vendredi, février 13

An apple a day


Toute préoccupée que j'étais par fiston malade, mais aussi par la perspective d'un Justin Newyorkant sans gants ni manteau, et donc finissant par me chourer la polaire que j'avais emportée, je me suis finalement laissé convaincre par une grand-mère passée 5ème dan en matage de virus et un Justin décidé à arpenter du musée.
Et puis ce n'était pas comme si on partait à l'autre bout du pays, ou que l'occasion risquait de se représenter de sitôt.
Et des voisins étaient prêts à accompagner chez le pédiatre en cas de besoin.
Et ce n'était que pour 2 jours.
Et il fallait bien que je fête le retour de mon boîtier de chez Nikon, juste à temps.
Et pas du tout, je ne cherche pas à me justifier.

New York, nous voilà.

D'habitude nos nuits à New York c'est plutôt auberge de jeunesse avec lits superposés et radiateur glougloutant toute la nuit, pieux squatté chez les parents d'un ami ou chambre d'hôtel microscopique ouvrant sur un mur. Mais là, attention les mirettes, on se l'est joué aventuriers des temps modernes, parieurs sur internet. Le principe et simple : vous choisissez un quartier, un nombre d'étoiles et vous indiquez la somme que vous consentez à payer pour la nuit. Après, c'est le site qui vous dit si votre enchère a été acceptée, et si oui, par quel hôtel. Suspens suspens.

C'est comme ça qu'on a choisi Times Square, autant assumer sa touriste attitude jusqu'au bout, et qu'on s'est vu attribuer une piaule au Hilton, excusez du peu.
Bon, je ne vais pas cracher dans la soupe, ça vous changera, mais quand même : pas de bouteille d'eau, deux pauvres sachets de sucre pour le café, 1 unique kleenex remis en boule dans sa boîte et même pas de gel douche, j'ai dû me laver au shampoing, c'est moyen niveau confort international standardisé 4 étoiles à tous les étages, ça.

Comme j'avais une soif de chameau en rupture de jeûne, je suis allée dans la salle de bain pour remplir le verre à dent. Tellement chlorée que même l'eau à l'intérieur de la javel n'avait pas pu survivre, infect, pouarc, vite mon crachoir.
Donc, parce que c'est le Hilton et que la maison ne recule devant aucun sacrifice, j'ai ouvert le minibar.
A quoi reconnaît-on la ploucasse de service ?
Au geste qu'elle fait pour attraper un mini-micro tube de N et N's pour voir à quoi ça ressemble, "Oh ben à $4 ça doit faire dans les 50 cents le confetti au mauvais chocolat que y'a même pas de vrai beurre de cacao dedans".
La ploucasse, non seulement attrape le tube de N et N's, ce qui déclenche un ressort pour pousser vers l'avant le tube suivant, mais elle ouvre des yeux ronds quand le cadran plein de numéros sur le haut du petit frigo se met à afficher "$4" en clignotant et en bipant. La ploucasse réalise alors que c'est comme ça qu'ils comptabilisent ses consos. Trop tard ! La ploucasse, radine, se dit "Ah ben non alors, les bâtards, manquerait plus que ça", et elle reglisse le tube dans la tirette, ce qui immanquablement redéclenche le ressort. Le frigo rebip, reclignote et refacture $4. N'est pas ploucasse qui veut.

Ensuite on a visité Times Square. Il faisait froid, y'avait des vendeurs de places de spectacle partout, tenant des extraits de critiques de journaux qui disaient, quelle que soit la pièce, que c'était le spectacle le plus "Waouh de l'année", le plus "Incroyable du siècle" ou le plus "Drôle jamais joué à Broadway". Plein de vendeurs de bonnets aussi et, prise dans l'ambiance, j'ai même failli m'en acheter un, avec les tresses sur les côtés que si t'as une moustache on te prend pour Depardieu jouant Obelix.

A Times Square c'est plein de lumières et c'est un peu Lost in translation, mais en anglais et sans décalage horaire. C'est rigolo, ça clignote, ça fait de la musique, c'est rouge, bleu, doré. C'est rigolo, ça ne s'arrête jamais, ça fait plein de bruit, on a mal à la tête, ça sent la frite et y'a pas moyen de manger ailleurs que dans une chaîne de restos. C'est rigolo, y'a pas une place de parking à douze blocs à la ronde, et quand je dis pas une, c'est pas une. C'est rigolo parce que pour économiser les $54 que facturait l'hôtel pour se charger de notre voiture, on a fini par échouer dans un parking privé à un quart d'heure de marche et payé $40.

A Times Square, il y a un énorme "Les jouets c'est nous", et tous les parents de jeunes enfants nous avaient dit "Allez-y, vous allez trouver un super cadeau pour votre fiston". En avant, marche.
Fiston peut toujours se rhabiller pour le cadal, mais son père, par contre, a flashé sur la démonstration d'un tout petit hélicoptère, tout léger, "Même si il tombe, il peut pas se casser, regarde, les hélices sont molles, c'est génial… Mais non, ça ne serait pas raisonnable… hein, ça ne serait pas raisonnable ? Et si on colle Chesapeake au régime pendant trois mois, ça le fait, non ?"
Donc, depuis, Justin se prend pour le héros de Supercopter et je nourris le chat en cachette.

Et puis il y a eu une demi-journée au MOMA aussi.
Visiter le MOMA 24 heures après la Barnes, c'est comme jeter sa fournée de macarons ratés et déguster des Ladurée à la place en se disant que dans la vie y'a des trucs pas croyables tellement ils sont parfaits.

Et puis à New York il y a le hasard, un ami de Paris envoyé par son boulot et croisé le temps d'un dîner.

Et puis il y a des découvertes, des chocs, des "Mais qu'est-ce qu'ils m'ont foutu chez Nikon, je suis paumée dans mon menu, j'y retrouve plus rien… Mais, attends, non, j'y crois pas !".
Et il y a des Justin qui "Allons bon, qu'est-ce qui ne va pas encore avec ton Nikon, t'as des taches ?"


Ce
n'est
pas
mon
boîtier.

8 commentaires:

Ellemme a dit…

Hem, je pense que mon mari a le même genre d'hélicoptère à pales molles qui ne se casse pas, cette merveille de technologie.. Tu parles de ton chat qui en conséquence se retrouve au régime, mais tu ne sais peut-être pas encore que ce genre d'appareil est le genre d'objet qui terrorise la plupart des chats, et des bébés. Dommage pour Chesapeake.
J'espère que tu n'as pas trop pensé au fait qu'avec 8 $ de N & N's, tu aurais pu te payer à peu près le même poids de macarons Ladurée, parce que c'est le genre de choses qui fout un peu le blues...

Marie a dit…

Ah ah, mais tu ne crois quand même pas que le ploucasse, qui est aussi radine je te rapelle, s'est laissée plumer sans rien dire ? Hum, en fait c'est Justin que j'ai envoyé au charbon, en l'autorisant à noircir le tableau de sa femme neuneu, et on n'a rien payé.
Mais ça n'empêche que j'adorerais un petit Ladurée noisette, ou citron, chocolat, framboise, ou n'importe lequel avec mon café, là maintenant.

Marie a dit…

oui Denis, raPPelle, j'ai les doigts qui ont fourché.

Dodinette a dit…

ahaha
je me disais aussi que cette histoire de nikon-ni-idiot qui finit aussi vite avait quelque chose de louche.
^_^

Yibus a dit…

Ah, je ris, je ris mais le boîtier, c'est vraiment une histoire de fous.
J'adooooooore le Moma, c'est un des musées les plus "tout ce que tu veux" qui existe.
Le H., j'ai pas aimé quand j'y étais allé (en Allemagne, je crois), rien et rien de rien... Que un "bienvenue" sur l'écran télé.

ariana lamento a dit…

moi je dis, tu devrais voyager plus souvent.

Unknown a dit…

Très bien Marie
et bises à J.
J.Ba.

Marie a dit…

Dodinette et Yibus: le cas de Rick s'aggrave de jour en jour. Si ça continue je vais encore être obligée de raconter sa vie.
Ariana: et moi je dis que je suis bien d'accord avec toi.
Martine/J.Ba: merci, et la bise au pirate est faite.