samedi, mars 8

Au voleur !

J’étais en train de vous concocter un petit texte sur un sujet qui me trottait dans la tête depuis un bon moment. Je prenais mon temps, je peaufinais parce que je voulais que ce soit drôle, pas trop cliché mais quand même chouette à lire enfin, vous voyez quoi. Et puis ce n’est pas comme si je n’avais rien d’autre à faire non plus – ça c’est pour ceux qui seraient tentés de me dire « mais alors, ton blog se meurt, qu’est-ce que tu fais de tes journées ? » Je passe, entre autre, un temps infini à relever un fiston qui se laisse tomber sur son derrière rembourré et tient pour acquis le fait que je vais le relever et le remettre en bonne position pour gesticuler un peu avant de se laisser retomber. En ce moment je fais tire-fesse.

Mais ça n’empêche pas de cogiter. Alors j’ai profité de mes séances de natation pour chercher des idées et prendre des notes mentales – trois longueurs à me répéter la même phrase comme si c’était un joyau de la langue française, puis deux longueurs à tenter de m’en souvenir, suivies par au moins quatre longueurs à constater le déclin de ma mémoire, à repenser à un reportage sur les coraux au cours duquel on voyait des plongeurs qui dessinaient sur des tablettes amphibies et à me dire que j’ai trouvé la solution et qu’il ne me reste plus qu’à nager avec une de ces tablettes pour sauvegarder mes traits de génie, pour ensuite constater avec dépit que j’en suis arrivée par je ne sais quel chemin mental, à me dire que fatalement, gênée par la tablette, je finirais par nager aussi vite que ma voisine de ligne qui est assez lente et fait de grands mouvements de bras qui donnent l’impression qu’elle est sur le point de se noyer alors qu’en fait elle nage, et que nager à sa vitesse ça ne rentabilise pas trop l’effort de s’être mise en maillot et tout le toutim, d’autant que le maître-nageur finirait par me faire dégager de ma ligne qui a un panneau qui dit « fast », donc j’accélère pour ne pas me faire virer, même si la piscine est aux trois-quarts vide, et pour finir je me demande comment j’en suis venue à m’intéresser au règlement intérieur de la piscine et au fait que les surveillants ont tous l’air d’avoir largement dépassé l’âge de la retraite et qu’en cas de noyade j’ai des doutes sur les taux de sauvetage.

Mes phrases, si joliment construites, à l’équilibre parfait et à l’humour croustillant sous la dent sont tombées au fond de la piscine, où elles tiennent dorénavant compagnie au petit pull marine d’Isabelle Adjani, maigre consolation s’il en est.

J’allais mettre les bouchées doubles pour boucler ce post quand, paf, Justin m’appelle dans le bureau et me montre un article du Monde à l’écran.
Comment est-ce que c’est possible qu’un journal français fasse un article sur le même sujet que moi, pile poil, alors qu’il ne s’approche ni de près, ni de loin, à quoi que ce soit qui puisse ressembler à de l’actualité ? Hein, je vous le demande : la « mère hélicoptère », c’était mon idée, pourquoi me la piquer ?

Je suis restée la bouche ouverte de stupéfaction, à me demander qui avait bien pu me balancer.

Et puis tout de suite après je me suis demandée si y’avait moyen d’attaquer pour plagiat, mais là je crois que ça va être duraille, surtout que je n’ai pas encore fini d’écrire.

Alors, qui m’a vendue au Monde ? Qui est en mal d’inspiration au point d’installer des mouchards dans les ordis d’honnêtes bloggeurs, si ce n’est pas malheureux de voir ça ?

Du coup, pour mon texte, il va falloir attendre parce que le sujet étant devenu chaud-bouillant, j’ai peur de déclencher un phénomène, un truc incontrôlable où je me retrouverais bombardée spécialiste et où je serais obligée de fournir des explications, des analyses et des conclusions, voire des conseils.

Donc, je tourne le dos à cet avenir de gloire, de respectabilité scientifique et de petits-fours au pâté et je retourne à mon obscur labeur de tire-fesse.


8 commentaires:

Yibus a dit…

Bienvenue à ce billet du mois de mars... (hi, hi)
- si c'est pour augmenter l'attente chez tes lecteurs, et ce faisant le nombre de clics quotidiens, c'est gagné ta tactique. Merci bien, Justin...
- En même temps, si c'est pour pondre des textes comme celui-ci, prends tout ton temps... Il est génial (la séance natation, le tire-fesses)... D'un drôle...
- juste un truc : "je passe, en autre ou en outre"...
- En tant qu'abonné au Monde interactif, je m'insurge... C'est quoi la mère hélicoptère ? Pas vu d'article là-dessus... La femme du père-Lachaise ? La mère du fils-... (lourd...) et de la fille-aux-allumettes ??? :-)
- C'est généralement un tic de journaliste de dire "ah, bah, si le Monde en a parlé, moi je n'écris pas là-dessus". Par exemple, j'ai décidé d'arrêter d'écrire sur les écureuils depuis que je t'ai lu...
- (Entre nous, le Monde décline, non ? Pour l'expat, vive Backchich et Rue 89 et Libé, le Figaro... et bon, d'accord... et le Monde)
- tu peux le faire quand même ce billet sur la mère-hélicoptère ? Pas de délai... Merci de ta bonté...

Marie a dit…

L'article s'intitule "Universités arc-en-ciel au Texas", et a été publié le 5 mars 2008 par Christine Rollot.
Depuis que je sais que je t'empêche d'écrire sur tes écureuils je culpabilise : on peut faire un match, mon Raymond contre un des tiens...
Mais j'entre en résistance contre Le Monde et vous aurez droit à la mère hélicoptère à ma sauce quand même, j'ai même pas peur.

Yibus a dit…

allez, chiche... Pour le match, on pourrait raconter la journée d'un écureuil avec mots obligatoires (genre "passoire", "aéronavale", "revers de col")...
Attends, tu es une mère hélicoptère avec ton fiston de 10 mois... Ou tu en connais ?? Hum, hum, ça devient intéressant

Flo a dit…

La 1ere fois que j'ai entendu parler des "parents helicopteres" c'etait dans l'article de Barbara Kantrowitz "The Fine Art of Letting Go" paru dans un numero de Newsweek de mai 2006. Je faisais alors des recherches pour une presentation sur les differences entre l'education des enfants a la francaise et a l'americaine. C'est un terme et un concept sur lequel on trouve beaucoup d'articles, alors j'attends ton post sur le sujet avec beaucoup d'impatience.

Anonyme a dit…

N'empêche que sur googlen, à "mère hélipcotère" on ne voit que ton billet ou presque. La gloire n'est pas encore perdue !

Anonyme a dit…
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
Yibus a dit…

Marie, où es-tu ? on se languit de tes textes à DC (et ailleurs...) J'espère que tout va bien, en tour cas

Flo a dit…

Oui, oui, Marie, reviens!