vendredi, juillet 31

Bons baisers de Moscou


Comment ça, c'est même pas encore août et c'est déjà la rentrée, pfft, envolées les vacances ?
Et puis, quelles vacances, d'abord ?

Oui, j'ai joué ma provinciale en poussettant dans la grande ville, à Boston, en léchant les vitrines et en renonçant à entrer dans des boutiques perchées à deux marches de hauteur et munies de portes plus étroites que mon châssis pourtant européen.
Oui, j'ai mangé plein de chocolatines d'une boulangerie française au petit-déj, à l'abri d'un mignon jardin de ville.
Oui, j'ai initié fiston au gavage de canard en l'entraînant au lancer de pain dur sur étang… avant de tomber sur de grosses pancartes m'expliquant que si les coin-coin crèvent tous cet hiver ce sera ma très grande faute, j'ai un peu les boules.
Oui, Tony, j'ai redécouvert le clafoutis aux cerises grâce à toi, ta merveille étant bien au-dessus du truc chtouffe que ma grand-mère osait appeler clafoutis.
Oui, j'ai vu la mer, j'y ai même mis les pieds.
Oui, ça va, j'ai compris où vous voulez en venir.

Oui, je suis partie en vacances.

Mais il faut me comprendre, pauvre chose légèrement fatiguée.
Bien avant le départ, j'anticipais les grasses mat' d'un fiston overdosé en iode, je souriais en l'imaginant rêvasser des heures sur la plage, me laissant comater pépère.
J'étirais mes orteils à cette idée et je m'y croyais déjà, en vacances.

Ce que je voulais, c'était du re-pos.

Et ben, rââ-té.

Le fiston n'aime pas qu'on le bouscule.
Et quand il veut vous rafraîchir la mémoire, le fiston sait être very pénible:
- refuser de manger,
- ne penser qu'à regarder son DVD d'Elmo,
- ne plus faire de sieste,
- se réveiller inconsolable en pleine nuit et ne se rendormir qu'après moultes menaces, calé entre ses deux parents hagards,
- se réveiller autour de six heures du mat' parce que ce serait bien le genre de ce bouffon d'Elmo de lui en avoir donné l'idée.

- Et nous, se dire que dans trois mois, tout ça nous fera doucement ricaner, en nous croisant au-dessus du chauffe-biberon, vers les 1h48.

Mais le bilan n'est quand même pas si sombre, sur la fin du séjour fiston s'est transformé en expert de l'authentique bisou, le français, celui qui claque sur la joue. Depuis, il régale.
Il sait comment retourner une situation celui-là.

vendredi, juillet 24

Et même pas de cidre


Je sais, ça fait bien longtemps qu’on ne s’est vus, certains me pensaient dévorée par mes cochons d’Inde et d’autres s’imaginaient que je n’avais plus rien à dire, mais la vérité est ailleurs et ce n’est pas joli à voir.

Je me traîne, mes journées sont faites de choix plus cornéliens les uns que les autres, genre « Tiens, est-ce que je mange pour éviter de tomber dans les pommes ou est-ce que je garde de la place pour continuer à respirer ? », et la taille de mon ventre fait flipper l’échographe qui, du coup, me surveille tous les mois et me prédit un bébé tellement au-delà des courbes qu’il plane dans la stratosphère des statistiques… ce qui ne m’angoisse absolument pas concernant l’accouchement, mais alors pas du tout, vous imaginez.

Mais c’est les vacances, alors j’oublie tout et quoi de mieux que de traîner ses pieds gonflés et son dos à moitié bloqué pour de longues marches oxygénantes sur un sable trop mou pour le soutien de la voute plantaire, avec en prime le souci d’éviter la noyade à un fiston qui se prendrait bien pour un phoque à en juger par ses tentatives de roulé-boulé près des rouleaux tentateurs.
En règle générale, je n’aime pas la plage en été, alors vous noterez l’effort démesuré, tout ça pour que fiston puisse manger du sable et collectionner des plumes de mouettes mortes.

Je ne sais pas comment vous faites, vous, mais moi je ne possède pas le gène du phoque, et je n’aime pas les rouleaux. Je n’arrive jamais à dépasser cette fichue barre derrière laquelle l’eau est toujours calme. Je suis celle qui fait comme si elle allait venir et qui en fait, ben non, reste à barboter dans l’écume et vous regarde partir nager sans pouvoir vous rejoindre. Et, à moins d’aimer se retrouver avec l’équivalent de son poids en sable dans la culotte, le roulage dans l’écume ça va bien deux minutes et puis après, que reste-t il ? L’incontournable chorégraphie dite du grille-pain, un quart d’heure côté pile, un quart d’heure côté face, le tout en tenant son magazine sans se faire de l’ombre, et en gérant au mieux la répartition d’ensoleillement aux centimètres carrés, avec déplacement des bretelles et autres coutures fessières à intervalles réguliers. Autant dire qu’avec ma peau de rousse et ma tendance à l’allergie solaire, le grille-pain et moi c’est sous parasol avec un indice de protection à 3 chiffres.

Comme on avait trop chaud à Washington, on s’est dit qu’il fallait migrer vers le nord pour trouver un coin de plage sympa et supportable. Nous voilà donc dans le Massachusetts, dans le brouillard et la bruine un jour sur deux, avec des températures autour de 20°C.
Avant d’y choisir sa plage, il faut réfléchir, longtemps. Parce qu’entre celles qui nécessitent un abonnement pour la saison, celles desservies par des parkings à 20$ la journée et celles où ne peuvent se garer que les contribuables de la commune, le choix est stratégique. Nous, on est allé au plus simple et on s’est abonnés à celle qui est la plus proche de la maison qu’on a louée. Et ben on ne l’aime pas. Tant pis qu’on s’est dit, on va rouler un peu plus loin, c’est pas grave, on a payé l’abonnement. Ben non, parce que celle qui nous faisait envie n’est pas gérée par la commune, mais par les Parcs nationaux, donc ce n’est pas le même système, il faut repayer. Quand on sait qu’il faudra repartir au bout d’1h30 max pour tenter d’alimenter un fiston qui passerait volontiers ses journées un bib aux lèvres et n’arrive pas à piger l’intérêt de mâcher des trucs, on se dit que ça fait chérot de la minute.

Mais c’est les vacances et c’est bientôt terminé, alors je me la boucle et comme ils disent ici : Enjoy !