J’ai du passer deux fois le code et deux fois la conduite pour, enfin, obtenir le fameux papier rose. Déjà pour le code ça a été un coup dur, rater à une mauvaise réponse près. Mais je ne me suis pas laissée abattre et, pour maximiser mes chances la deuxième fois, j’ai un peu triché à l’examen (à peine un œil qui a traîné sur le boîtier de la personne devant moi qui en fait répondait n’importe quoi, ça m’apprendra). Le code en poche, j’ai conduit une vingtaine d’heures en plus de mon forfait de base qui affichait déjà des matinées entières dépensées à déposer mon moniteur à son magasin de bricolage préféré où il avait toujours une course à faire ou quelqu’un à voir. Et je ne me suis pas arrêtée là.
A mon premier échec à la conduite, tout le monde m’avait dit pour me remonter le moral « oh mais c’est normal, les examinateurs à Clamart ils sont chantmé » - (c’était le tout début des années 90, ne l’oublions pas). Chantmés ou pas, j’avais quand même rétrogradé d’un coup de la cinquième à la seconde en sortant d’une voie rapide (l’émotion m’avait un peu confusionnée), avant d’échapper de justesse à un camion arrivant sur ma droite et que je n’avais pas vu, trop occupée à vérifier si quelqu’un n’avait pas sournoisement changé l’ordre des vitesses sur ma boîte tellement je ne pouvais pas croire ce que je venais de faire (l’examinateur s’étant chargé de nous sauver d’une mort certaine en attrapant mon volant pendant que j’essayais de comprendre quelle mouche l’avait piqué). Donc, qu’à cela ne tienne, la seconde fois je suis passée à Antony. J’ai conduit comme c’est dit dans les livres, en ralentissant bien comme il faut avant les intersections et en regardant bien à droite, j’ai même contrôlé tous mes rétros plein de fois, sans trop savoir ce que j’étais censée y voir mais ça il n’y avait que moi pour le savoir. Mon moniteur d’auto-école, assis à l’arrière, était chargé de se racler discrètement la gorge pour me signaler les bons moments pour changer les vitesses. Tout un travail d’équipe en somme, des heures de répétition et des milliers de francs pour un résultat à la hauteur de nos efforts puisque j’ai enfin eu mon permis.
Depuis entre la conduite et moi c’est comment dire ? Une sorte de relation longue distance. Si l’on calculait la proportion de mes heures de conduite effectuées ces dernières années avec le nombre de mini accidents et accrochages divers que j’ai pu avoir, je suis sûre que je dois battre un record, petit le record mais il n’en reste pas moins que je pétoche un peu en voiture. Alors mon permis c’est un bien précieux, je m’y accroche parce que s’il fallait le repasser, ce serait comme retenter le bac demain vous voyez ? Recalée dès le premier tour, bonjour l’estime de soi après un coup pareil.
Je m’en suis donc allée au pays des westerns, assurée qu’avec mon permis français no soucy. Un océan traversé plus tard et hop, qu’apprends-je ? Mon carton rose ne vaut rien, mon assureur n’en veut pas et l’Etat du Maryland me donne 6 semaines pour obtenir un permis auprès du MVA du coin (Motor Vehicule Administration).
Première réaction : ah bon ? Vous êtes sûrs, pas moyen de s’arranger ? Et je peux pas l’acheter leur permis ?
Deuxième réaction : 6 semaines ? Ah ben trop tard. Bon, ben foutu pour foutu, si j’attendais encore un an ou deux ?
Ultime réaction désespérée avant de commencer à avoir mal au ventre : oh la la, au secours je me sens pas bien, je veux pas y aller !
Et pourtant, il a bien fallu y aller…
A suivre