Je ferais pas ça tous les jours

Maintenant que j’habite une maison, avec plus de pièces que d’habitants, chat inclus, je me rends compte d’une chose : le temps passé à nettoyer, dépoussiérer et récurer est plus que proportionnel à la surface.
Et comme, en plus, cette maison a l’avantage d’être entourée d’arbres et de jolies fleufleurs et que c’est le printemps, je me marre. Qui a déclaré qu’après Paris ce ne serait pas possible d’avoir plus de poussière sur les meubles, les cadres, les moulures, les rebords de fenêtres, les pieds des chaises et les coins de portes ?
Moi, à la gentille propriétaire qui tentait de modérer mes espoirs de flemme ménagère. Croyez bien que je regrette mon optimisme, avec moult éternuements, merci au pollen qui vole et s’incruste partout, de préférence sur toutes les surfaces sus-mentionnées.
Si j’étais maniaque, je pourrais entrer en guerre, chiffon à la main, et passer deux heures tous les jours à chasser les moutons qui gagnent peu à peu du terrain, mais je suis fatiguée d’avance. D’ailleurs, juste un tuyau en passant : les meubles bruns foncés c’est joli, oui, mais ça ne pardonne pas, croyez moi, un rayon de soleil et c’est la honte absolue si vous avez des invités. Après vous êtes obligés de leur couper la langue pour qu’ils ne puissent jamais répéter ce qu’ils ont vu, vous imaginez la boucherie.
Donc, je me contente de peu, un petit coup de chiffon en passant, par ci par là, et tant pis pour mes rêves de maison immaculée. Fiston n’est pas regardant et il mange par terre, c’est bien la preuve que ça ne doit pas être si terrible.
J’en étais donc au stade de la résignation quand, en me promenant sur mon forum préféré, j’ai découvert une pratique apparemment assez répandue par chez moi parmi les mères au foyer.
Je vous préviens, c’est un truc incroyable, je n’y aurais jamais pensé, c’est génial et pathétique à la fois.
La mère au foyer, épuisée après avoir fait les courses, fait à manger pour tout le monde, lavé le linge, traîné ses enfants au parc, à la danse, à deux anniversaires, téléphoné au plombier et promené le chien, n’a franchement pas envie de se taper en plus le nettoyage de sa maison, et on la comprend.
Mais comme ce n’est pas Monsieur qui va s’y coller en rentrant du travail, et qu’il s’attend à ce que son foyer soit dépoussiéré, aspiré et lavé à grande eau régulièrement, il faut bien que quelqu’un se dévoue. Monsieur pense que c’est à Madame, puisqu’elle est « au foyer », c’est son job quoi. Je ne dirai pas ce que je pense de ce reclassement d’une femme ayant souvent fait des études supérieures, en femme de ménage bénévole. Non, n’insistez pas, je ne dirai pas ce que j’en pense.
Madame, épuisée on vous a dit, et souvent un peu énervée aussi, a eu tout à coup une idée brillante : faire appel - en douce - à une femme de ménage qu’elle paye en liquide, sur l’enveloppe de la semaine et sans en parler à personne, surtout pas à Monsieur qui s’étonne en silence de ce que son antre n’a jamais été aussi impec.
Monsieur est ravi, il se dit que sa femme est décidemment la meilleure et pour fêter ça, il l’invite au resto. Et Madame peut en rajouter sur le mal de dos, pas une minute à soi, morte de fatigue, et se faire payer des trucs au centre commercial le plus proche parce que Monsieur, même s'il pense que c’est le job de Madame et que c’est normal, il se sent quand même un peu coupable parce que, lui, il détesterait devoir faire tout ça.
Qui a dit génialement tordu ?

Un de ces jours je vous parlerai de la solution de certaines pour ne pas mourir d’ennui quand elles accompagnent les enfants au parc.