Comme un arrêt à Philadelphie était prévu de longue date pour aller découvrir la Barnes Foundation, on s'est dit qu'il serait toujours temps après la visite de poursuivre la route vers le nord, ou de tourner les talons et revenir au chevet du malade.
Je préfère vous mettre en garde, on ne va pas "à la Barnes" comme on va chez le coiffeur.
On réserve 20 à 40 jours en avance, en indiquant, par ordre décroissant de préférence, ses plages horaires d'arrivée. Si on est bien informé, on réserve aussi une place de parking, ce qui évite d'avoir à se taper deux kilomètres à pied sous la neige car la Barnes est en pleine zone résidentielle, avec zéro place pour se faire un créneau des familles sur verglas, rien.
Une fois garées, Mesdames, il faut ranger vos escarpins car tout talon inférieur à 2 inches de diamètre est considéré comme potentiellement fatal au parquet, même pas marqueté permettez moi d'ajouter. Mephisto doit sponsoriser le lieu puisque ça nous fait tout de même un talon de quasi 5 centimètres de diamètre, voilà déjà de quoi chambouler mon sens esthétique de haute volée.
Si vous avez des ados en stock, examinez attentivement leur pull. Les vêtements qui ne moulent pas le corps doivent être déposés au vestiaire ("fit snugly", c'est pas moi qui le dis). Et non, ne vous dites pas que pour simplifier les choses, ils n'ont qu'à faire la visite en tee-shirt. Vous avez oublié qu'à la fin de votre inscription en ligne, on vous a prévenu que les locaux sont maintenus à une température constante de 70°F (21°C°), et que donc une petite laine n'est pas de trop.
Vous laisserez vos caméscope, appareil photo, bloc note et pinceaux mâchouillés au vestiaire puisqu'il est même interdit de faire des croquis, si jamais vous faisiez dans la copie d'impressionnistes au stylo 4 couleurs c'est rapé, et vous veillerez à rester à une distance de 18 inches de tous les objets (46 centimètres). Pour ce dernier point, n'ayez crainte, un très beau scotch noir collé au sol est là pour vous le rappeler.
Ce que je vous recommande, mais ce n'est bizarrement pas conseillé, c'est le port de la minerve, extrêmement utile au bout d'une heure de visite à se tordre les vertèbres vers le plafond, non pas que ledit plafond ait un intérêt particulier, mais c'est quand même lui qui a la meilleur vue sur pas mal d'œuvres, grâce à un type d'accrochage et de disposition des tableaux connu sous le nom de "Plus y'en a, mieux c'est".
Vous me direz, "Mais arrête donc de râler deux secondes et enchante-nous avec les peintres que tu as admirés, fais-nous rêver en évoquant leurs palettes, donne toi un peu de mal et parle de la peinture burdol !"
Puisque vous le prenez sur ce ton, je vais partager avec vous une théorie qui m'est venue en cheminant gaiement de salle en salle, gentiment cornaquée par deux gardes et trois chiens de berger : Renoir n'avait rien d'original, le pauvre gars était juste myope. J'irais même plus loin en déclarant devant témoins que Renoir est à la peinture ce que David Hamilton est à la photo, et David Hasselhoff à l'automobile pendant qu'on y est.
Ne croyez pas que je dis ça à la légère, j'ai eu incroyablement le temps de peaufiner cette affirmation qui s'apprête à ébranler le monde de l'art puisque la Barnes ne lésine pas et offre à vos regards, non pas 50, ni 100, ni 150, mais 181 Renoir Mesdames et Messieurs, oui 181, 1-8-1.
J'aime pas Renoir.
Pas une salle sans au moins une paire de toiles floues avec des femmes à la peau rose comme un petit cochon de lait et au regard aussi expressif que ledit petit cochon d'ailleurs. Tiens, v'là que me vient une question : y avait-il un charcutier dans la famille Renoir, je ne sais pas, même un vague oncle ? Ceci pourrait expliquer cela.
A intervalles réguliers venaient des paysages qu'on aurait dit le sud, made by Cézanne en personne. 69 quand même.
59 Matisse mais c'est pas les meilleurs, 46 Picasso et alors là, on se demande encore où ils étaient les 46. Je rappelle que 1-8-1 Renoir Mesdames et Messieurs, mes cornées et rétines ont pris des mesures drastiques d'auto-protection et sont allées tchatcher avec celles de Justin, dehors. A pas vu les Picassi.
En sortant nous avons téléphoné et les nouvelles du malade n'étaient pas terribles. Pas alarmantes non plus mais pas top quand même. Il neigeait, Justin avait oublié son manteau à la maison, nous n'étions qu'à deux heures de route… dans les deux sens…
Siiiiiiiii, je le refais !
To be continued.
7 commentaires:
C'est sûr, entre New Yorki et New Yorka pas, j'avais choisi New Yorki, sûre de mon fait. Maintenant, si c'était pas New Yorki mais Philadelphi, c'est pas du jeu, on n'avait pas toutes les possibilités en vue (bien qu'à la lumière de ce message, le "New Yorki pendant 2h" pourrait trouver tout son sens..)
C'est vraiment dégueulasse de m'attaquer comme ça, d'autant que j'ai dû m'approcher tout près de l'écran pour lire et que je me suis cogné la tête contre ma webcam.
Mdr!! ca fait quelques temps que je vous suis, et c'est vraiment tres tres drole. Habitant aussi au pays des Burgers, je compatis tres sincerement... ce qui ne m'empeche pas de rire a gorge deployee, cela va de soi!
donc, bon a savoir, la Barnes Foundation ne s'adresse pas aux moins d'1m90, tres dommage pour moi, qui atteint peniblement le metre 60, et encore, dans les bons jours.
J'attends avec impatience le reste du voyage!!
Apolline
L.M. : ah ah, je vois que le doute s'immisce...
Renoir : oh la vache, je viens d'aller voir le site, c'est violent pour les oeilles non avertis.
Apolline : contente que les visites vous plaisent... pour la Barnes, avec 1m60 vous verrez les rangs du bas et rassurez-vous, tous pleins de Renoir, ouf.
ah mais ça doit être pour ça que j'aime autant Renoir alors. moua ôssi j'y vois que pouic sans mes lunettes triple épaisseur sur les côtés.
d'ailleurs c'est rigolo, à la maison on a une repro d'un Matisse-qui-n'en-a-pas-l'air, je veux dire déjà c'est un paysage et en plus je crois que c'est un truc qu'il a peint quand il était jeune. bref : c'est un coin du jardin du Luxembourg.
et ce qui est drôle (oui tu vois j'y viens, münute quoi) c'est que quand je le regarde, je vois : des arbres violets, des buissons parme, un chemin sablonneux raté. mais quand j'enlève mes lunettes... je vois exactement la lumière qu'il a voulu rendre, fin de journée, qui joue sur des arbres en début d'automne dont le pourpre commence à s'étioler, le chemin accroche ici et là quelques rayons mais reste somme toute à l'ombre, et les buissons se cachent dans les coins en rendant leur vert sombre rouge par contraste.
c'est-ty pas mêrveilleux hmmm ?
les grands peintres de la lumière devaient être myopes je pense.
Dodinette, je suis contente que tu partages ma position révolutionnaire. Et David Hamilton, tu le préfères avec ou sans lunettes ?
Je suis pas sure,sure, vu que je suis un poil fatiguée, mais il m'a semblé comprendre que tu remttais en question le génie de David Hamilton et le talent sans égal de David Hasselhof... me trompe-je??
Et là, je me dois de réagir : David est un dieu de la péllicule... juste Daltonien : il voyait tout le monde en blond et rose pâle (Renoir lui préférait les brunes semble-t-il).
Et David, n'en parlons même pas, la bouclette qui frise, la fossette qui fausse et la cuisse musclée sous le maillot de bain....
Ahhhhhhhhhhhh.....
Bref : je raye donc la Barnes de ma "to visit before I die" list..." ^^
PS : au fait, tu fais la une chez moi aujourd'hui !!;o)
PPS : moi je dis ça sens quand même le New Yorki tout ça :
- faut bien se détendre après tous ces Renoirs, et franchement un hotel sur Times Square en février, c'est forcément payé d'avance... :o))
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