce que s’il fallait le repasser, ce serait comme retenter le bac demain vous voyez ? Recalée dès le premier tour, bonjour l’estime de soi après un coup pareil.

Je m’en suis donc allée au pays des westerns, assurée qu’avec mon permis français no soucy. Un océan traversé plus tard et hop, qu’apprends-je ? Mon carton rose ne vaut rien, mon assureur n’en veut pas et l’Etat du Maryland me donne 6 semaines pour obtenir un permis auprès du MVA du coin (Motor Vehicule Administration).
Première réaction : ah bon ? Vous êtes sûrs, pas moyen de s’arranger ? Et je peux pas l’acheter leur permis ?
Deuxième réaction : 6 semaines ? Ah ben trop tard. Bon, ben foutu pour foutu, si j’attendais encore un an ou deux ?
Ultime réaction désespérée avant de commencer à avoir mal au ventre : oh la la, au secours je me sens pas bien, je veux pas y aller !

Et pourtant, il a bien fallu y aller…

A suivre

mardi, novembre 27

Friday Black Friday

Je dois faire preuve d’un peu d’humilité et reconnaître que je n’étais pas la seule vendredi dernier à me sacrifier pour sauver l’économie mondiale. A en croire le Washington Post, nous étions 147 millions à faire flamber nos cartes de crédit pour le bien commun, près de 5 % de plus que l’année dernière.
Le caddie moyen s’est élevé à 347 dollars, soit une baisse de 3,5 %, compensée par l’affluence puisque le total des ventes de ce « Black Friday » (le vendredi d’après Thanksgiving, « noir de monde ») a atteint 10,3 milliards de dollars, soit 8 % d’augmentation.
L’année dernière le produit star de cette ruée dans les centres commerciaux avait été les téléviseurs haute définition, alors que cette année les cadres photo numériques et les ordinateurs portables leur ont été préférés. Mais le plus gros des ventes restent les vêtements et les accessoires.
Tout le monde s’accorde à dire que c’était un très bon début de saison, même les boutiques en ligne, qui ont enregistré 531 millions de dollars de vente. Et cerise sur le gâteau, ce n’est pas fini pour eux puisque hier a été baptisé « Cyber Monday », 72 millions de gentils consommateurs ont continué à faire chauffer la CB depuis leurs bureaux, contre 61 l’année dernière.

En toute logique, je pense qu’aujourd’hui peut être baptisé « Broke Tuesday », le mardi des fauchés.

samedi, novembre 24

Qu'est-ce que je ferais pas pour vous

En écoutant la radio d’une oreille distraite j’ai entendu un homme à la voix angoissée s’interroger sur l’état de la consommation américaine en cette période de soldes monstres d'après Thanksgiving. Il exhortait ses compatriotes à dépenser plus afin de soutenir l’économie mondiale. Le consommateur américain, comme chacun sait, est le pilier du système économique global. Mon sang n’a fait qu’un tour. S’il s’agissait de sauver l’économie planétaire, au diable l’avarice. Mon enthousiasme n’a pas été jusqu’à me lever à 3 heures du matin pour être la première à l’ouverture de certains magasins dès 4 heures (stratagème subtil des grands magasins pour avoir plus de clients ce week-end, si, si), mais j’ai quand même dépensé plein de sous. Bon, j’ai ruiné l’économie familiale mais j’ai sauvé l’économie mondiale, et pour ça, franchement, j'ai droit à votre gratitude.
Du coup, fiston, qui pousse à la vitesse de la lumière, ne sera pas cul nu quand le blizard sera viendu, mais je ne suis pas sûre que ça suffise à rendre le banquier sensible à mon histoire de découvert patriotique…

mercredi, novembre 21

Reine d'un soir

Il ne vous aura pas échappé que nous sommes à la veille de Thanksgiving et je souhaitais m’arrêter un instant sur le sort des millions de victimes emplumées que l’on a tendance à oublier un peu vite.

Non, je ne veux pas parler des Indiens et je ne me permettrais d’ailleurs pas de les traiter d’emplumés car on est très à cheval sur ces choses là par ici. Non, je veux parler des millions de dindes sacrifiées, farcies et congelées dans le but de commémorer l’offrande généreuse faite par ces Indiens à de pauvres pèlerins britanniques, bien partis pour mourir de faim sur le nouveau continent vu qu’ils ne savaient pas pêcher et qu’ils étaient des billes en agriculture.

Comme je ne suis pas américaine, je n’ai pas toute la famille qui débarque pour Thanksgiving, je ne passe donc pas des jours dans ma cuisine à m’angoisser pour une bête histoire de cranberries écrasées, je n’ai pas non plus besoin de deux heures au téléphone avec une amie pour déterminer quelle marque de farce tient le mieux à la cuisson tout en étant la plus fondante. Non, moi je suis française alors je me laisse inviter et je me contente d’ouvrir des yeux ébahis au supermarché. Je navigue au milieu des pyramides de corn starch (fécule de maïs), de sucre et de farine, de bouillon de légume en brique, de lait concentré sucré et d’appareil pour sweet potatoes pie en boîte (tarte aux patates douces). La levure jouxte les bouteilles de creamy butternut squash soup (soupe à la courge) et je n’arrive pas à dénombrer les différentes marques de gravy (sauce) en tous genres : turkey (dinde), cranberries ou chicken (poulet). Mais, le clou du spectacle se trouve au rayon frais. C’est là, dans d’énormes congélateurs, que votre dinde vous attend. Pour un petit Thanksgiving en tête à tête ? Rabattez-vous plutôt sur un poulet parce que la plus petite des dindes fait une quinzaine de pounds (plus de six kilos).

Moi qui de la dinde ne connais que la cuisse, je remercie la section Food du Washington Post qui s’est collé à une petite remise à niveau. Voici donc le b-a-ba sur l’oiseau qui, ne n’oublions pas, glougloute.
Quand on dit que le plat incontournable de ce jour de fête est la dinde, ce ne sont pas des mots en l’air puisque 45 millions de bestioles vont être becquetées en 24 heures. Bon, c’est malheureux mais il en disparaît 270 millions par an et personne n’en fait tout un plat. Je retiens de ne surtout pas avoir la mauvaise idée d’improviser en m’y prenant à la dernière minute : une dinde de 10 kg met 4 à 5 jours à décongeler au réfrigérateur et sept heures à cuire, et ce n’est pas la peine d’imaginer la faire entrer dans le micro-ondes, c’est mort. Que les pointilleux notent qu’une dinde c’est 157 os et 3500 plumes, mais que ça ne les empêche surtout pas de vérifier par eux-mêmes demain soir (oui j’ai un sens de la fête très développé).

Enfin, tout ça pour dire qu’entre le jeudi de Thanksgiving et le Nouvel an les statisticiens sont formels : les Américains en surpoids ou obèses (les deux tiers de la population) vont encore grossir de 2 kilos en moyenne.

lundi, novembre 19

sos rideaux

La première chose qui m’a frappée, et soulagée, quand j’ai vu notre nouvelle maison américaine ça a été les volets. De jolis volets en bois peints en marron. Voilà qui me semblait bien inhabituel au pays où les gens vivent au nez et à la barbe du voisinage, sans même un petit voilage de rien du tout. Je ne cachais pas ma joie devant la perspective de ne pas devoir équiper toutes les fenêtres de stores, double rideaux et autres moyens d’exprimer que nous on est Français et que donc, on n’aime pas être sous l’œil des passants ou des voisins quand on mange nos cuisses de grenouilles à l’ail.

Mais, à peine exprimée, ma joie a été tuée dans l’œuf par la propriétaire qui m’a expliqué qu’il ne s’agit que de volets décoratifs, comme arborent la grande majorité des maisons autour de chez nous. En effet, si vous faites sauter la moustiquaire des fenêtres, dans l’idée folle de fermer ces fameux volets, vous vous rendez alors compte qu’ils ne sont pas jointifs et qu’il n’y a de toute façon aucune attache prévue. Il ne nous restait plus qu'à aller porter notre obole au Saint Patron des expatriés, Ikea.

Alvine smäle et Tupplur ont enfin trouvé une famille et ça valait le coup d’être dit.

vendredi, novembre 16

Dans la famille Kenmore...

Vu le succès remporté par mon post sur la machine à laver made in USA, je ne résiste pas à l’envie de vous parler de mon lave-vaisselle.

J’ai regardé ses papiers et son nom de famille identique à celui du lave-linge m’a fait supposer une parenté qui, d'entrée de jeu, ne m’a pas mise dans les meilleures dispositions à son égard. Un peu comme à l’école, quand vous passez deux ans après votre frère qui a traumatisé le corps professoral de l’établissement et qu’à la lecture de la liste d’appel à la rentrée, vous sentez tout de suite que c’est pas gagné.
Pour commencer, notre lave-vaisselle est un modèle blanc. Bon déjà ça part mal parce que toute cuisine refaite –ici – se doit d’arborer de picturesques « stainless appliances », entendez « tout l’équipement en acier brossé super fatigant à nettoyer mais joli à regarder ». Ben non, chez nous tout est blanc mais ça va, on est au-dessus de ces basses considérations esthétiques et on n’en fait pas un drame. Enfin… blanc c’est vite dit en ce qui concerne le lave-vaisselle puisque toutes les parties en plastique du panneau de programmation sont plutôt jaunasse mais on va dire qu’on lui pardonne.

Notre déménagement ayant fini par arriver, l’occasion de faire vraiment connaissance s’est enfin présentée. Les mains pleines de verres à pied, j’ai dû me résoudre à l’ouvrir, prête à tout. Agréablement surprise, j’ai remarqué dans le panier supérieur ce qui ressemblait à des emplacements pour verres de grande taille. Chouette, je pose mes verres et repousse nonchalamment le tiroir comme ça, sans y penser, comme avant quoi. Tintamarre inquiétant, panier tiré en urgence et résultat, tous les verres les uns sur les autres et un nombre de victimes que je me refuse à dévoiler.
C’est que le panier, il est fait pour les verres assez hauts, mais tout est dans le « assez ». Les Américains qui boivent toujours le vin dans des verres de la taille d’un aquarium pour tortues, n’ont pas prévu une hauteur suffisante pour pouvoir les passer au lave-vaisselle… on est en droit de s'interroger. Heureusement, vous avez la place de ranger les assiettes, dans le panier du bas, mais il y a presque trop de place. Les emplacements sont très larges (mais pas assez pour un saladier, ce serait trop simple), donc les assiettes bringuebalent. Pour tout ce qui est plats, vous aurez compris que là c’est un peu à la va comme je te pousse.
Mais le petit truc en plus de mon lave-vaisselle, c'est son panier à couverts… les trous sont tellement gros que pour un peu il fallait racheter tout un service avec manches bien épais. On a échappé à ça mais il faut quand même se souvenir à chaque fois que les petites cuillères c’est tête en bas, sinon le manche se coince dans un trou (compter cinq bonnes minutes pour arriver à le déloger), et le panier se coince à son tour … sentez-vous monter l’agacement ?

La durée des cycles de cette formidable machine est inversement proportionnelle à ceux de sa cousine la machine à laver le linge : si vos fringues sont censées être propres en quinze minutes de brassage, vos assiettes, elles, ne vous seront rendues qu’après quasiment deux heures (mais à ce tarif là, elles sont sèches rassurez-vous). Niveau programmation, c’est assez simple (en gros le lavage est normal ou léger). Je dois avouer que quelques options hallucinantes me permettent de complètement personnaliser mon lavage et c’est très épanouissant pour ma vaisselle. Je peux donc demander à ce qu’il y ait moins d’eau, à ce que cette eau soit plus chaude, voire à ce que la présence de casseroles soit signalée à qui de droit.

Pour ceux et celles qui viennent de s’acheter cette merveille, ce n’est pas la peine de rapporter votre machine au magasin, sous prétexte qu’il manque l’hélice, vous savez le truc qui tourne et qui fait que le panier du haut a une vraie chance de rencontrer les sels de lavage ? Non, ce n’est pas un oubli du constructeur, c’est nor-mal, l’eau est chauffée (si vous y tenez vraiment) par la grosse résistance qui est au fond (ne mettez pas vos doigts, aïe, ben oui, vous l’avez demandé, c’est chaud maintenant), et l’eau ensuite elle fait comme elle peut pour grimper à l’étage du dessus… Le jour où j’ai vu ça, j’ai dit « ah ! Mais c’est pour ça que c’est encore sale… ». Ce jour là j’ai tout compris.

Ce n’est pas non plus la peine d’appeler le fabriquant complètement paniqués parce qu’une fumée épaisse s’échappe de la bête. C’est nor-mal, c’est la fin du cycle, quand la vaisselle est séchée, la vapeur sort par la jolie grille-attrape poussière qui est tout en haut à gauche du panneau de programmation jaunasse.

Quant au bruit, non ce n’est pas un chasseur bombardier qui tente un atterrissage catastrophe, c’est juste nor-mal, la machine se donne un mal de chien pour vous rendre service et elle le fait savoir.

Mais que je n’aie surtout pas l’air d’en vouloir personnellement à mes lave-trucs car j’ai découvert qu’ils ne sont hélas pas deux cas isolés. Non, ils appartiennent à la merveilleuse famille un tantinet dégénérée nommée électroménager américain et un jour, si toi lecteur tu m’y forces, je te parlerai de mon aspirateur.

mercredi, novembre 14

Les hommes viennent de Mars, les GPS viennent de Vénus

Une question me turlupine depuis que nous sommes allés en week-end à Cape Cod, il y a dix jours. Jeremy (j’ai fait le pari que j’arriverais à le caser dans tous mes posts) nous avait généreusement prêté son GPS pour contourner New York à l’heure de pointe matinale. Certes, j’avais déjà entendu plusieurs de ces bestioles en France, mais c’est sur cette route qu’une question saugrenue m’est venue.

Pourquoi donc tous les GPS de ma connaissance ont-ils une voix de femme ? J’ai demandé à plusieurs personnes : beaucoup d’hypothèses mais aucune certitude. On se doute que c’est le fruit d’une enquête approfondie par les constructeurs de GPS, mais là encore, on est dans le flou. Les paumés du bitume seraient-ils majoritairement féminins - faute d'exercer leur cerveau gauche, à moins que ce ne soit le droit, ou une question d'hormones peut-être... je m'y perds mais on vous explique tout. Ou bien seraient-ils masculins - il paraîtrait que les hommes puissent retrouver le chemin de leur foyer même les yeux bandés à des dizaines de kilomètres… mais bon, quand par extraordinaire ils sont perdus, ils sont alors in-ca-pa-bles de demander une direction, ils ne peuvent pas, une histoire de mars et vénus.

Donc les femmes préfèreraient être aidées par des femmes. Seulement, ça ne colle pas. Grâce à une interview d’Harold Goddijn, P-DG du fabricant de systèmes de navigation TomTom, je suis en mesure de vous dire que les GPS sont une affaire d’hommes (ils n’avaient que 12 % de clientes en 2006). Comme quoi les femmes doivent savoir où elles vont.

Ruminant cette donnée capitale, j’ai commencé à élaborer des tas d'autres explications sur le pourquoi de la voix féminine :
- c’est plus acceptable d’obéir à une femme plutôt qu'à un autre homme: oui à la gentille assistante toute dévouée à moi même, et non à ce gros fainéant de boss qui me dit déjà quoi faire toute la journée
- ça donne l’illusion d’une compagnie agréable
- quand on se retrouve quand même paumé,
ça permet d’être beaucoup plus grossier et d’atténuer la blessure narcissique du conducteur mâle : évidemment qu’elle s’est trompée cette conne ! Ah si ils avaient mis un mec pour me donner mes indications routières j’en serais pas là!

J’ai poursuivi mes investigations via internet et alors là, shame on me (la latche comme on dit par chez moi) : j’ai trouvé un nombre incroyable de sites, et même de blogs, dédiés au GPS en général, et au téléchargement de voix en particulier. Mais bon, je note quand même que les voix d’hommes que j’ai trouvées sont des imitations de gens connus et je ne suis pas sûre que ce soit tout à fait la même chose (et puis avoir envie d'entendre Bigard indiquer les sorties d'autoroute en te disant "roule ma poule", c'est aussi un peu la latche quand on y réfléchit).

Enfin, tout ça pour dire que Jeremy, tu devrais télécharger la voix du Dr Evil d'Austin Powers sur ta machine, ce serait plus groovy.

lundi, novembre 12

Scoop : les Bisounours parlent danois

Un grand merci à Jeremy qui a éclairé ma lanterne samedi soir et qui, grâce à sa mémoire bionique, me permet de vous confirmer que les Bisounours habitent bien en Europe. Pour être plus précis, il faut remonter à une affaire qui s’est déroulée à Manhattan en mai 1997, et qui est passée au tribunal en décembre 1999.

En mai 1997, donc, Anette Sorensen et le père de sa fille, Exavier Wardlaw, décident d’aller boire un verre dans un restaurant d’East Village. Ils sont les parents de Liv, quatorze mois, qui est encore un chouïa petite pour rester seule à la maison alors ils l’ont emmenée avec eux. Arrivés au restaurant, c’est le soir et il fait autour de 12°c, un peu frisquet pour boire un coup en terrasse donc Anne et Exavier décident de consommer à l’intérieur de l’établissement… et ils laissent la poussette, bébé calé dans sa couverture, à l’extérieur sur le trottoir. La police, appelée en renfort par des gens s’inquiétant du sort de l’enfant, a procédé à l’interpellation du couple. Anette et Exavier ont passé 48 heures en prison et la petite Liv a été placée 4 jours. Anette a ensuite récupéré sa fille avant de repartir pour Copenhague.

Cela aurait pu en rester là mais Anette s’est sentie tellement outragée qu’elle a décidé de poursuivre la police de New York pour arrestation abusive. Et pour quoi donc ? Mais parce qu’Anette n’a fait que se conformer aux usages de son pays, où il est tout à fait de bon ton de laisser son bébé à l’extérieur, à profiter de l’air pur, plutôt que de le traîner dans des cafés enfumés. Et puis c’est apparemment une façon d’acclimater l’enfant aux hivers un peu rudes de là-bas, autant qu'un moyen de le préserver des microbes qui ne survivent pas dehors tant il y fait froid (mais ils ne sont pas enveloppés de moultes couvertures de vison, eux). Le débat culturel a fait rage autour de cette affaire à la fin des années 90. Coutume ou pas, les Américains estimaient qu’Anette, qui avait vécu à Manhattan, aurait tout de même pu se rendre compte que Copenhague ne joue pas dans la même catégorie niveau criminalité, et qu’un trottoir à Copenhague est sans conteste beaucoup plus à l’abri qu’un bout de béton new yorkais frôlé par des milliers de véhicules à l’heure. En somme, on lui reprochait d’avoir voulu vivre à Rome sans faire comme les Romains.

Anette et Exavier ont donc décidé, une fois n’est pas coutume, de faire comme les Américains et de porter plainte pour arrestation illégale et traumatisante, avec 60 millions de dollars de dédommagement à la clé. Les six jurés ne les ont pas suivis sur ce terrain et l’accusation a été déboutée de sa demande. La charge de mise en danger d’enfant, portée contre Anette Sorensen, ainsi que Exavier Wardlaw, a elle aussi été abandonnée. Cependant, Anette a réussi à obtenir 66 401 $ pour la dédommager des évènements qui se sont déroulés après son arrestation, ainsi que la non notification par les officiers de police de la possibilité d’être assistée par son consulat.

Cette affaire a apparemment fait grand bruit par ici il y a dix ans, ce qui explique sans doute les références à “l’Europe” par les lecteurs du forum, ainsi que l’emballement de la discussion sur le sujet “peut-on laisser un enfant seul”… il me manquait un peu de contexte culturel pour mieux suivre.
Alors moi je retournerais bien sur ce fameux forum pour mettre un message à la mère désemparée qui n’a plus de nounou. Puisqu’elle cherche quelqu’un d’irréprochable, je lui conseillerais de prendre une fille au pair, mais pas de n’importe quelle agence, de celle-là. Voilà de quoi relancer le débat.

Enfin, tout ça pour dire, et vous serez d’accord avec moi, qu’à présent c’est officiel : les Bisounours zabitent au Danemark (en plus c’est pas loin de chez le Père Noël, c’est pratique pour les urgences).

PS – je sais bien que ce n’est pas un authentique Bisounours en photo mais, et d’un je les trouve moche (j’en avais un et je n’ai jamais pu l’encadrer), et de deux vous avez la chance inouïe d’admirer le lapours de fiston (le fruit d'une aventure trop brève entre un lapin et une oursonne, à moins que ce ne soit l’inverse, en tous cas l'histoire ne s'est pas très bien terminée pour l'un des deux).

vendredi, novembre 9

En attendant Hopper

Petit hommage Cap Codien à Hopper, avant d'aller baver devant ses toiles, .
J'ai hâte.
(Race Point, 4 novembre 2007)

jeudi, novembre 8

On ne bouge pas


J’avoue que je prends beaucoup de plaisir ces derniers temps à vagabonder sur des forums américains, spécialisés dans le « parenting ». Il faut bien que j’apprenne le vocabulaire et que je me fasse une idée de comment les parents américains élèvent leurs enfants, ces heures passées devant l’ordi sont comme une étude sociologique de la parentalité à l’américaine si vous me suivez. Et puis, allez j’avoue, c’est souvent assez drôle.

L’autre jour donc, je tombe sur une discussion portant sur une nounou qui avait laissé l’enfant qu’elle gardait sanglé dans sa poussette dans la rue, juste devant la maison ( située dans une banlieue peinarde où les voisins surveillent dès qu'une feuille tombe), pendant qu’elle était à l’intérieur. L’histoire ne dit pas à quoi était occupée cette nounou, ni depuis combien de temps mais la mère rentrant plus tôt de son travail s’était trouvée devant ce spectacle insoutenable et s’était empressée d’en parler sur ce forum, pour demander quoi faire. Devait-elle renvoyer la nounou (son bébé aurait pu se faire enlever, mutiler, ou la poussette aurait pu dévaler la route – plate comme la main mais avec un peu de vent on ne sait jamais), ou bien estimer que le savon qu’elle lui avait passé (sans compter les deux emails furibards et le message hystérique laissé sur le répondeur du domicile de la nounou) était suffisant comme premier avertissement ? Terrible dilemme. Les avis ont fusé et, après s’être fait remettre à sa place plusieurs fois pour la façon non-professionnelle qu’elle avait eue de gérer cette crise – on ne laisse pas de message hystérique, et on n’envoie pas d’emails limite insultants non plus, majoritairement la nounou était quand même bonne pour se trouver une autre famille.

Mais quelques voix se sont élevées pour dire qu’il fallait tenir compte des origines de cette nounou car, en Europe par exemple, les femmes ont l’habitude de laisser les poussettes, avec enfants dedans, à l’entrée des magasins pour aller tranquillement faire leurs courses, ou alors n’ont aucun scrupule à les laisser seuls au parc, à jouer rassurez-vous, pendant que là aussi, elles vont faire leur shopping. Les intervenants (car ils étaient plusieurs à soutenir qu’en gros les gosses on s’en occupe quand c’est pas les soldes ou quand il neige et fait -12°c) n’ont pas précisé à quel pays d’Europe ils faisaient référence mais ça m’a fait doucement rigoler.
Ces exemples européens ont, vous l’imaginez, soulevé des protestations choquées et une femme a conclu en disant qu’on peut se comporter comme ça parce que chez nous on ne connaît ni enlèvements, ni pervers. Ben oui, c’est normal puisque c’est chez nous qu’ils zabitent les Bisounours.

Mais la discussion ne s’est pas arrêtée là, car le renvoi sans appel de la nounou a délié les langues et le thème est devenu : « a-t-on le droit de laisser un enfant seul, quelle que soit la distance à laquelle on se trouve, et quel que soit le temps écoulé ?» Et la réponse est non. Et quand je vous dis non, c’est non, on ne cherche pas à finasser. Une mère s'est quand même fait traiter de "psycho" en avouant ne jamais quitter son fils de quatre ans des yeux, ja-mais ! Mais plusieurs autres sont venues à sa rescousse en disant faire pareil, que c'est normal et que c'est ça être parent et de s'occuper de son enfant... Il y a même une femme de policier qui est venu justifier le fait qu’un flic a le droit de vous arrêter si vous vous êtes éloigné de votre voiture (enfants à l’intérieur, contact coupé et portes verrouillées) d’à peine quelques mètres pour jeter des papiers (dans une station service par exemple), ou pour rapporter votre caddie sur le parking de votre supermarché.
Alors, me direz-vous, que fait-on de son caddie ? Et bien plusieurs pages de lecture m’ont permis d’en apprendre d’avantage sur cette fascinante question. Car je ne crois pas que vous ayez pris la mesure de ce challenge moderne. C’était : « oui, moi je ramène mon caddie avec mes enfants à l’intérieur, et puis après on revient tous ensemble à la voiture». Mais ça va pas la tête ? Car « non mais tu ne te rends pas compte, les parkings sont un des endroits les plus dangereux, avec les vieux qui confondent le frein et l’accélérateur, les gros SUV qui ne te voient pas quand ils reculent, c’est beaucoup trop risqué pour y marcher avec des enfants ». Ah bon ? « Non, moi j’attache les enfants dans la voiture, je verrouille les portes et je ramène le caddie en marchant à reculons, pour ne pas les quitter des yeux ». QUOI ? (le jour où je la croise celle-là j'espère avoir mon appareil) « Ah ben moi j’ai un bébé de quatre mois alors j’abandonne mon caddie sur le parking, tant pis ». Inconsciente. « Ton bébé tu peux le porter quelques mètres de plus, qu’est-ce que ça change ? Ton caddie il va peut-être blesser quelqu’un, je ne te souhaite pas d’avoir un deuxième enfant parce que vu comme tu as l’air empotée… » Et la femme du flic intervenant à intervalle régulier pour dire « toi, tu t’éloignes de ton véhicule, tu es passible de prison », «toi tu n’as pas le droit de dire que c’est illégal et que mon mari est un pourri qui abuse de son pouvoir, c’est un outrage, tu es passible de prison ».

Enfin, tout ça pour dire que dès que fiston sera devenu trop grand pour les courses en poussette, je commande sur internet.

mardi, novembre 6

My Tivo is soooo great !

Avis à tous les fans de séries, aux accrocs des programmes commençant vers minuit et autres indécis devant deux bons films le même soir à le même heure : laissez tomber votre magnétoscope ou votre enregistreur numérique externe, j’ai mieux. J’ai même tellement mieux à vous proposer que vous allez sérieusement envisager votre expatriation.

Votre futur meilleur ami s’appelle Tivo.

Non, Tivo n’est pas hispanique et ne vous accompagnera pas à vos cours de salsa. Tivo est une boite, c’est la « Tivo box ». Je sais, je sais… je vous entend dire « mais j’en ai une de box, c’est la Darty, la Free » et blablabla. Tout ce que je peux vous dire c’est que vous n’avez pas le Tivo, c’est tout.

Mais qu’est-ce qu’elle a en plus ma boîte ? Et bien, avant, quand vous pensiez vivre au 21ème siècle, vous regardiez le programme télé (sur papier, Internet ou directement sur votre écran, là n’est pas la question), pour savoir quoi regarder ou enregistrer. Le truc qui me choque dans cette dernière phrase c’est la partie «vous regardiez le programme télé», parce qu’avec Tivo, plus besoin de se poser la moindre question, il pense à votre place et sait vous surprendre et vous faire plaisir puisqu’il vous connaît par cœur. Non, je vous vois venir, Big Brother et tout le tralala. Que nenni, c’est vous qui conditionnez votre Tivo. Vous entrez la liste de vos metteurs en scène préférés, de vos acteurs fétiches, des séries que vous ne pouvez pas envisager de manquer, des numéros de saison que vous guettez de pied ferme, de vos centres d’intérêt par mots-clés, et bien sûr vous actualisez au fur et à mesure de vos zappings. Résultat, le soir quand vous vous installez sur votre canapé, Tivo vous informe qu’il a non seulement réussi à vous dégotter l’épisode pilote de Magnum, mais vous propose aussi un film enregistré dans l’après-midi, un film que vous ne lui avez jamais signalé mais comme il se déroule en Chine et que vous avez mis ce pays dans vos mots-clés, ben il s’est dit que ça allait vous faire plaisir. Il n’est pas mignon mon Tivo ? Et je ne vous parle même pas des achats de films par télécommande, de la programmation par Internet (qui vous permet de vous concocter votre soirée télé depuis votre boulot, ou encore mieux, depuis votre siège de métro grâce à votre BlackBerry ou assimilés), ni des transferts ultra-simples et rapides de son disque dur à votre ipod ou portable... mais puisque je vous dit qu'il est génial.

ça n’a peut-être l’air de rien à vos yeux mais sachez que si vous avez le câble, avec des bouquets un peu poussés, ben le programme télé c’est l’annuaire des Hauts-de-Seine… alors, toujours aussi catégorique ?

Là où les choses se compliquent bien sûr, c’est quand vous rachetez le Tivo de quelqu’un, parce qu’il faut le temps de le déprogrammer. Une fois vos listes faites, il peut continuer pendant quelques temps à faire des propositions liées au propriétaire précédant… ce qui peut donner lieu à des situations cocasses (enfin, pas pour tout le monde). C’est comme ça qu’un ami d’ami (ou bien est-ce une légende urbaine, allez savoir) s’est retrouvé avec un Tivo qui ne lui enregistrait que des programmes visiblement destiné aux hommes préférant les hommes. Résultat, il a passé ses nuits et ses week-ends à essayer de convaincre son Tivo que non, lui il aimait les filles mais peine perdue, son Tivo ne l’entendait pas de cette oreille. Il faut dire qu’il lui demandait d’enregistrer du catch et des cours de cuisine japonaise…

Enfin, tout ça pour dire que nous, on a même pas le câble, la honte.


Un grand merci à celles et ceux qui ont laissé un message sur ce blog, c'est bien agréable de savoir qu'on ne "parle" pas dans le vide. N'hésitez pas à recommencer, et que les lecteurs silencieux se lancent si un sujet les inspire. Je remarque que pour le moment, c'est la machine à laver qui vous mobilise le plus...

lundi, novembre 5

L'esprit était dans l'escalier

Halloween ? Autant le dire tout de suite, ça a été la Bérézina. A peine une dizaine d’enfants se sont pointés à la porte, dont la moitié ne dépassait pas huit mois et arborait de jolis pyjamas décorés de citrouilles. Nos voisins venus faire plus ample connaissance, quoi. La seconde moitié est arrivée après 20 heures, en provenance des quartiers plus pauvres. Ils ont bien fait de se déplacer, eux, et ont pu emporter des poignées entières de bonbons (il y a même eu une Morticia Adams très gothique qui a insisté pour prendre la jolie citrouille posée dans le plat, je me demande encore pourquoi).

Alors le bilan est catastrophique : 2 sacs de Snickers à peine entamés, 1 de Crunch (mais je me le réserve celui-là), 1 de Milky-way (et oui, ça existe encore) et un truc bizarre très écoeurant au beurre de cacahuète… et impossible de remettre la main sur le ticket de caisse, il va falloir que je mange tout ou que je copine avec les enfants du quartier.

Les voisins commencent déjà à sortir leurs décorations rouge, vertes et de préférence clignotantes et la municipalité a décoré les lampadaires, qu’on se le dise, c’est bientôt Noël.