La loi de Murphy, ou loi de l’emmer… maximum expliquée aux nuls.
Commençons par le commencement. Hier matin. De bonne heure, après une nuit sans interruption, donc en grande forme, me voilà partie avec fiston vers le centre ville. Comme je suis overbookée, j’avais deux trucs à caser avant l’heure de la sieste : faire faire un double de clé, et porter ma montre chez le bijoutier pour qu’il y mette une pile neuve vu que ça fait au moins trois mois que je me fie à la position du soleil pour savoir où j’en suis dans ma journée.
En cinq minutes, paf, réglé, je ressors du magasin de bricolage avec mon double de clé. Je suis toute guillerette parce que cette clé c’est pour donner à la nounou que j’ai enfin fini par trouver et qui s’occupe de fiston deux après-midi depuis la semaine dernière. A moi les promenades sans me soucier d’emporter la poussette, le goûter, des mouchoirs, un peu d’eau, quelques jouets c’est mieux, un gilet au cas où et une couche de rechange parce qu’on ne sait jamais.
Il était neuf heures et on m’a assuré que les boutiques du petit centre commercial seraient ouvertes et que comme, par le plus grand des hasards, c’est là que m’attendait ma pile toute neuve, en avant toute.
En attendant de traverser, je remarque une mère de famille avec poussette, en tenue de sport genre c’est l’été et je vais mourir de chaud alors que fiston est en combi de ski, moufles et bonnet, et que j’ai même sorti mon béret (mais que oui, quand je mets mon béret, je me promène toujours avec mon clacos et ma baguette sous le bras, pourquoi, il faut pas ?) Il fait 0,5°C.
Je traverse en regardant la sportive réchauffée pousser sa cargaison vers le mall et je me demande comment on peut être aussi pressée d’aller acheter un truc de si bon matin. Ce petit mall est à la pointe de la déprime. La moitié des boutiques ont fermé depuis des lustres et personne n’est assez fou pour s’attendre à une reprise, et l’autre moitié ne croule pas sous la clientèle, ce qui se comprend vu la qualité des produits. Mais on peut y trouver des piles de montre alors ne crachons pas sur le beau carrelage seventies.
Je m’engouffre derrière la sportive et je remarque que l’éclairage est au minimum et qu'absolument tout est fermé. Mais je croise plusieurs femmes et j’entends des cris, c’est très bizarre. Je mets quelques secondes à réaliser que l’étage où je suis sert de piste d’entraînement à une armée de mères à poussettes qui courent en rond tout autour du puit central, encouragées par le sosie de Barbie qui hurle des « Great job girls, yahou ! » en poussant Skipper dans une poussette sport rose.
J’ai quand même fait le tour de l’étage pour m’assurer que la bijouterie était bien fermée, en manteau, béret et limite mes après-ski, doublée par ces joggeuses en shorts aux enfants ballottés mais stoïques car endormis ou la bouche pleine, et répondant aux cris enthousiastes de leur meneuse par des « yeah, youhou » suraigus.
Fiston me jetait des regards en coin en rigolant : pour lui dès qu’il y a du monde et du bruit, c’est le meilleur moment de sa vie. Moi je le cachais bien mais à l’intérieur j’étais pliée de rire, yahou.
C’est à partir de ce moment que les choses ont commencé à se gâter et je ne sais pas si je dois y voir un rapport, une malédiction des Dieux du stade courroucés par mon hilarité ?
Arrivée à la maison, je me rends compte que le double de la clé ne fonctionne pas, rien à faire. Réjouissons-nous, je n’ai pas cassé la serrure en forçant comme une brutasse.
Après le déjeuner de fiston, je me rue donc à nouveau au magasin de bricolage, en espérant avoir ma clé avant l’arrivée de la nounou. C’est que ce serait dommage de rester bloquée à la maison, ce n’est pas trop le but de la manœuvre. Le gars observe sa copie, en refait une autre en me disant qu’à son avis ça ne changera pas grand-chose. Ne me demandez pas pourquoi une clé toute simple et qui fonctionne impeccablement ne peut pas être dupliquée, il doit y avoir une raison que la raison ignore.
J’enchaîne, direction la bijouterie. La vendeuse change la pile, referme la montre en oubliant une pièce, rouvre, a du mal à refermer, s’énerve un peu et finit par me tendre ce qui s’avère être une montre cassée. Je reste calme – il va falloir que je pique un sprint pour arriver avant la nounou – et je lui explique qu’elle a pété ma montre, qu’il va donc falloir qu’elle la répare. Elle fait l’étonnée « Ah bon, elle est cassée ? », mais accepte de la montrer au bijoutier quand il reviendra, c’est trop gentil.
La nounou arrive, je lui explique que ce n’est pas que je n’ai pas confiance mais il va falloir attendre pour la clé, et pour me rattraper, je lui tends le contrat qu’on a fini par remplir. Oh ben c’était pas la peine parce qu’elle a trouvé quelque chose à temps complet et donc, elle fait ses deux aprèm cette semaine et basta. La semaine prochaine je suis seule avec fiston pour 8 jours, avec 0 nounou donc.
Je me couche déprimée, l’impression que tout part de travers et Justin me rappelle que ça peut toujours être pire, toujours, loi de Murphy oblige.
La confirmation ne s'est pas faite attendre. Le lendemain matin, courses avec fiston au Safeway du coin. Au moment de sortir du parking, plein de gens qui marchent partout sans regarder, moi qui fais attention à ne tuer personne et bam, le poteau. Aile éraflée, portière idem, ratio heures de conduite/accidents qui en reprend un petit coup pour la route et moral en chute libre. Et signe qui ne trompe pas, indice absolu de la poisse intégrale : mon pain d’épices est resté collé au moule.
Alors je prends tout : prêtre vaudou pour désenvoûtement, exorciste ou chaman cherokee, il me faut quelqu’un de toute urgence, même d’occase.