Il est de ces questions obsédantes, brutales, torturantes, et qui restent pourtant sans réponse.
Pourquoi l’évolution est si bornée et préfère entretenir mes poils de jambes au lieu de me faire pousser un troisième bras ?
Pourquoi le type payé pour entretenir les allées, ronds points et terre-pleins aux feux rouges du coin se donne-t-il la peine de disposer des pots en fausse terre cuite et à y planter des fleurs guillerettes, si c’est pour laisser les grosses étiquettes des codes barres bien apparentes sur les pots ?
Pourquoi se mettre en tongs en décembre et garder ses bottes fourrées pour juin ?
Pourquoi je trouve que les autres se prennent des coups de vieux, alors que moi, incroyable, je ne bouge pas ? Presque pas une ride, à part sept huit de rien du tout, à peine. En fait, je suis la seule à ne pas vieillir, je comprends les djeunes, ils me comprennent, je suis trop cool. Non ? Mais je le saurais si je commençais à faire celle qui se croit encore jeune, hein ?
Pour l’évolution qui me refuse un gain de temps et un confort accru dans les gestes du quotidien, j’imagine que c’est pour m’emmerdasser et qu’à peine j’aurais tourné le dos, les poils des femmes vont tomber, les bras vont leur pousser et les oreilles des hommes tomber, ça ne fera pas grande différence pour l’espèce mais ça fera toujours ça de moins à nettoyer.
Pour les tongs et les codes barres, c’est regrettable, mais que dire alors des stores en plastiques à toutes les fenêtres, des chemisiers écossais à jabot volanté, d’une voiture dont la couleur s’appelle Citrus Fire Metallic, ou encore de la manie de toujours écrire quelque chose sur le moindre pull ou tee-shirt ? C’est la mochitude comme dirait l’autre.
Pendant cette promenade nocturne, vous vous extasiez sur la réussite de ce jardin illuminé, « Oh, des elfes, là, un loup, un Père Noël, des arbres scintillants, un dragon, ooohhhh, c’est boooo ». Vous êtes toute à votre émotion, redevenue un peu l’enfant qui léchait les vitrines des Galeries Lafayette pendant les fêtes, et puis toute ces ampoules, c’est une cure de luminothérapie un peu, alors le Richard Bohringer qui est en vous exulte, vous vous oubliez et là, devant un dauphin clignotant, vous vous mettez à imiter son cri en piaillant " Donnez-moi du Galak, donnez-moi du Galak ".
Votre imitation était ratée, c’est un bide. Vous êtes sur le point de vous justifier, d’habitude vous êtes bien meilleure, hein Justin, j’suis drôle d’habitude ? Mais, dis-lui.
Et c’est là que la réponse tombe, par l’intermédiaire d’un Justin bien déprimé d’être capable de la connaître.
« Mais elle ne sait pas de quoi tu parles, elle n’a jamais vu la pub, je parie qu’elle ne sait même pas ce que c’est, le Galak ».
Mes neurones, encore alertes malgré ce tacle du temps qui passe, ont vite calculé que si l'érudite stagiaire ne se souvient pas d’une pub passée entre 1976 et 1983 alors que moi si très bien, c’est que je dois forcément être un peu en avance sur elle, chronologiquement parlant. De largement plus de 15 ans. Aïe.
Alors la réponse est non.
Je ne savais même pas que je n’étais plus si jeune que ça.
Mais maintenant si.
5 commentaires:
Trop LOL ton billet ;-). Sérieusement, un dauphin dans des illuminations de Noël??? Pour moi le bestiaire se limitait aux animaux de la crèche et aux rennes du Père Noël.
Sinon, réaliser qu'on est plus si jeune que ça, ça m'est arrivé le jour où j'ai dit: Manu Chao, le chanteur de la Mano Negra et qu'une jeunette m'a demandé "La Mano quoi?". Pffttt...
bienvenu dans mon monde... /c:
Fabien
faut être bête pour pas connaitre le Galak.
Et toc.
Lol? Lol v. Stein??? Le ravissement???
Bof tu le sais maintenant, alors si on te demande "Quoi de neuf" ce qui est assez perfide, fais comme moi, réponds "Sophocle... Chandrakirti... Buxtehude... " et tu pourras encore te définir positivement au regard de l'autre... Cet autre si affreux dans l'idée que je me fais de son jugement!
Jean Ba.
J'adore ton blog! Je reviendrai lire tes histoires qui me font bien rire.
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