Au programme aujourd’hui, la crise des 2 ans, chez les enfants je précise. « Oh non, M’dame, c’est nul, on peut pas parler des organes reproductifs plutôt ? » Tss, tss, non, c’est crise des 2 ans, point barre, j’ai des trucs à dire. J’entends que les pulsations cardiaques de ceux qui ont déjà traversé cette épreuve s’accélèrent dangereusement, oui vous pouvez être dispensés.
Quelques journées houleuses mises à part, cette fameuse crise des 2 ans me laissait jusqu’ici songeuse. Je me disais « Bon ben si c’est ça, ça va, je ne vois pas pourquoi on en fait tout un plat ». J’en étais presque à penser que fiston allait sauter cette étape soi-disant clé du développement, sans savoir si je devais m’en réjouir ou le traîner de toute urgence chez un pédo-psy.
Mais que n’ai-je savouré davantage cette belle époque, quand mon challenge parental du jour se résumait à saupoudrer ses tranches de bananes de confettis au chocolat pour les lui faire avaler. Ah, que n’ai-je profité davantage des siestes de 2 heures bien tapées. Vous l’aurez deviné, depuis près d’un mois notre réalité a basculé dans une dimension parallèle, une entité aussi pénible qu’inconnue a pris possession de fiston et j’ai bien du mal à la déloger.
Et que je me jette par terre, grosses larmes et vocalises à fond. Et que j’hyper ventile et saute sur place pour le plaisir de réveiller ma sœur et faire hurler ma mère. Et que les repas, qui n’étaient déjà pas une partie de franche rigolade, se sont transformés en guerre des nerfs. Et que tous les prétextes sont bons pour se réveiller la nuit et piquer sa crise. Que les bêtises s’enchaînent à la cadence des saltos d’un championnat du monde de patinage artistique. Que l’eau du bain est déversée à l’extérieur de la baignoire, que les jouets à piles sont immergés dans l’évier, que les goûters finissent derrière le radiateur, que les livres sont déchirés, les couvertures arrachées, les mines de feutre écrasées sur les tapis et mes nerfs allègrement piétinés.
Il faut une heure pour avaler le bib du matin, une de plus pour s’habiller, à quoi s’ajoute la demi-heure d’enfilage de manteau – "Non !!!!", et de chaussures – "C’est Timothée !!!!" Du coup, ma névrose du retard à l’école a pris sa retraite et je verrouille la porte, presque sans défaillir, à l’heure où je serais censée le quitter devant sa classe.
Y’en a qui disent qu’il faut désamorcer par le rire. OK, du blanc de poulet interminablement mâchouillé à table, puis recraché en douce sur le sol de la cuisine ça pourrait éventuellement me faire ricaner, vu que l’état de ma fatigue annihile tout mon bon goût humoristique et me ferait presque glousser à l’écoute de Jean-Marie, sauf que quand je glisse sur ce crachouillis baveux avec mouflette dans les bras, ben non. D’autres grands experts des farfadets possédés conseillent d’entendre ce qui se cache derrière ces crises. Peut-être, mais qui a envie, ou la capacité physique, d’aller écouter derrière les milliards de décibels balancés par un fiston déchaîné ? Ne me regardez pas, j’ai les tympans fragilisés par une flopée de parasynthèses.
Alors, je fais comme la plupart des parents – enfin j’espère, ne me répondez pas que vous avez tous suivi des séminaires de dressage -, je vitupère, fais diversion, crie, menace, ris nerveusement, fais la sourde oreille, m’énerve, câline, m’emporte, claque les portes et pointe le doigt. Rien ne marche.
Quand j’essaye de lui expliquer pourquoi je me fâche et que je tente de réparer les dégâts psychologiques probablement irréversibles que mes pétages de plomb du jour ont dû causer, espérant un moment d’entente cordiale, voire d’harmonie apaisée, le seul truc qu’il trouve à répondre c’est : « Pitits Beurres ? », pour ensuite commencer à chouiner « Pitits Beurres tout d’suiiiite ».
Et dire que Super Nanny n’est plus, me v’là bien.
4 commentaires:
Mon fils aujourd'hui: "Je pleure pour que maman elle s'occupe de moi". C'est pas comme si je passais mes journées à jouer avec lui (je me suis améliorée en pâte à modeler et dessin, un truc de dingue). Donc, prends patience et n'écoute pas ma nanny pas super qui m'a dit "on parle toujours des Terrible Two, mais personnellement, je pense que le pire, c'est à 3 ans".
Ouai, ben tu sais, je crois que ta nounou a raison, on m'a dit ça plein de fois déjà. Pour la pâte à modeler, j'admire parce que c'est un truc que je refuse de faire, oui, carrément indigne, il dit "Playdoh" et je réponds "Non". Je suis tellement pas inspirée, je souffre trop. En général, pour l'amadouer, je propose de faire un gâteau ou une mousse au chocolat... et ça marche, tiens donc.
Mauvais parents.... Z'avez qu'à le mettre devant la télé, comme tout le monde (enfin, comme moi... Ils apprennent l'Anglais, de la sorte).
@ Marie: digression sur la pâte à modeler. Moi aussi j'avais tenté la diversion culinaire mais mes fringues commençaient à serrer... J'ai acheté des emporte-pièces comme pour faire des gâteaux (en principe tu peux trouver tout l'attirail avec le mini rouleau à pâtisserie,...). Et hop, il étale, il appuie,... Il se débrouille quoi. Bon, maintenant il veut que je lui fasse des aspirateurs ou des camions poubelles (????) en pâte à modeler mais comme ce que je fais ne ressemble à rien, on revient "aux gâteaux". Je te laisse, mon fils s'est coincé la tête dans un seau...
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